Mercredi 23 novembre 1814

De Une correspondance familiale


Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à son ami Pierre Bretonneau (Chenonceaux)


Paris, le 23 novembre 1814

Nous sommes étonnés, mon cher ami, de n’avoir pas de vos nouvelles, et nous pensions, Guersant et moi, que votre silence annonçait votre arrivée. Mais enfin, puisque vous ne venez pas, et que dans votre dernière vous paraissiez hésiter encore et disposé à retarder votre voyage, il faut que je vous presse et que je vous dise que nous voulons vous doctorifier malgré vous[1]. Vous saurez donc que vous devez paraître le 5 décembre devant MM. Sue, Bourdier et A. Leroy qui sont les meilleurs gens du monde, et qui savent moins de physique, d’hygiène et peut-être moins de médecine légale que vous. Hâtez-vous, le temps presse ; on craint de nouveaux changements dans toute l’instruction publique. C’est à qui s’enrégimentera. Les jours d’examen sont pris trois semaines d’avance ; il vous faudra toute la puissance de notre protection pour vous débarrasser dans le mois qui datera de votre arrivée. Je suis à peu près remis : je mange maintenant comme à mon ordinaire, et cela depuis cinq à six jours ; je dors parfaitement, je n’ai plus la moindre fièvre ; mais, comme je tousse encore un peu, je n’ai pas repris mes occupations, et je ne m’y remettrai que lorsque je serai tout à fait bien depuis quelque temps. Mes leçons à la Faculté m’auraient trop fatigué.

Je n’ai pas besoin de vous redire combien je vous ai d’obligations pour les soins amicaux que j’ai reçus de vous à Tours, ni de vous exprimer de nouveau les regrets que j’ai éprouvés de ne pas aller vous retrouver, vous et Madame[2], à Chenonceaux. Veuillez me rappeler à son souvenir amical et continuer de croire à mon entière et absolue amitié.

P.S. H. Cloquet veut aussi être docteur de 1814. Il travaille beaucoup à sa thèse ; s’il savait que je vous écris, il me chargerait de beaucoup d’amitiés ; tenez-vous le pour dit comme de sa part.


Notes

  1. En effet Bretonneau soutient sa thèse « De l'utilité de la compression… dans les inflammations idiopathiques de la peau » à la Faculté de médecine de Paris le 7 janvier 1815, conformément à la décision du Grand-Maître de l'Université le 5 décembre 1814.
  2. Marie Thérèse Adam.

Notice bibliographique

D’après Triaire, Paul, Bretonneau et ses correspondants, Paris, Félix Alcan, 1892, volume I, p. 225-226. Cet ouvrage est numérisé par la Bibliothèque inter-universitaire de médecine (Paris)

Pour citer cette page

« Mercredi 23 novembre 1814. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à son ami Pierre Bretonneau (Chenonceaux) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_23_novembre_1814&oldid=43179 (accédée le 19 avril 2024).

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