Mercredi 2 et jeudi 3 avril 1873

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)

original de la lettre 1873-04-02B page1.jpg original de la lettre 1873-04-02B page2.jpg


Mercredi soir

Ma chère Marie

Il n'y a que quelques heures que j'ai terminé ma lettre[1] que tu liras demain matin ; mais j'ai un moment il est 7h soir, je viens de terminer une petite lettre à tante Zaepffel[2] & j'attend l'Oncle Léon[3] qui ne rentre que dans une ½h pour souper avec moi. Je n'ai pas fait beaucoup aujourd'hui. J'ai moi-même fait du feu dans le petit salon de mère[4], où je suis resté longtemps. J'y étais presque heureux, me figurant le passé & j'ai vécu ainsi près de 2 heures, lorsque Nanette[5] est venue me sortir de mon rêve, pour faire des comptes. Ce n'était pas long & je suis retourné à mon bureau à travailler un peu.

Ce soir après souper je compte faire les comptes de la fabrique pour être un peu plus libre demain.

J'étais aussi à expliquer au Jardinier[6] les changements que petite maman voulait faire faire. Que son esprit continue à vivre au milieu de nous, puisque Dieu n'a pas permis qu'elle y reste toute entière.

Ton lit est à sa place, celui d'Emilie[7] est encore où elle l'a quitté, mais je vais le faire replacer dans votre petite chambre.

Ce matin, quoique nous ayons déjeuné Léon & moi de bonne heure, le temps s'est passé en rangements & à la fabrique, ce qui fait que je me trouve un peu pressé à t'écrire. Léon est parti à 9h pourMorschwiller, je ne le reverrai que demain soir en y allant moi-même ; car je n'ai rien changé à mon 1er itinéraire.

Il pleut, le baromètre est très bas & très probablement que nous allons conserver ce temps quelques jours.

Je pense aller voir M. le Curé[8], cet après-midi, je n'irai pas à l'école. Mais si j'avais un moment j'aimerais aller faire visite à sœur Bonaventure qui est toujours souffrante. Cependant l'on me dit qu'elle est levée.

Je suis dérangé si souvent à mon bureau que j'aurais bien mieux fait de t'écrire dans le petit salon ; je tiens à t'adresser une lettre aujourd'hui ; mais comme vous aviez votre cours[9], je n'en attends pas de vous. Il y a eu un grand retard sur le chemin de l'Est, par suite d'un accident d'un convoi de Marchandises ; l'on dit qu'il n'y a que des wagons de brisés mais pas de blessés ; en attendant nous n'avons pas nos lettres & très probablement n'en aurons pas aujourd'hui.

Il me semble qu'il y a bien longtemps que je ne vous ai pas embrassées, aussi ne serai-je pas fâché lorsque je prendrai la route pour Paris ; seulement je n'aurai pas fait le 1/4 de ce que je pensais faire ici, ce qui est ennuyeux & me forcera de revenir plus tôt que je ne pensais. L'essentiel est fait cependant.

La neige des montagnes a été lavée par la pluie, les Eaux de la rivière sont fortes, comme vous les avez vues bien souvent. La serre est belle, mais sans beaucoup de fleurs. Mais que cela intéresse peu !

Tu voudras bien embrasser ta petite tante[10] & sans oublier l'oncle[11]. Quant à Emilie[12] je lui écrirai pour Demain.

tout à toi ton père qui t'aime bien

CharlesMertzdorff

Jeudi midi.


Notes

  1. Voir la lettre précédente.
  2. Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.
  3. Léon Duméril.
  4. Eugénie Desnoyers (†), épouse de Charles Mertzdorff (« petite maman »).
  5. Annette, domestique chez les Mertzdorff.
  6. Édouard Canus.
  7. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  8. François Xavier Hun, curé de Vieux-Thann.
  9. Le cours de Dames Boblet.
  10. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  11. Alphonse Milne-Edwards.
  12. Emilie Mertzdorff.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mercredi 2 et jeudi 3 avril 1873. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_2_et_jeudi_3_avril_1873&oldid=60310 (accédée le 18 décembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.