Mercredi 30 septembre 1857

De Une correspondance familiale

Lettre de Caroline Duméril (Montataire) à sa cousine Adèle Duméril (Paris)

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Montataire 30 Septembre 57.

Tu ne diras pas que je ne tiens pas ma parole, ma chère Adèle, mais j'ai remis à aujourd'hui à t'écrire afin que ma lettre vienne me remplacer demain Jeudi et à dîner tu pourras la mettre dans ta poche afin de te faire l'illusion que je suis à côté de toi ; toutefois ce sera une voisine moins bavarde que d'habitude et qui ne te volera pas ton pain, ainsi tu y auras tout avantage.

Je pense que tu auras eu des détails, par papa[1], sur notre arrivée et notre séjour ici ; tu sais que Léon[2], dans son amour pour la pêche, s'est pêché lui-même et si bien pour de vrai qu'il a fallu l'aide de M. Boursier pour enlever l'hameçon. Cette petite aventure nous a tous mis dans un état nerveux car tous les efforts qu'il faisait pour se décrocher lui-même ne servaient qu'à enfoncer de mieux en mieux et tour à tour les deux pointes de l'hameçon.

Dimanche, nous sommes allés aux courses de Chantilly ce qui m'a intéressée et amusée, quoiqu'il y eût moins de monde, dit-on, qu'aux courses de Mai, c'était un beau spectacle que cette pelouse éclairée par un beau soleil avec toute cette société de fashionables, ces beaux équipages et enfin ces magnifiques chevaux et leurs jockeys bariolés. Si Léon était là il te dirait que la défaite de ce pauvre Monarque a été un grand crève-coeur pour le jockey-club et que les Anglais triomphaient de remporter le premier prix de l'Empereur mais comme je suis bien sûre que cela ne t'intéresserait pas je me garderai de te le raconter.

Quant à toi, tu as eu la vive jouissance de dîner hier chez Mme Baleste[3] ; j'ai pensé à toi et me suis demandée avec qui et de quoi tu auras pu t'amuser ; je pense que Louis Bourgeois[4] aura été ta seule ressource, ressource un peu maigre. Dimanche auras-tu été chez Marie Baudement ? le soir y aura-t-il eu quelqu'un à dîner ? voilà des questions auxquelles papa pourra je pense me répondre. Je suppose que mon oncle l'ingénieur[5] va arriver s'il n'est peut-être déjà près de vous, nous sommes vraiment destinés à ne pas le voir. Nous avons appris aussi qu'Emile[6] est à Paris, si tu le revois, dis-lui que nous regrettons de le manquer ainsi de si près et fais-lui nos amitiés.

Je me suis acquittée de toutes tes commissions pour Adèle et Marie[7] qui parlent souvent de toi et me chargent de beaucoup de choses pour leur couvine Adèle.

Je vais avoir le plaisir de posséder mes amies[8] Samedi et Dimanche, malheureusement c'est justement la 1re communion et la messe sera bien longue surtout pour faire ensuite une grande promenade, enfin nous dînerons tard et tout s'arrangera, j'en suis bien sûre, grâce à ma cousine Fröhlich[9].

Adieu, ma chère Adèle, au plaisir de t'embrasser Lundi soir ou Mardi ; sois  je te prie l'interprète de mes sentiments de respect et d'affection auprès de tous ceux qui t'entourent sans oublier mon oncle l'ingénieur si vous le possédez et reçois pour toi-même, ma chère enfant, avec un bon baiser, l'expression de ma sincère amitié

Tout à toi ta cousine

Crol


Notes

  1. Louis Daniel Constant Duméril.
  2. Léon Duméril, frère de Caroline.
  3. Amélie Louise Defrance, épouse d’Hippolyte Baleste.
  4. Cousin par la famille Duval.
  5. Charles Auguste Duméril.
  6. Emile Pochet.
  7. Adèle et Marie Fröhlich.
  8. Eugénie et Aglaé Desnoyers.
  9. Eléonore Vasseur, épouse d’André Fröhlich, mère d’Adèle et Marie.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mercredi 30 septembre 1857. Lettre de Caroline Duméril (Montataire) à sa cousine Adèle Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_30_septembre_1857&oldid=58619 (accédée le 22 décembre 2024).

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