Jeudi 12 juillet 1877 (A)

De Une correspondance familiale


Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1877-07-12A pages 1-4.jpg original de la lettre 1877-07-12A pages 2-3.jpg


Paris le 12 Juillet 1877.

Mon cher Papa,

Merci, merci pour ta bonne lettre je viens de la relire encore et l’envie de te répondre l’emporte sur le dessin que je m’étais proposé de faire avant de sortir. La phrase que je t’avais dite l’autre jour n’avait rien de sérieux oncle[1] ne veut toujours pas aller à Cauterets et il reste parfaitement décidé que nous irons passer le mois d’Août auprès de toi je pense que nous partirons d’aujourd’hui en quinze c’est-à-dire le 26 Juillet mais quant à la date ce n’est pas encore parfaitement fixé cela dépend de trop de choses. Oncle viendra nous rejoindre probablement vers le 8 Août. Pour le mois de Septembre absolument rien de décidé encore mais on commence à abandonner Arcachon et on remplace ce projet par un autre qui à nos yeux a bien plus de charmes ce serait d’aller sur les bords de la Méditerranée ([golfe] [  ] ou autre) en passant par la Suisse ; qu’en dis-tu ? La figure d’Émilie[2] s’illumine joliment va quand l’on parle de cela. Étant à Vieux-Thann ce serait bien plus direct et de cette façon peut-être emmènerions-nous Mme Dumas[3] qui en ce moment est bien souffrante ; tu sais comme elle a été fatiguée tout l’hiver depuis quelques mois ses migraines deviennent de plus en plus fréquentes on ne peut même plus leur donner ce nom-là ; enfin depuis quatre jours elle est au lit avec un fort mal de tête et sans pouvoir manger ; oncle croit que c’est de l’anémie poussée à son plus haut degré elle est si maigre qu’on la voit à peine dans son grand lit et elle a une mine à faire peur. Pourvu que ce ne soit pas une maladie qui commence, comment la supporterait-elle ? M. Dewulf[4] ne s’est pas prononcé hier au soir il a dû y retourner ce matin.

Hier nous avons eu une journée de courses d’abord chez le dentiste[5] pour Émilie mais par la même occasion il m’a plombé 2 dents et m’en a préparé une 3e pour Lundi je crois qu’elles y auront bientôt passé toutes. De là nous avons fait une série de visites Mmes Berger[6], Bonnard[7] (qui était au bain froid avec Dédée[8]), tante Mertzdorff[9] qui va bien ainsi que l’oncle il mais ce dernier ne se lève presque plus, elle m’a chargée de 1 000 choses pour toi.
Enfin chez Mme Allain[10] qui elle aussi était partie pour la campagne, Mme Buffet[11] dont presque tous les fils[12] sont en examens enfin finalement chez tante Target[13] qui a comme toujours a demandé des nouvelles de tout le monde, de toi, de bonne-maman Duméril[14], du jeune ménage[15] qui paraît l’occuper beaucoup.
Nous ne sommes rentrés qu’à [5h] pour recevoir Mme Lima[16] mais malheureusement toutes ces courses nous ont fait manquer la visite de M. et Mme Baudry-Henriet[17] que nous aurions tant aimé voir.

Je t’écris en poste et tu t’en aperçois sans doute mon pauvre père chéri, mais nous avons rendez-vous avec tante[18] chez Mme Dumas où elle a passé toute la matinée pour aller au cours de beaux-arts[19] et il est grandement l’heure de partir. Pardonne-moi mon griffonnage mon bon Père c’est seulement pour te dire que nous pensons beaucoup beaucoup à toi.
ta fille qui t’aime de tout son cœur.
Marie


Notes

  1. Alphonse Milne-Edwards.
  2. Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  3. Cécile Milne-Edwards, épouse de Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  4. Le docteur Louis Joseph Auguste Dewulf.
  5. Ernest Pillette.
  6. Julie André, épouse de Léonce Berger ?
  7. Élisabeth Mertzdorff, épouse d’Eugène Bonnard.
  8. Andrée Bonnard.
  9. Caroline Gasser, épouse de Frédéric Mertzdorff.
  10. Alice Lebreton, épouse d’Émile Allain.
  11. Marie Pauline Louise Target, épouse de Joseph Buffet.
  12. Les aînés : Pierre, André, Paul et Jean Buffet.
  13. Victorine Duvergier de Hauranne veuve de Paul Louis Target.
  14. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
  15. Léon Duméril et Marie Stackler.
  16. Mme Lima, professeur d’allemand.
  17. Jeanne Henrietet son époux Paul Baudry.
  18. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  19. Mlle Magdelaine donne des cours de beaux-arts.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Jeudi 12 juillet 1877 (A). Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_12_juillet_1877_(A)&oldid=61647 (accédée le 21 novembre 2024).

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