Mardi 22 et mercredi 23 juin 1875

De Une correspondance familiale


Lettre de Marie et Emilie Mertzdorff (Paris) à leur père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


original de la lettre 1875-06-22 pages 1-4.jpg original de la lettre 1875-06-22 pages 2-3.jpg


Paris le 22 Juin 1875.

Mon père chéri,

Quoique cette lettre ne doive partir que demain je ne veux pas laisser finir cette journée sans venir te dire un petit bonjour d’autant plus que je me connais bien et que je sais que si je remets à [demain] Mercredi, je risque fort de ne pas le faire malgré la meilleure volonté du monde. Je ne rien de bien intéressant à te dire depuis Dimanche si ce n’est qu’hier et aujourd’hui tantine[1] a été un peu souffrante ; nous pensons tous que c’est un excès de fatigue, elle a eu la fièvre hier soir et cette nuit et ce matin dans la journée elle ne l’avait plus mais elle était fatiguée et avait un peu mal à l’estomac sans cela elle n’a ni mal à la tête ni mal à la gorge et nous espérons bien que ce ne sera rien et que ce sera une petite indisposition passagère comme celles qu’elle a quelques fois, pauvre petite tante elle ne pense jamais à elle et se fatigue toujours trop. Nous avons passé une heure et ½ près de 2h dans le jardin de Louise[2] avec Jeanne Brongniart et nous nous sommes très bien amusées en jouant au croquet. Le reste de l’année journée s’est passé paisiblement à travailler auprès de tante. Hier il a plu presque toute la journée aussi ne sommes-nous pas sorties nous avons eu nos leçons de Mlles Poggi[3] et Bosvy[4]. Avec cette dernière il a été décidé que pour attendre que le cours s’organise et voir comment il sera fait tante disait qu’elle veut d’abord te consulter et puis qu’on jugera aussi si j’ai chance de réussir d’après mon travail des vacances puisque Mlle des Essarts a demandé une réponse pour demain. Bonsoir mon petit père Emilie[5] vient de partir se coucher et quoiqu’il soit de bonne heure je vais en faire autant, à demain donc petit papa chéri.

Mon bon petit père, nous venons de recevoir ta bonne lettre comme tu es gentil de nous écrire si longuement. Tu as donc encore les ennuis pauvre doux papa, qu’est-ce qu’elles ont donc ces vilaines machines pour ne jamais marcher comme on le voudrait et au moment où on en a besoin.      

Nous allons aller partir au cours dans 1 heure je crois, ou plutôt j’espère savoir passablement mes leçons. Tante va mieux ce matin, elle a déjeuné avec nous mais nous trouvons plus raisonnable qu’elle se repose encore aujourd’hui, et que ce soit tante Louise[6] qui nous mène au cours.      

Nous voilà en été depuis Lundi 8h56 du soir. Lundi il a plu toute la journée aussi ne sommes-nous pas sorties, hier il a fait beau et aujourd’hui encore le soleil se montre d’assez bonne humeur.     

Mon bon petit père, quand donc viendras-tu nous voir il y a si longtemps que tu es parti. Aucun des vaccins n’a pris excepté ceux de François[7], je pense que nous recommencerons bientôt les douches et les bains froids si le beau temps continue.     

Adieu mon bon petit père chéri, je te quitte il est 11h passées et je vais m’habiller. Je t’embrasse de toutes mes forces sur les deux joues. Quand donc le ferai-je réellement ?     

Marie[8] te demande mille pardon « de cette » ordure de lettre. Elle est comme tous les Mercredis matin à moitié folle elle court d’un livre à un autre en prétendant qu’elle ne sait rien. Tu la connais dans ces moments-là.     

Encore mille baisers pour toi et bon-papa[9].     

Ta fille la plus petite     

Emilie Mertzdorff   

Oncle[10] fait toujours ses 4 leçons par semaine aussi commence-t-il à en avoir assez.    

Dans un mois nous serons bien près du départ aussi [  ] de sauter en y pensant.


Notes

  1. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  2. Louise non identifiée.
  3. Mlle Poggi, professeur de piano.
  4. Marguerite Geneviève Bosvy.
  5. Emilie Mertzdorff.
  6. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  7. François, domestique chez les Milne-Edwards.
  8. Marie Mertzdorff.
  9. Louis Daniel Constant Duméril (son épouse Félicité est en voyage).
  10. Alphonse Milne-Edwards.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 22 et mercredi 23 juin 1875. Lettre de Marie et Emilie Mertzdorff (Paris) à leur père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_22_et_mercredi_23_juin_1875&oldid=42507 (accédée le 15 novembre 2024).

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