Mercredi 11 Mai 1881
Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
11 Mai 1881
Voilà la réunion des actionnaires terminée, aussi je pense, mon papa chéri, que rien ne te retient plus à Vieux-Thann et que tu vas bientôt prêter l’oreille au sifflet de la locomotive qui te sollicite à la suivre pour venir revoir tous tes enfants. Il est inutile que je te dise s’ils seront heureux de te revoir, tu le sais du reste, du moins pour ce qui concerne les grands[1], car la toute petite[2] ne distingue peut-être pas encore bien son papa de toutes les personnes qui l’entourent, mais cela viendra.
Quel bonheur de te revoir ! j’en rêve la nuit, j’en rêve le jour, j’y pense sans cesse et je voudrais être un peu plus vieille pour toucher déjà à ce cher moment de ton arrivée.
Depuis Dimanche je n’ai aucun événement à te signaler. Nous avons fini par dîner à Montmorency, parce qu’oncle[3] est rentré fatigué, qu’oncle Alfred[4] qui l’avait rejoint à Soisy y dînait aussi, enfin parce que cela faisait plaisir à bon-papa[5]. C’étaient plus de raisons qu’il n’en fallait pour nous déterminer à rester. Nous sommes donc partis à 8h.
Lundi après ma leçon de Mme Foussé[6] j’ai été chez M. Flandrin[7] où tante[8] est venue me chercher à 3h pour me mener, avec Marthe[9], au cours sur la musique à la Sorbonne. C’était la dernière leçon.
Marcel et Marie[10] devaient venir dîner avec nous, mais Marie m’a fait porter un mot chez M. Flandrin pour dire qu’ils ne viendraient pas parce qu’ils avaient dîné Samedi et Dimanche hors de chez eux et qu’ils voulaient avoir une bonne nuit.
Hier nous avons été tante et moi faire une amusante visite du Panthéon avec Mlle Magdelaine[11]. On nous a promenées dans les caveaux et on allait monter dans la coupole quand j’ai été forcée de partir parce que c’était Mardi et que tante devait rentrer à 2h.
Je termine ma lettre chez Marie, je suis dans le petit salon en compagnie de M. Buffet[12] tandis que tante coiffe Marie pour son grand dîner de ce soir chez je ne sais qui. A la maison il y aura un dîner de jeunesse beaucoup plus amusant que celui-là : Jeanne B.[13], Rachel[14], les deux Marthe[15], Jean[16], et le soir viendront les Allain[17], car nous devons danser. Tu juges du plaisir que l’on se donnera.
Adieu mon papa chéri, je t’embrasse de tout mon cœur comme je t’aime ainsi que bon-papa et bonne-maman[18]. Quel bonheur de vous voir tous bientôt.
Émilie
Notes
- ↑ Émilie, sa sœur Marie et son époux Marcel de Fréville.
- ↑ Jeanne de Fréville.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Alfred Duméril.
- ↑ Jules Desnoyers.
- ↑ Céline Silvestre de Sacy épouse de Frédéric Foussé.
- ↑ Paul Flandrin.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Marcel de Fréville et son épouse Marie Mertzdorff.
- ↑ Mlle Magdelaine, professeure de beaux-arts.
- ↑ Marthe Buffet (plutôt que Monsieur Buffet).
- ↑ Jeanne Brongniart.
- ↑ Rachel Silvestre de Sacy.
- ↑ Marthe Buffet et Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Émile Allain , son épouse Alice Lebreton et leurs enfants.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
Notice bibliographique
D'après l'original.
Pour citer cette page
« Mercredi 11 Mai 1881. Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_11_Mai_1881&oldid=52316 (accédée le 18 décembre 2024).
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