Mercredi 18 et jeudi 19 avril 1877

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)

original de la lettre 1877-04-19 pages 1-4.jpg original de la lettre 1877-04-19 pages 2-3.jpg


Mercredi Matin 18[1]

Ma chère Marie

Tu sais que j’ai toujours le plus grand plaisir à lire tes lettres aussi ta lettre a-t elle été reçue avec d’autant plus de bonheur qu’elle me dit que tout le monde au jardin va bien. Nos santés tant au moulin[2] qu’ici sont bonnes. Hier j’ai eu toute la famille à dîner. Thérèse[3] nous a fait un très joli repas sans aide aucune, aussi ces Dames ont-elle fait force compliments à la nouvelle cuisinière, qui cherche à varier ses petites plats grâce aux leçons de son professeur aveugle que tu sais.

Soir. Je t’écrivais lorsque je voyais entrer dans la cour tous les Duméril du Moulin qui venaient me faire leur visite d’adieu. C’est demain matin leur départ & bonne-maman m’a invité à dîner chez elle de sorte que je ne suis rentré à la fabrique que vers 4h. M. Jeaglé[4] est à Mulhouse & j’ai trouvé un peu de besogne jusqu’au souper.

Comme je crois te l’avoir dit Paul[5] a quitté aujourd’hui, il va directement à Moulins tandis que M. & Mme Auguste s’arrêtent un jour à Besançon puis à Dijon etc... Il ne seront à Moulins que Lundi ou Mardi.
Dans une 15aine de jours Mme Auguste pense aller à Paris où elle ne séjournera que 3 à 4 jours. Passera 15 autres jours à la Pastourellerie[6] près de Blois pour de là rentrer à Flers[7] par le Mans.

Du jeune ménage[8] nous n’avons pas de nouvelles depuis quelques jours & Mme Stackler[9] n’en avait pas d’avantage.

Mais je vois que je ne t’avais pas initiée à tous nos faits & gestes. Hier après notre dîner nous avons reçu la visite de Mme Stackler avec M. Mme Mlle Borel[10] & le fils Henry[11] tout ce monde est arrivé par le train de 2h, a visité de nouveau le logement Heuchel puis celui du jeune ménage[12], un peu le Jardin & après le thé a repris le chemin de Mulhouse.
C’était encore une journée où l’on ne travaillait pas beaucoup. Pour une vie aussi agitée il faudrait se s’empresser de se faire rentier, ce qui n’est pas dans mes intentions.
Le logement Léon, n’avance [guère] plus que le blanchiment, les plâtriers y sont toujours encore & il est encore loin d’être terminé pour que les peintres puissent s’en emparer. La cheminée du petit salon est posée & est bien. Le temps n’est du reste pas favorable pour sécher les plâtres.

Hier matin nous avions de la neige sur toutes les montagnes, même en plaine. Aujourd’hui pluie continue il fait froid & aussi désagréable depuis 3 jours qu’il a fait beau les jours avant. Le pauvre Magnolia que vous voyez fleurir est tout grillé par la gelée, je ne sais trop si les arbres fruitiers auront souffert, cela est probable.

Ma lettre ne partant que demain je me réserve cette page blanche.

Jeudi midi. Il faut que cette lettre écrite d’une manière si décousue parte. Comme dit M. & Mme Auguste sont en route pour Besançon. Moi-même j’étais à Cernay prendre des informations sur ce M. Paul Baudry[13] qui est le neveu de M. Charles Baudry & donc le cousin du jeune homme que vous connaissez[14]. Tu sais comme sont les Henriet, je ne sais trop où en est la question ; mais ce que je crains c’est qu’ils ont tort, les avis récoltés confirment tout ce que je craignais. Je ne crois pas que ce mariage se fasse, je le désire beaucoup pour Jeanne mais suis bien décidé à ne pas autrement influencer.

Une bonne petite lettre de Léon datée de Nice me donne de bonnes nouvelles, ils vont très bien tous les deux ; restent jusqu’à Lundi à Nice d’où ils rayonnent mais l’on ne me dit pas par où & pour quelle époque l’on pense rentrer.
Je vais lui écrire.

Le dîner me réclame. Mille amitiés à tous & bien des baisers à toutes deux[15]. ton père qui t’aime
ChsMff
Jeudi. 19 avril 77.


Notes

  1. Papier à en-tête : CHARLES MERTZDORFF
  2. Au Moulin vivent Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril (« bonne-maman »), grands-parents de Marie Mertzdorff ; ils reçoivent Charles Auguste Duméril (« M. Auguste ») et Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril (« Mme Auguste »), venus pour le mariage de Léon Duméril.
  3. Thérèse Neeff, employée par Charles Mertzdorff.
  4. Frédéric Eugène Jeaglé.
  5. Paul Duméril, fils de Charles Auguste Duméril.
  6. La Pastourellerie où vit la famille Vasseur.
  7. Flers où réside la famille Soleil.
  8. Léon Duméril et sa nouvelle épouse Marie Stackler.
  9. Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
  10. Jean Paulin Émile Borel, son épouse Joséphine Hertzog et leur fille Jeanne Borel.
  11. Henri Stackler.
  12. « Le logement Léon » = le logement pour le jeune ménage.
  13. Jeanne Henriet doit épouser Paul Baudry.
  14. Louis Baudry.
  15. Marie Mertzdorff et sa sœur Emilie.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mercredi 18 et jeudi 19 avril 1877. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_18_et_jeudi_19_avril_1877&oldid=41162 (accédée le 21 novembre 2024).

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