Mercredi 10 décembre 1873

De Une correspondance familiale

Lettre d’Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) à son beau-frère Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1873-12-10 pages 1-4.jpg original de la lettre 1873-12-10 pages 2-3.jpg


Mercredi 10 Décembre[1]

Mon cher Charles,

C'est aujourd'hui Mercredi[2], c'est assez vous dire qu'on se dépêche et qu'il semble que les heures soient encore plus courtes que les autres jours ; il est 11 h ½ , Émilie[3] termine sa leçon de piano, Marie[4] prépare son carton et jette les yeux de temps en temps sur son livre d'histoire afin d'être sûre de bien répondre au cours. Aussi, mon cher Charles, il faut vous contenter d'un petit mot de la tante ; depuis ce matin nous nous dépêchons cependant bien ; nous avons commencé par la messe, puis une petite visite à bonne-maman Desnoyers[5] qui va bien malgré le froid dont nous jouissons en ce moment ; puis réciter les leçons, déjeuner enfin tout préparer pour le fameux cours.

Ce qui vous fera plaisir c'est de savoir que les santés sont excellentes, Émilie a même très bonne mine et ne se trouve pas fatiguée et cependant elle a pas mal à faire la pauvre chérie. Je me suis permis cette semaine de lui retrancher 2 dictées et 1 analyse ; elle n'avait pas perdu son temps et je préfère bien la voir se promener et sauter à la corde à l'heure de la récréation plutôt que de griffonner du papier. Je pense que Mme Charrier[6] ne blâmera pas. Je ne vous parle que des santés mais je pourrais vous dire que les caractères sont comme les santés ; nos deux chéries font tout ce qu'elles peuvent pour bien faire et sont bien mignonnes ; on parle souvent du papa[7], on lit avec bonheur ses lettres, on regrette de le savoir si loin ; mais on fait comme lui, remplissant tout ce qu'on a à faire de son mieux.

Vous devez savoir par Marie que la nomination à l'Institut aura lieu dans 3 semaines[8]. Quelle bonne épine hors du pied ; car ces incertitudes sont fort ennuyeuses.

Hier Mme Bonnard[9] est venue, elle m'a dit que tout le monde allait bien, elle revenait avec son petit Pierre qui avait eu des succès à son cours ; il paraît que le grand ne travaille pas merveilleusement et n'est pas toujours sage.

Le temps est froid mais superbe aussi faisons-nous de bonnes petites courses ayant soin de marcher vite, ce que nous appelons notre pas soutenu.

Nous sommes bien heureux de voir que le changement d'air vous a rétabli, soyez sûr, mon cher Charles que nous sommes toujours bien occupés de tous, que nous pensons avec peine à votre isolement, que nous souffrons de vous savoir si malheureux et que nous vous aimons tendrement

AME

Mille amitiés à bonne-maman[10]. Je n'ai que le temps de passer ma robe pour partir. Les enfants vous embrassent tendrement.
heureusement que les enfants vous habituent à recevoir des griffonnages car sans cela je n'oserais vous envoyer ce papier.


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Jour du cours.
  3. Émilie Mertzdorff.
  4. Marie Mertzdorff.
  5. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  6. Caroline Boblet, veuve d’Édouard Charrier.
  7. Charles Mertzdorff.
  8. Alphonse Milne-Edwards ne sera pas nommé.
  9. Élisabeth Mertzdorff, épouse d'Eugène Bonnard et mère de Charles (l'ainé), Pierre et Andrée Bonnard.
  10. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mercredi 10 décembre 1873. Lettre d’Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) à son beau-frère Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_10_d%C3%A9cembre_1873&oldid=41086 (accédée le 20 avril 2024).

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