Mercredi 15 septembre 1830

De Une correspondance familiale

Lettre d’Auguste Duméril (Paris) à son cousin germain Henri Delaroche (Le Havre)



Au Jardin des Plantes ce 15 Septembre 1830.

Mon cher Henri,

Je me suis engagé à t’écrire aujourd’hui, pour t’annoncer que les Latham[1] sont partis d’ici, ce matin, à 5 h ¼ : ils n’ont leurs places que jusqu’à Rouen : ils ne savent pas encore comment ils se rendront au Havre : peut-être seront-ils obligés de prendre la poste, ou bien le bateau à vapeur : pouvant donc être obligés, peut-être, de ne partir de Rouen que dans la journée : ne soyez pas étonnés s’ils n’arrivaient pas jeudi soir. Ils ont quitté Paris un peu enrhumés, tous les deux, mais très légèrement : la petite était à merveille.

Nous nous trouvons maintenant bien seuls, je t’assure ; ils mettaient tant de vie dans la maison : ce voyage nous a vraiment été bien agréable. Tu te trompes en pensant que ta lettre ne m’est pas arrivée, je l’ai fort bien reçue et je t’en remercie ; mais je te dirai que j’admire comme tu as le talent de mettre les lettres à la poste après l’heure, car ces deux-là me sont arrivées un jour plus tard qu’elle n’auraient dû.

C’est demain que l’on fait la caisse de ta bibliothèque et de tes livres : je crois que je prendrai la permission de t’envoyer avec, ton fusil. A propos de cela, j’ai oublié de te faire mon compliment, sur ton adresse à la chasse : tirer, la première fois que l’on y va, quatre oiseaux : je crois que je n’en aurais pas fait autant : c’est fort beau. Cette caisse partira probablement le vendredi ou le samedi. Eugène[2] a reçu ta lettre : elle semble lui avoir fait grand plaisir : il compte te répondre. Je pense que, depuis lundi, tu es négociant : écris-moi si ces occupations te plaisent. Tu vois Constant[3] tous les jours : fais-lui, s’il te plaît, mes amitiés, ainsi que celles de papa et de maman[4]. A présent que je dois rester à la maison, on me donne 15 F, par mois, ce qui fait une somme de 180 F, pour me fournir de chapeaux, de chaussures, de gants, de bretelles, de jarretières : nous avons compté, pour toutes ces dépenses 156 F : il reste 2 F par mois, pour mes menus plaisirs, et puis, maman et ma tante[5] me font ordinairement de petits cadeaux d’argent, à ma fête, et au jour de l’an, de sorte qu’avec de l’économie, je pourrai avoir une petite fortune, que je dirigerai de mon mieux. Dis, je te prie, à Constant, qu’il nous dise, lorsqu’il nous écrira, si, avec les 15 F qu’on lui donnait, il se fournissait les mêmes choses que moi.

Adieu, mon cher Henri ; nous t’embrassons tous, bien tendrement, ainsi que toute ta famille.

J’ai fait les commissions de ta maman[6].

Tout à toi, ton affectionné cousin et ami.

Auguste.


Notes

  1. Charles Latham, son épouse Pauline Elise Delaroche et Cécilia, leur fille.
  2. Eugène Defrance.
  3. Louis Daniel Constant Duméril, frère du signataire.
  4. André Marie Constant Duméril et Alphonsine Delaroche.
  5. Sa grand-tante, Elisabeth Castanet.
  6. Cécile Delessert, épouse de Michel Delaroche.

Notice bibliographique

D’après les « Lettres adressées par mon bon mari A. Auguste Duméril, à son cousin germain Henri Delaroche, du 30 Août 1830, au 6 Mai 1843 » in lettres de Monsieur Auguste Duméril, 2e volume, p. 725-727

Pour citer cette page

« Mercredi 15 septembre 1830. Lettre d’Auguste Duméril (Paris) à son cousin germain Henri Delaroche (Le Havre) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_15_septembre_1830&oldid=56193 (accédée le 2 décembre 2024).

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