Mardi 21 et mercredi 22 juillet 1868

De Une correspondance familiale


Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Villers-sur-mer)


original de la lettre 1868-07-21 pages1-4.jpg original de la lettre 1868-07-21 pages2-3.jpg


CHARLES MERTZDORFF
AU VIEUX THANN
Haut-Rhin[1]

Ma chère Eugénie

J’ai laissé Père & Mère[2] en bonne santé, accompagné des 3 frères[3] je suis arrivé à temps à la gare & fait bon voyage sans trop de fatigue.

N’ayant pas envoyé de dépêche j’ai dû rentrer à pied où j’ai surpris tout mon monde. J’ai trouvé mon oncle[4] à son bureau attendant de mes nouvelles.

Ma matinée s’est passé à causer avec Georges & M. Jaeglé[5] de tout ce qu’on a fait ici depuis 4 semaines. Après mon dîner, qui était excellent [&] été tout aussi tout court, je me suis reposé pendant 2 heures. J’ai pu faire un petit tour dans l’intérieur de la fabrique & au soir je me suis trouvé en retard pour pouvoir faire partir ma lettre.

J’ai trouvé notre Jardin encore très gentil, malgré Launay, Bourguignolles & les buttes de Chaumont[6] que nous avons visitées Alfred Julien & moi avant mon départ. Il est vrai de dire que depuis 8 jours il a plu tous les jours de bonnes grosses pluies d’orage.

J’ai trouvé ta cuisinière[7] avec une mine de vraie prospérité. Je ne lui ai pas encore beaucoup causé l’ayant dès mon arrivée un peu effarouchée en lui demandant si elle continuait à être fiancée & si c’était la perspective de tant de bonheur qui lui donnait si bonne mine. Elle ne m’a pas répondu, elle a pâli & court encore.
Ce que j’ai visité dans la maison me paraît dans un ordre de propreté parfaite. Toutes les pendules même celle de ton petit salon avec l’ordre habituel.

Nous commençons à manquer de pièces & voilà déjà 3 à 4 fois que l’on renvoie partie de nos ouvriers avant l’heure.
Nos blancs ne sont plus bons, il faut que je donne un bon coup de collier pour tâcher de ramener dans le bon chemin. Il est grand temps que ma réorganisation se fasse au plus vite, je ne sais par quel bout commencer, quoique ayant moins à faire cela devient un peu plus facile.
J’ai fait une fin du mois qui est bonne & ce mois-ci s’annonce bon aussi.
Tu sais que la fin du mois est notre inventaire.

Je t’ai écrit hier au soir ; il va être midi, il faut que je sois bref. M. Ruot[8] vient de venir, il dînera avec moi.

4 h. Georges dîne avec moi à 1 h. Mme Reisser & sa fille Marie[9] qui est à [ ] est ici nous faire visite.

Tu vois que je n’ai pas le temps voulu pour faire partir ma lettre me préparer pour moi-même prendre le chemin de fer aller à Morschwiller sans y coucher aller à Mulhouse à la bourse & rentrer [dès] ce soir.

tout à toi
Charles Mertzdorff


Notes

  1. En-tête imprimé.
  2. Les parents d’Eugénie, Jules Desnoyers et son épouse Jeanne Target, à Paris.
  3. Julien et Alfred Desnoyers, frères d’Eugénie, et Alphonse Milne-Edwards, époux d’Aglaé Desnoyers, beau-frère.
  4. Georges Heuchel.
  5. Frédéric Eugène Jaeglé.
  6. Les Buttes-Chaumont, jardin parisien aménagé sur d’anciennes carrières, inauguré en 1867.
  7. Thérèse Gross.
  8. Henri Ruot.
  9. Christine Heuchel, veuve de Xavier Reisser et sa fille Marie Reisser, épouse de Xavier Jules Oscar Girol.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 21 et mercredi 22 juillet 1868. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Villers-sur-mer) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_21_et_mercredi_22_juillet_1868&oldid=61867 (accédée le 7 décembre 2024).

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