Mercredi 21 septembre 1791 (A)
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)
N°15
Rouen ce mercredi 21 7bre 1791
Maman,
Je vous ai écrit avant-hier une longue lettre à ce que je crois dans laquelle je vous mande et demande bien des choses mais je ne vous ai pas tout mandé et demandé ainsi, puisque l’occasion se présente, j’en profite. J’ai écrit hier à papa[1] un petit mot que lui porteront deux personnes très instruites que je lui adresse : l’un est un ex-bénédictin de Noyon[2], d’un nombre infini d’académies, bibliothécaire en chef de l’académie de Rouen, ami de M. Thillaye et lié avec moi ; l’autre, peintre[3], que je ne connais que pour m’être trouvé avec lui chez le procureur syndic du district. Ils sont envoyés par le Directoire pour ramasser tous les livres et tableaux du département, et comme ils vont à Aumale, et que le peintre n’a pas vu Amiens, ils profitent de l’occasion parce qu’ils sont défrayés. Je prie papa de leur faire voir la ville, s’il le peut ; ce sera, je crois, à ce qu’ils m’ont dit jeudi l’après dîner, et ils partiront le lendemain.
J’ai reçu les pelotes de M. l’abbé Joiron. J’ai été fâché que M. Legendre de Denain fût venu si tôt il m’aurait apporté quelques autres choses que je vous demande. Comme je sais que vous avez besoin du cendrier je vous le fais passer avec ma culotte de peau qui me met les fesses à l’étroit, me les écorche et dont les jarretières me viennent au dessus des genoux. J’ai vu hier Monsieur Descroux de Poix[4] qui revient de Vire où il s’ennuyait beaucoup ; il retourne à Amiens ; je ne l’ai vu qu’un instant. Envoyez-moi des bas de laine le froid arrive, des serpillières plus longues que celles que j’ai. J’achèterai ici des souliers doublés pour être dans la boutique. Vous savez que je n’ai pas de culotte d’hiver ; si vous m’en envoyez une je désirerais qu’elle fût noire, car avec des bas de même couleur ou assortis. Je ne sais si vous me donnerez un habit.
Quelles nouvelles ? donnez-moi souvent des vôtres. M. Thillaye ne se porte pas bien depuis son retour. Pour moi j’ai bien de la peine à vous griffonner ces lettres j’ai un doigt étranglé et positivement celui qui appuie sur la plume. J’écris à M. Dejean[5], et si je peux à M. l’Abbé Joiron. Adieu embrassez tout le monde pour moi et pensez aussi souvent à moi que je pense à vous.
Votre fils Constant Duméril
Notes
Notice bibliographique
D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 65-66
Pour citer cette page
« Mercredi 21 septembre 1791 (A). Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_21_septembre_1791_(A)&oldid=62094 (accédée le 21 décembre 2024).
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