Mardi 23 août 1859

De Une correspondance familiale

Lettre d’Eugénie Duméril (Trouville) à sa sœur Félicité Duméril (Paris)

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Trouville 23 Août 1859

Ma chère Félicité,

Je te suis très reconnaissante d'avoir si obligeamment offert à Auguste[1] de te charger de mes emplettes, et je viens t'en remercier. Les perles sont parfaitement assorties à la soie, et mon petit ouvrage, de cette manière, me fera plaisir à faire. J'ai commencé, comme précédemment, avec 50 points de largeur, mais Louise et moi avons trouvé que, la soie étant fine, en demandait plus, et j'ai ajouté 12 points, ce qui exige plus de perles que je n'avais compté qu'il en faudrait. Je t'envoie le numéro, avec quelques perles, pour que, cette fois, Paul, à qui tu voudras bien donner l'adresse du magasin, puisse se charger de m'acheter deux masses de perles, semblables au modèle. J'ai tricoté aujourd'hui une masse de perles en 36 tours comme il en faut 215, nous avons calculé que six masses feront mon affaire. J'attendrai le retour d'Auguste pour achever ma bourse, que j'avance assez vite, ayant l'habitude de ce genre de tricot. Nous sommes bien heureuses de la perspective de le revoir dans quatre jours. Le plus admirable temps nous a constamment favorisés depuis plus de six semaines, et fait de Trouville la plus charmante résidence, où les plaisirs sont réunis au bien-être. J'aime à croire que le séjour en Septembre sera aussi agréable, qu'utile à la santé d'Auguste, et nos jouissances seront doublées avec lui. Vous voilà sur le point de partir pour Vieux-Thann[2], où vous aurez aussi de bien douces joies : celles que donne l'heureux développement d'un enfant sont, je crois, les plus vives. En me reportant à la dentition d'Adèle[3], qui a été précoce, et dont la première dent a paru à sept mois, je pensais que pour votre petite Marie commençait déjà ce grand travail, qui pouvait expliquer ses souffrances : il est bien heureux qu'elle aille maintenant tout à fait bien. Nous avons pris, Adèle et moi, beaucoup de part à la cruelle déception de Léon[4], ainsi qu'à la vôtre. Nous ne savons si vous partez avec lui Jeudi, ni si c'est à Vieux-Thann ou à Montataire, que va Léon. Auguste nous éclaircira ce fait. Je vous souhaite de bonnes vacances, accompagnée de beau temps, et je prêche en même temps pour mon saint, mais non pour celui de maman[5], qui ne veut pas suivre l'exemple de son entourage, et venir nous trouver chez mon frère[6].

Je compte m'adresser très prochainement à maman. Aujourd'hui, j'écris fort tard, en revenant du bain, ce qui m'empêche de prolonger la causerie. Je termine donc en envoyant à chacun beaucoup de choses affectueuses.

E. Duméril.


Notes

  1. Auguste Duméril, mari d’Eugénie.
  2. Félicité s’apprête à partir pour Vieux-Thann pour rendre visiter à sa fille Caroline, sa petite-fille Marie âgée de quatre mois et son gendre Charles Mertzdorff.
  3. Adèle, fille d’Eugénie et d’Auguste Duméril.
  4. Léon, fils de Félicité et de Louis Daniel Constant Duméril, vient d’échouer au concours de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures.
  5. Alexandrine Cumont, veuve d’Auguste Duméril l’aîné.
  6. Auguste, Eugénie et Adèle Duméril quittent Trouville le 1er octobre pour se rendre à Alençon chez Charles Auguste Duméril et sa famille, où ils passent une semaine.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Mardi 23 août 1859. Lettre d’Eugénie Duméril (Trouville) à sa sœur Félicité Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_23_ao%C3%BBt_1859&oldid=40864 (accédée le 25 avril 2024).

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