Mardi 30 mai 1843
Lettre d’Auguste Duméril (Lille) à sa mère Alphonsine Delaroche (Paris)
d’André Auguste Duméril.
Lille 30 Mai 1843.
Je commence cette lettre, ma chère petite mère, avant que celle ou celles que nous attendons de toi aujourd’hui soient arrivées, parce que nous avons fort peu de temps, à cause des visites : je la finirai en rentrant. Je veux tout d’abord te dire qu’en y songeant mieux, avec Félicité et Eugénie[1], nous avons trouvé que, bien qu’il fût tout à fait convenable que Séraphine[2] partît demain, il vaut mieux qu’elle n’entre pas dans la maison avant Eugénie ; aussi, Félicité, avec sa bonté ordinaire, se chargera-t-elle d’elle, jusqu’à notre arrivée : tu pourras l’employer dans la journée, si tu le juges convenable, pour notre appartement[3], mais couchant et prenant ses repas chez Félicité, elle ne prendra aucune habitude qu’Eugénie puisse regretter. Ne te préoccupe donc pas de lui faire faire un lit, car tu approuveras, je le pense, cet arrangement.
4 heures. A moins que tu n’aies écrit à l’hôtel, nous voici encore sans lettre, ma chère maman : heureusement que j’en ai reçu une, de Constant[4], mais nous voyons avec peine que ta journée de dimanche ait été mauvaise ; mais aussi, pourquoi tant te fatiguer ? Nous aimons à penser que tu es maintenant tout à fait bien. Je suis bien content pour toi du retour d’une partie de tout ton monde. Je remercie beaucoup Constant de sa lettre : elle a été écrite avant qu’il eût vu la mienne : il ne pouvait donc me répondre, au sujet de la demande que je lui ai faite, d’un mandat de 150 F. Comme j’aimerais beaucoup à n’avoir pas à emprunter de l’argent à mon oncle[5], je serais bien aise d’avoir ce mandat, si l’on peut, sans inconvénient, le garder en poche, sans s’en servir. Nous venons heureusement de terminer nos visites : nous en avons fait une cinquantaine, mais nous n’avons guère été reçus que dans quinze ou vingt maisons, et nous faisions les stations très courtes. Eugénie était tout a fait charmante, avec sa robe de soie, que tout le monde admire, son cachemire, son chapeau de crêpe à plumes, son bracelet, et un magnifique mouchoir, brodé par Emilie[6]. Cette chère amie est bien heureuse, parce que mon oncle se décide à nous accompagner à St Omer[7] : le départ de la maison paternelle sera de la sorte bien moins pénible, et j’en suis bien heureux. Ma tante[8] n’est pas mal, mais assez froide : elle n’a pas demandé à Eugénie comment elle s’était portée pendant le voyage : elle aurait voulu que nous ne fissions pas de visites, ce qui n’était pas possible. Eléonore[9], à qui j’ai transmis les témoignages de ton souvenir, parce que ma tante ne l’aurait certainement pas fait, y a été très sensible, et m’a chargé de t’en remercier beaucoup : elle passe ici la fin de la journée, et elle aide Félicité à faire ses paquets ; je crois que ma tante prendra bien ce départ, car elle n’en dit pas un mot. Il faudrait, je pense, que Philippe[10] se trouvât à la diligence, jeudi matin, entre 6 et 7 heures (je crois que c’est rue N. Dame des Victoires : Constant le sait). Hortense[11] et Séraphine se chargeraient des bagages, dans un fiacre. Nous partons vendredi à 10 h du soir pour arriver samedi matin à St Omer, d’où nous partirons, je pense, mardi matin, pour Abbeville. La journée de mercredi sera pour Oisemont[12]. Si nous pouvions arriver dimanche, à Paris, j’en serais bien content, mais ce n’est pas trop sûr.
Adieu, ma chère bonne petite mère. Eugénie et moi t’embrassons de tout notre cœur. Nous envoyons mille tendres amitiés à Constant.
Ton bien affectionné et dévoué fils
A Aug. Duméril.
Notes
- ↑ Les sœurs Félicité et Eugénie Duméril, épouses des frères Louis Daniel Constant et Auguste Duméril.
- ↑ Séraphine, jeune domestique d’Eugénie Duméril, qui la suit de Lille à Paris.
- ↑ Auguste Duméril et son épouse Eugénie vont vivre au Jardin des Plantes avec les parents Duméril (voir les adresses des Duméril).
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril, frère d’Auguste.
- ↑ Auguste Duméril l’aîné.
- ↑ Emilie Cumont (1819-1880), fille de Jean Charles Cumont et Jeannette Declercq.
- ↑ Florimond Duméril dit Montfleury (l’aîné), frère d’André Marie Constant et d’Auguste (l’aîné), habite St Omer ainsi que certains de ses enfants.
- ↑ Alexandrine Cumont.
- ↑ Eléonore Vasseur, fille de Léonard et Angélique Cumont.
- ↑ Philippe, cocher chez les Duméril.
- ↑ Hortense, domestique chez les Duméril.
- ↑ Basilice Duval et sa sœur Geneviève, veuve d’Antoine de Quevauvillers, habitent Oisemont.
Notice bibliographique
D’après le livre de copies : lettres de Monsieur Auguste Duméril, 2ème volume, p. 405-408
Pour citer cette page
« Mardi 30 mai 1843. Lettre d’Auguste Duméril (Lille) à sa mère Alphonsine Delaroche (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_30_mai_1843&oldid=57408 (accédée le 15 novembre 2024).
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