Mercredi 11 juillet 1877

De Une correspondance familiale


Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)


original de la lettre 1877-07-11 pages 1-4.jpg original de la lettre 1877-07-11 pages 2-3.jpg


Mercredi 11 juillet 77

Ma chère Marie

Il me semble qu’il y a bien longtemps que je ne t’ai pas écrit. Depuis j’ai lu une lettre d’Emilie[1] & une de toi. Vous allez bien, Oncle[2] de mieux en mieux, pouvons-nous désirer quelque chose de plus heureux.

Pas de lettre de ma sœur[3] qui est toujours si exacte à répondre, serait-elle malade réellement ou bien n’est-elle plus à Nancy, c’est ce que je me demande. De Luxeuil[4] toujours de bonnes nouvelles, l’on s’y plaît & tout est au beau.

Wattwiller dont je viens s’anime un peu, il y a passablement de monde, les chambres vont manquer. Demain doivent y venir M. Miquey & sa belle mère[5], j’y fais un si court séjour que je ne vois presque personne, arrivant à 6 h du soir je me plonge & l’homme poisson reste une bonne heure. il n’y a que le souper, que je préside je ne sais trop pourquoi [car] il y quelques personnes mais généralement c’est par groupe que se fait ce repas, les uns devant l’hôtel, les autres sur la terrasse & enfin les raisonnables dans la salle. Après souper une promenade à 2 ou 3, mais depuis quelques jours il fait frais le soir & froid le matin, au point qu’à mon prochain voyage je prendrai une couverture de laine d’ici & ce ne sera pas de trop.

Tu sais que la petite Maisonnette des bains du filtre était pourrie & enlevée. M. Jaeglé[6] vient de la faire reconstruire pour ses enfants[7].

Mme Henriet[8] m’ayant demandé j’ai eu des nouvelles de Jeanne[9] qui est avec son mari au Grand hôtel à Paris, il paraît qu’elle est ravie de son voyage & de ce qu’elle voit à Paris, la pauvrette n’a pas encore vu beaucoup & tout doit l’étonner. Ils n’y comptent pas rester longtemps, veulent voir la mer & rentrer au plus vite me dit-on. Si elle trouve le temps vous la verrez, elle en avait au moins le projet.

Le temps est admirable, fait pour de bonnes promenades, mais je suis l’on ne peut plus paresseux & l’attribue en partie à la fatigue des bains. J’ai plus envie de dormir que de me promener & il faut constamment que je me raisonne pour ne pas m’étendre sur un canapé.

Marie[10] est absente depuis samedi & Léon le plus souvent aussi ; je crois que la semaine prochaine elle accompagnera sa mère[11] à Albisbrunn, près de Zurich, Ce sont des bains froids & je crois que ce régime que la petite femme suit depuis quelques années lui sont aussi sinon plus indispensables qu’à sa mère. Elle ne veut y rester que 15 jours & j’engage beaucoup Léon pour l’y laisser le plus longtemps possible. C’est une santé très délicate pour laquelle il faut quantité de ménagements. Il est donc fort possible que vous ne la trouviez pas à votre arrivée.
Demain le fourgon doit aller à Mulhouse chercher quelques meubles, caisses etc. Mais des Meubles de Paris pas question. Le logement traîne & ne se finit pas !
Si l’on s’absente, comme ils en ont l’intention pour sûr vous ne les trouvez pas installés & pourrez assister à la chose.

Rien de particulier à vous dire de la maison ; Thérèse[12] vient de faire refaire ton matelas, elle veut que tu sois bien couchée, Emilie aura son grand lit tout neuf. espérons que vous dormirez bien. L’on pense à vous comme tu vois & je ne suis pas le seul à me réjouir de vous revoir ici pour quelques jours.

A la fabrique le travail commence aussi à diminuer un peu, en général il y a beaucoup de réduction [dans] les heures de travail & même quantité d’ouvriers sans ouvrage. Heureusement que les travaux de la campagne sont là & que l’année se présente bien pour les récoltes.

A l’instant je reçois ta lettre d’hier. comme toi je trouve qu’Oncle à tardé de ne pas vouloir aller à Cauterets qui t’a fait tant de bien & il est probable qu’il s’en trouverait bien aussi. M. Steinbach vient d’y aller & il y a encore 2 ou 3 mulhousiens. Je vois que rien n’est encore décidé pour les vacances ? Il me semble que pour toi la mer n’est pas indispensable & l’on peut très bien ne pas venir à Vieux-Thann si les santés le demandent.

je t’embrasse de tout cœur.
ChsMff


Notes

  1. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  2. Alphonse Milne-Edwards
  3. Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.
  4. Luxeuil-les-Bains en Haute-Saône où séjournent Georges Heuchel et épouse Elisabeth Schirmer.
  5. Marie Thérèse Hemann, veuve de François Antoine Fillat.
  6. Frédéric Eugène Jaeglé.
  7. Georges, Julie Frédérique, Émile Eugène et Édouard Jaeglé.
  8. Célestine Billig, épouse de Louis Alexandre Henriet.
  9. Jeanne Henriet, nouvellement mariée à Paul Baudry.
  10. Marie Stackler, nouvelle épouse de Léon Duméril (« la petite femme »).
  11. Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
  12. Thérèse Neeff, employée par Charles Mertzdorff.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mercredi 11 juillet 1877. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_11_juillet_1877&oldid=51675 (accédée le 22 décembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.