Mercredi 21 avril 1875
Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)
Morschwiller 21 Avril 1875.
Merci mille fois merci chère et bonne Aglaé de m’avoir écrit et de nous tenir si bien au courant, ainsi que Charles[1] le fait de son côté, de la santé de nos chères petites[2]. Voilà donc la rougeole déclarée chez notre bonne Marie. Les premiers jours sont bien pénibles, aussi aspirons-nous vivement à en voir arriver le terme, mais après on sera bien soulagé et heureux de penser que ces chères petites seront désormais à l’abri d’une maladie à laquelle on ne peut échapper et qu’il faut remercier Dieu de voir arriver dans le jeune âge.
Chère bien chère Aglaé que puis-je te dire pour tous les soins si bons si intelligents dont tu entoures nos chéries, combien tu leur es nécessaire ! combien elles sentent ton mérite ! Ma chère Caroline[3], ma chère Eugénie[4] pourraient-elles faire mieux que toi ? Dans notre douleur tu nous apparais sans cesse comme un ange consolateur.
Léon[5] est allé aujourd’hui à la Bourse[6] et n’a pas pu par conséquent se rendre à Vieux-Thann. Hier soir en rentrant il nous a dit que les nouvelles de M. Jaeglé étaient plus satisfaisantes, puissent-elles se consolider dans ce sens. Pauvre Madame Jaeglé[7] ! je comprends tout ce qu’elle souffre et prie pour cet intéressant ménage.
Dimanche dernier nous avons eu le plaisir de dîner chez Madame Stoecklin[8] avec M. et Mme Heuchel[9] et nous avons passé tous ensemble quelques bonnes et agréables heures.
A l’instant m’arrive une bonne lettre de ma sœur[10] voici ce qu’elle me dit :
« Il est présumable que Marie[11] n’échappera pas à la contagion de la rougeole : nous serons heureux d’apprendre que la maladie a suivi le cours régulier et que vos deux charmantes jeunes filles sont en voie de parfaite guérison. Léon[12] atteint il y a huit jours de la dysenterie l’a communiquée à Auguste[13], ils en sont débarrassés tous deux, et, des trois convalescents, Léon, Pierre et Louise[14], cette dernière seule est sortie un moment aujourd’hui pour la première fois. Auguste n’a repris qu’hier le biberon, ce qui ne l’a pas empêché (la mère[15] l’a pesé ce matin) d’augmenter, ces dix derniers jours de 56 grammes par jour, très beau résultat ».
Je t’ai copié le passage de la lettre de ma sœur concernant les enfants car je sais combien tu mets d’intérêt à tout ce qui concerne nos chers habitants de Besançon.
Voilà Léon invité de nouveau à un bal pour le 29 de ce mois. Ce bal a lieu à l’occasion des fiançailles de M. Oscar Albert Scheurer[16]. Combien nous voudrions, de notre côté, voir Léon se marier, mais que de conditions réunies il faut pour un mariage, ici j’entends parler des qualités sérieuses qui assurent le bonheur.
Adieu bien chère Aglaé je t’embrasse comme on embrasse sa fille, tendres amitiés à chacun et de bons baisers à nos chéries.
Félicité Duméril
Notes
- ↑ Charles Mertzdorff.
- ↑ Marie et Emilie Mertzdorff.
- ↑ Caroline Duméril (†), première épouse de Charles Mertzdorff et mère de Marie et Emilie.
- ↑ Eugénie Desnoyers (†), seconde épouse de Charles Mertzdorff.
- ↑ Léon Duméril.
- ↑ La Bourse de Mulhouse.
- ↑ Marie Caroline Roth, épouse de Frédéric Eugène Jaeglé.
- ↑ Elisa Heuchel, épouse de Jean Stoecklin
- ↑ Probablement Georges Heuchel et son épouse Elisabeth Schirmer.
- ↑ Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
- ↑ Marie Mertzdorff.
- ↑ Léon Soleil, 7 ans.
- ↑ Auguste Soleil, 3 mois.
- ↑ Pierre (5 ans) et Louise (3 ans) Soleil.
- ↑ Adèle Duméril, épouse de Félix Soleil.
- ↑ Albert Scheurer se fiance à Fanny Zuber.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mercredi 21 avril 1875. Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_21_avril_1875&oldid=51617 (accédée le 15 novembre 2024).
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