Mercredi 21 et jeudi 22 juin 1871
Lettre d’Eugénie Desnoyers (Paris) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris Mercredi soir[1]
Mon cher Charles,
Tu dois être rentré à la maison bien fatigué, j'espère que tu as fait bon voyage et que tu vas passer une bonne nuit. C'est le souhait de ta Nie qui, avant de se coucher, vient t'embrasser. Emilie[2] dort ; nous sommes venues avec maman[3] et Cécile[4] par le train de 2h, toute la matinée il pleuvait, nous avons dîné chez M. Edwards[5], Marie[6] s'est bien amusée, l'oncle Alphonse[7] l'a taquinée aimablement comme il savait si bien le faire avec l'oncle Julien[8]...
Ma grande chérie est restée chez tante Aglaé[9] j'ai pris Emilie avec moi à cause de sa tendance au mal de gorge. Maman est bien ainsi que ceux que tu lui as laissés et qui t'embrassent bien fort.
Jeudi midi.
Mon cher Charles, tout ton petit monde va bien. La matinée s'est passée à St Médard à assister à la première communion, la tante Agla s'était procurée, comme on dit, des billets, pour mener ses petites nièces sans qu'elle se trouve dans la foule. Nous avons toutes été émues de nous retrouver dans cette église si remplie de souvenirs... Je me retrouvais à même cérémonie qu'au jour de notre première communion à Caroline[10] et à moi, qu'à celle de notre Julien... notre mariage... Comme le temps passe et combien j'ai pensé à toi.
Hier Agla avait mené nos fillettes habiller complètement 2 petites filles pauvres. Après déjeuner elle vient de les prendre avec elle pour aller jouer avec Jean[11] jusqu'au moment où j'irai les prendre.
Maman m'attend pour chercher dans les livres de notre Julien ce qui peut me servir pour Marie, puis nous irons chez Mme Duméril[12], puis nous tâcherons de faire quelques courses utiles en regagnant le chemin de fer.
M. de Quatrefages vient de monter et il s'informait fort gracieusement auprès de papa[13] de ce que ferait M. Mertzdorff[14], c'est je pense en songeant à sa nièce qui dit-on, va à Épinal.
Mardi soir, en te quittant Marie avait le cœur bien gros, elle a encore pleuré en wagon, mais à Montmorency, elle a repris sa petite mine et elle m'a bien recommandé ainsi que sa petite sœur, de bien t'embrasser et de te dire qu'elles t'écriraient très prochainement.
Comment as-tu trouvé toutes choses ? Te voici de nouveau avec le collier de misère et ne puis le partager que par la pensée, ne te fatigue pas trop ; écris-nous et crois-moi toujours
Ta Nie
Bien des choses à tous de notre part.
on m'attend.
Notes
- ↑ Cette lettre, sur papier deuil, est la première d’une série regroupée sous le titre : Lettres d’Eugénie & de ses Enfants pendant leur séjour à Montmorency, Juin & Juillet 1871).
- ↑ Emilie Mertzdorff, la « petite sœur ».
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Cécile, bonne des petites Mertzdorff.
- ↑ Henri Milne-Edwards.
- ↑ Marie Mertzdorff (la « grande chérie »).
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Julien Desnoyers (†).
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Caroline Duméril (†), première épouse de Charles Mertzdorff.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
- ↑ Jules Desnoyers.
- ↑ Charles Mertzdorff.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mercredi 21 et jeudi 22 juin 1871. Lettre d’Eugénie Desnoyers (Paris) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_21_et_jeudi_22_juin_1871&oldid=35047 (accédée le 21 novembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.