Mardi 4 mars 1879

De Une correspondance familiale


Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


original de la lettre 1879-03-04 pages 1-4.jpg original de la lettre 1879-03-04 pages 2-3.jpg


Paris 4 Mars 79

Quoique ce soit aujourd’hui le tour d’Emilie[1], j’usurpe ses droits pour venir auprès de toi, mon Père chéri, elle étudie son piano avec tant d’ardeur que je ne veux pas l’en arracher et comme il est 4h je crois prudent de commencer à écrire. J’espérais bien ce matin un petit mot de toi nous disant quelque chose d’un peu positif sur ton arrivée mais nous sommes encore réduits aux conjectures ; dans tous les cas nous t’attendons avec impatience et ton lit est déjà tout fait pour te recevoir.

Je te parlais dans ma dernière lettre de l’état désespéré du petit Becquerel[2] aussi je m’empresse de t’annoncer qu’il va mieux car tout en ne le connaissant pas je suis sûre que tu sympathisais avec sa pauvre famille ; il va mieux depuis hier et a 2 grosses dents qui expliquent cette crise si violente ; aujourd’hui le bien se soutient aussi peut-on le regarder comme sauvé. Va-t-il être gâté maintenant !

Nous venons d’y d’avoir il y a un instant la visite de Mme Lafisse[3] et de Jeanne[4] ; Hortense[5] très enrhumée était restée au logis mais elle nous a envoyé par l’entremise de sa sœur 2 ravissantes petites broches ; c’est beaucoup trop joli ; nous allons lui donner un encrier de cuivre allant avec la garniture de son salon-cabinet.
Voilà le grand moment qui approche et la pauvre Mme Lafisse est bien triste ; elle avait une mine faisant peine à voir, c’est que c’est aussi une fameuse séparation et je ne crois guère aux 2 mois qu’on[6] doit passer chaque année à Paris. Quant à Hortense on dit qu’elle est toujours enchantée ; voilà longtemps que nous ne l’avons vue.

Comme je te l’annonçais nous avons été Dimanche faire des visites dans la famille ; le nous par extraordinaire ne comprend que tante[7] et moi parce que Emiliequi ne se souciant pas beaucoup de faire cette tournée était restée à terminer son devoir de littérature.

Hier j’avais ai été à l’atelier[8] conduite par Mlle Bosvy[9] ; puis Tante et Emilie sont venues m’y chercher pour aller au cours de M. Talbot[10]. Aujourd’hui nous avons eu Mlle Magdelaine puis quelques visites (entre autres Mme L. Berger[11]) qui se sont échelonnées et nous ont pris presque toute notre après-midi. Ce soir ces Messieurs[12] dînent en ville aussi nous consolerons-nous de leur absence en allant toutes les 3 demander à dîner à tante Louise[13] ce qui n’est pas arrivé depuis longtemps ; tu devines la joie de Marthe[14].
On a d’assez bonnes nouvelles d’Arcachon cependant ils ont eu aussi très mauvais temps et Jean[15] et sa mère[16] s’en sont ressentis ; ils ne se portent pas encore aussi bien qu’il serait à souhaiter. Et à Vieux-Thann que devient-on ? Tante Marie[17] va-t-elle mieux ? En voyant Dimanche la petite Clavery[18] qui a 13 mois j’ai bien pensé à Hélène[19] et si elle ressemble à sa contemporaine elle doit être bien gentille.

Adieu mon Papa chéri, chéri, je t’embrasse de toutes mes forces.
Ta fille who loves you much, very much, indeed a great deal.
Marie


Notes

  1. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  2. Jean Becquerel.
  3. Constance Prévost, épouse de Claude Louis Lafisse.
  4. Jeanne Duval, nièce de Mme Lafisse.
  5. Hortense Duval, sœur de Jeanne, va épouser Marcel Aubry.
  6. Le futur couple Aubry-Duval.
  7. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  8. L’atelier de Paul Flandrin.
  9. Marguerite Geneviève Bosvy, professeur de Marie Mertzdorff.
  10. Eugène Talbot.
  11. Julie André, épouse de Léonce Berger.
  12. Alphonse Milne-Edwards et son père Henri.
  13. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  14. Marthe Pavet de Courteille.
  15. Jean Dumas.
  16. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  17. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
  18. Henriette Clavery.
  19. Hélène Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Mardi 4 mars 1879. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_4_mars_1879&oldid=41008 (accédée le 20 avril 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.