Mercredi 30 août 1820

De Une correspondance familiale

Lettre d’Alphonsine Delaroche (Sceaux) à son mari André Marie Constant Duméril (Paris)

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Mercredi 30 Août 1820

Je voulais t’écrire hier mon bon ami, mais ma matinée se trouva toute prise par la promenade et le dessin et l’après-dîner il arriva qu’il était trop tard ; bonne amie[1] m’a donné l’idée de t’écrire ce matin et de remettre la lettre à un cocher qui la mettrait à la petite poste en arrivant à Paris et qu’alors elle t’arriverait dans la journée au lieu de t’arriver demain qui est le jour où nous comptons avoir le plaisir de te voir arriver pour dîner, je t’avoue même que d’après un mot que tu m’as dit je me flatte beaucoup que tu resteras à coucher j’ai déjà dit un mot à Mme deFrance pour l’engager à venir passer la soirée avec nous ; Je serai bien joyeuse si tu peux rester avec nous jusques au lendemain. C’est aujourd’hui que tu as les Dames Say à dîner, j’espère que Louise[2] vous fera un petit dîner bien gentil, et qu’il y aura ce soir quelque bien joli spectacle où vous pourrez aller. Je te prie de faire nos amitiés à ces Dames ; Nous espérons qu’elles ont de bonnes nouvelles de Genève et du Havre.

Maman[3] avait beaucoup de regret de ne t’avoir pas demandé l’autre jour, en même temps que le stir-à-tor, de la pierre d’Italie[4] (dont elle a absolument besoin) pensant que cela te donnerait deux peines pour une ; Elle te prie de lui apporter demain s’il t’est possible deux crayons de pierre d’Italie de la meilleure qualité possible qu’il y ait, mais non pas des bouts ordinaires. Ce sont des morceaux qu’ils tiennent à part, chez Giroux, et qui sont deux ou trois fois longs comme ce qu’on vend aux premiers venus.

Il y a une autre emplette qui nous ferait très grand plaisir et qui nous est même nécessaire, c’est une lanterne, pour nos courses du soir dans la ville de Sceaux, si tu pouvais nous apporter cela demain, ce serait bien gentil. Nous voudrions aussi demain une de nos meilleures chaufferettes.

Dis je te prie à Louise de nous faire pour samedi, des gâteaux de milan ; si elle pouvait nous envoyer demain des gaufres de sa façon, cela nous ferait grand plaisir, et n’empêcherait pas les gâteaux de milan pour samedi. Adieu mon bien bon ami. Je t’ai écrit au sortir du lit, il faut maintenant que je me dépêche de faire ma toilette.

J’espère que tu es bien portant et bien dispos ; je t’embrasse tendrement et t’aime de même. Pense souvent à moi je t’en prie. J’ai quelque idée d’écrire aujourd’hui à Constant[5]. Auguste[6] est très heureux parce que nous avons la Bauchet[7] depuis avant-hier.


Notes

  1. Suzanne de Carondelet.
  2. Louise, domestique chez les Duméril.
  3. Marie Castanet, veuve de Daniel Delaroche.
  4. La pierre d’Italie ou pierre noire est fabriquée à partir d’ardoise ; elle donne un trait gris-noir assez dur, que l’on peut effacer avec du pain.
  5. Louis Daniel Constant Duméril, leur fils aîné.
  6. Auguste Duméril, leur second fils.
  7. Mme Bauchet, domestique chez les Delaroche.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Madame Duméril Delaroche à son mari, p. 13-15)

Annexe

A Monsieur

Monsieur C. Duméril, Professeur à l’Ecole deMédecine

rue du faubourg Poissonnière, n°3

à Paris.

Pour citer cette page

« Mercredi 30 août 1820. Lettre d’Alphonsine Delaroche (Sceaux) à son mari André Marie Constant Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_30_ao%C3%BBt_1820&oldid=35169 (accédée le 25 avril 2024).

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