Mardi 1er mai 1877 (A)

De Une correspondance familiale


Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)


original de la lettre 1877-05-01A pages 1-4.jpg original de la lettre 1877-05-01A pages 2-3.jpg


Vieux-Thann 1er Mai 1877.

Ma bien chère Aglaé,

Depuis que j’ai appris par ma petite Marie[1] l’accident arrivé dans la chambre de Madame Dumas[2], j’ai été sans cesse occupée d’elle, et malgré le désastre causé par ce feu, combien il faut remercier Dieu que les conséquences n’en aient pas été plus grandes. La respiration manque en songeant à ce que cela pouvait être si les carreaux de vitre s’étaient cassés. Je songeais que la pauvre princesse Marie d’Orléans[3] a vu son palais brûlé par le fait d’une lampe qui trop approchée de ses rideaux y avait mis le feu, et ce feu survenu en hiver quand tout était gelé, eut bien vite consumé le palais entier ; la pauvre princesse obligée de fuir au plus vite, n’ayant sur elle que des vêtements légers, avait pris là cette cruelle maladie de poitrine dont elle mourut. Je pense à ce bon petit Jean[4], pauvre enfant ! quelle frayeur il aura eu ! et cette chère Madame Dumas comment va-t-elle ? elle a montré bien de la présence d’esprit, j’espère que sa santé n’aura pas été trop éprouvé par ce cruel accident. Embrasse-la pour moi, je te prie, ainsi que Madame Pavet[5].

Nous avons de bonnes nouvelles de nos jeunes gens[6] qui, j’espère, ne tarderont pas à nous arriver. Marie nous a écrit des lignes bien touchantes et affectueuses au bas de la lettre de Léon, c’est une femme charmante, intelligente et bonne. Mon frère[7], ma sœur[8] et Paul nous ont quittés déjà depuis une dizaine de jours, et leur départ nous cause bien du vide ainsi que le tien, chère Aglaé, et celui de nos chères petites-filles[9] ; nous pensons à tout ce que tu as été encore pour nous dans ce dernier voyage, à ta tendre sollicitude qui se résume pour nous dans la pensée que tu es notre troisième fille, digne en tous points de ses aînées[10].

J’ai appris que le mariage de Jules Gastambide n’a eu lieu que samedi dernier et que le billet qui t’y convoyait ne t’a été remis qu’après la cérémonie terminée, je le regrette infiniment, il m’eût été doux de te savoir avec nos chères petites à cette grande réunion de famille à laquelle nos chers parents du Havre[11] n’avaient pas manqué.

Adieu bien chère Aglaé, je t’embrasse comme je t’aime, ainsi que nos chères petites, ta bonne mère[12] et M. Alphonse[13]. Mon mari[14] vous envoie à tous les choses les plus affectueuses.
Félicité Duméril

Nous sommes aujourd’hui dans le mouvement d’une grande lessive et désirons qu’il ne pleuve pas.


Notes

  1. Marie Mertzdorff (voir la lettre précédente).
  2. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  3. Marie d'Orléans (1813-1839), fille de Louis-Philippe et épouse d’Alexandre de Wurtemberg (1804-1881).
  4. Jean Dumas.
  5. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  6. Léon Duméril et son épouse Marie Stackler, en voyage de noces.
  7. Charles Auguste Duméril, père de Paul Duméril.
  8. Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
  9. Marie Mertzdorff et sa sœur Emilie.
  10. Caroline Duméril (†) et Eugénie Desnoyers (†), épouses successives de Charles Mertzdorff.
  11. Les parents du Havre : les descendants de Michel Delaroche.
  12. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  13. Alphonse Milne-Edwards.
  14. Louis Daniel Constant Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 1er mai 1877 (A). Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_1er_mai_1877_(A)&oldid=40794 (accédée le 18 décembre 2024).

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