Mercredi 19 février 1806
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)
N°164
19 février 1806
Ma Chère Mère, je suis bien sensible aux nouveaux témoignages d'affection que contient votre lettre et à la manière dont vous me les exprimez. J'ai la satisfaction intérieure de penser que l'épouse que je me suis choisie[1] sera telle que vous auriez pu la désirer pour moi et pour toute la famille. Elle est simple dans ses goûts, agréable et sans prétentions dans ses manières et d'une douceur extrême. Le portrait n'est pas flatté et je vois dans ses rapports avec vous la plus grande analogie. Son attachement extrême et ses attentions délicates pour toute sa famille me sont d'un bon augure dans les relations qu'elle va établir avec la nôtre. J'avoue que cette considération a été pour moi d'une grande importance dans la détermination que j'ai prise. au reste votre ménage heureux a laissé à vos enfants un beau modèle à suivre et un excellent exemple à imiter et je me le proposerai toujours.
Vous paraissez mettre quelque importance à la différence de Religion[2]. Nous nous en sommes occupés aussi dans nos premiers rapports et il est convenu que les filles suivront la Religion de leur mère. Quant aux enfants mâles, je me suis réservé le droit de les laisser opter eux-mêmes dans l'âge de raison et lorsqu'ils auront reçu l'éducation nécessaire pour se décider avec connaissance de cause. Telle a toujours été ma manière de penser en matière de croyance et je vous juge assez tolérante pour espérer que vous permettrez de suivre cette résolution. Au reste il est inutile de parler de cela à nos parents d'Oisemont et d'Auxi[3]. Voilà pourquoi je ne m'en suis pas expliqué dans mes lettres précédentes et je crois que vous serez de mon avis.
J'ai reçu deux lettres de Montfleury[4], l'une m'était adressée directement et l'autre à Auguste[5]. Il me mande absolument la même chose que celle dont vous m'avez fait part. Il demande à Auguste s'il a reçu dix frédérics d'or. Je n'en ai pas entendu parler et je ne crois pas que M. Melin les ait touchés puisque je lui ai remboursé 90ll pour le port de la malle que j'ai trouvée bien conditionnée. Au surplus je lui écrirai un de ces jours. J'ignore quelle va être sa destination ; le Ministre[6] m'a dit qu'il allait rentrer dans l'intérieur. Je remets depuis trois jours à y aller dîner. Je lui demanderai quels sont ses projets à son égard. Je me suis trouvé la semaine dernière à dîner chez lui en grande Cérémonie avec MM. De laplace, Lacépède, le grand juge[7], etc. Je n'ai pu lui dire qu'un mot de mes projets.
Je vous embrasse bien tendrement ainsi que toute la famille. Votre fils C. Duméril
P.S. Nous attendrons pour nous marier que j'aie fini mes cours de l'Ecole, ce sera vers le commencement d'avril et sans éclat. J'aurai besoin de mon acte de naissance et d'un consentement formel de papa[8] et de vous.
Notes
- ↑ Alphonsine Delaroche.
- ↑ André Marie Constant Duméril est catholique, Alphonsine Delaroche protestante.
- ↑ Lieux de résidence des Duval (famille maternelle d’André Marie Constant Duméril).
- ↑ Florimond dit Montfleury (l’aîné) frère d’André Marie Constant Duméril.
- ↑ Auguste (l’aîné), frère d’André Marie Constant Duméril.
- ↑ Probablement le ministre de la Guerre Louis Alexandre Berthier.
- ↑ Claude Ambroise Régnier (1746-1814) est grand-juge et ministre de la justice depuis 1802.
- ↑ François Jean Charles Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 141-143)
Annexe
A Madame
Madame Duméril
petite rue Saint-Rémy n°4
À Amiens
Pour citer cette page
« Mercredi 19 février 1806. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_19_f%C3%A9vrier_1806&oldid=57416 (accédée le 21 novembre 2024).
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