Mardi 4 septembre 1888
Lettre d'Alphonse Milne-Edwards (Paris) à sa nièce Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Perros-Guirec, station des Côtes-d'Armor, en Bretagne)
Paris 3 4 Septembre 1888.[1]
Chère fille
J’aurais dû t’écrire plus tôt et te remercier des bonnes journées que tu m’as procurées mais je suis arrivé un peu dolent et j’ai trouvé beaucoup à faire.
Au lieu de coucher à Rennes comme j’en avais l’intention j’ai continué jusqu’à Nogent, où l’hôtel de la gare, prévenu par une dépêche, me gardait une chambre, mais la route a été pénible, je l’ai jalonnée par les différents Services du dîner de Saint-Brieuc que j’avais avalé trop vite et qui ont refusé de se laisser absorber, mon estomac semble se plaire à ce petit exercice qu’il a recommencé dans la nuit de Dimanche à Lundi ; je vais chercher à lui redonner des habitudes d’économie que je regretterais de lui voir changer en une prodigalité inutile.
Marthe[2] ne semble pas encore se préparer à nous faire connaître le nouveau venu et je ne serais pas étonné qu’elle nous fît attendre plusieurs jours car sa taille ne change pas. La sœur Camille[3] est à son poste et tout est prêt pour le moment que la jeune mère voudra choisir. Elle a une excellente mine. Sa santé ne souffre pas des lourdeurs de cette dernière période et par là même n’en est pas fatiguée.
J’ai trouvé ici M. Dumas[4] débarrassé de son attaque de goutte mais ses forces ne sont pas encore bien revenues et les courses à la Monnaie[5] lui sont difficiles. Cependant il avait été dimanche à Montmorency. Te voilà bientôt sur le point de quitter ce joli Hedraou que j’ai été heureux de revoir si bien peuplé ; toutes ces tendres affections que je trouve autour de moi je les dois à ta chère tante[6] et elle m’a laissé là un doux héritage, j’ai trois filles[7] que j’aime et qui me le rendent c’est une consolation qui manque à bien des malheureux de mon espèce.
Mille tendresses pour toi et les tiens[8].
AME
Notes
- ↑ Lettre sur papier-deuil.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille, épouse de Jean Dumas, avant la naissance de Cécile Dumas, le 13 septembre 1888.
- ↑ Religieuse venue pour aider lors de la naissance.
- ↑ Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ L'institution de la Monnaie de Paris, quai de Conti.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards, décédée en 1887.
- ↑ Marie Mertzdorff, sa sœur Émilie, épouse de Damas Froissart et Marthe Pavet de Courteille-Dumas.
- ↑ Marie, son époux Marcel de Fréville et leurs enfants Jeanne, Robert, Charles et Marie Thérèse de Fréville.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Mardi 4 septembre 1888. Lettre d'Alphonse Milne-Edwards (Paris) à sa nièce Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Perros-Guirec, station des Côtes-d'Armor, en Bretagne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_4_septembre_1888&oldid=53494 (accédée le 18 décembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.