Dimanche 11 avril 1875

De Une correspondance familiale

Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)

original de la lettre 1875-04-11 page 1.jpg original de la lettre 1875-04-11 pages 2-3.jpg


Morschwiller 11 Avril 1875

Bien chère Aglaé,

Léon[1] vient d’arriver et nous dit qu’on ne sait pas encore si notre chère petite Emilie[2] est atteinte de rougeole ou de scarlatine. Je désire vivement que ce soit la rougeole car c’est une maladie que les enfants doivent avoir et plus ils l’ont jeunes moins il y a de crainte. Inutile de dire que mes pensées sont sans cesse avec notre chère petite malade, avec vous tous et avec toi particulièrement, chère Aglaé, dont la tendresse égale le dévouement intelligent. Je viens de lire quels sont les caractères de la scarlatine qui est ordinairement précédée de maux de tête violents, tandis que dans la rougeole il y a précédemment un mal de gorge avant l’invasion de la maladie et c’est ce que notre chère petite a éprouvé. C’est à présent que nous sommes impatients de recevoir une lettre de Paris et nous comptons sur Charles[3] qui ne manquera pas de nous écrire, j’en suis sûre. Lundi dernier j’ai été préoccupée de la santé de mon mari[4] qui avait été pris d’un rhume de poitrine accompagné de fièvre, grâce à Dieu, au bout d’une journée j’ai pu être rassurée, il va bien à présent sans cependant être débarrassé de la toux dont il est atteint surtout le soir, son visage a maigri et pâli. Je crois que ce qu’il a eu est la grippe et il faut un certain temps avant de s’en remettre complètement. Je pense beaucoup à M. Jeaglé dont tu connais la maladie, sa pauvre femme[5] m’est souvent présente à l’esprit. Je ne sais quelles nouvelles Léon nous rapportera ce soir, il nous a quittés pour aller à Vieux-Thann où il compte s’installer la semaine prochaine. Une lettre reçue de ma sœur[6] ces jours derniers, me dit qu’Adèle[7] a été prise d’un mal d’estomac assez violent qui a été causé probablement par le tourment de voir deux de ses enfants indisposés, et aussi par le changement de la nourrice de son petit dernier. Charles nous raconte combien notre petite Emilie est résignée et patiente, acceptant sans se plaindre le sacrifice de bien des choses dont elle se réjouissait d’avance. Nous disons souvent que cette chère petite créature et sa bonne sœur Marie[8] ont des natures excellentes si bien préparées à recevoir la bonne semence que tu y as mise. Adieu bien chère Aglaé nous vous embrassons tous comme nous vous aimons.

Félicité Duméril

Léon nous a apporté de bonnes nouvelles de tes chers parents[9] chez lesquels il a eu le plaisir de dîner.


Notes

  1. Léon Duméril, au retour de Paris.
  2. Emilie Mertzdorff.
  3. Charles Mertzdorff, père d’Emilie.
  4. Louis Daniel Constant Duméril.
  5. Marie Caroline Roth, épouse de Frédéric Eugène Jeaglé.
  6. Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
  7. Adèle Duméril, épouse de Félix Soleil.
  8. Marie Mertzdorff.
  9. Jules Desnoyers et son épouse Jeanne Target.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 11 avril 1875. Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_11_avril_1875&oldid=39298 (accédée le 29 mars 2024).

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