Mardi 17 septembre 1918

De Une correspondance familiale


Lettre de Damas Froissart (Campagne-lès-Hesdin) à son fils Louis Froissart (mobilisé)


original de la lettre 1918-09-17 pages 1-4.jpg original de la lettre 1918-09-17 pages 2-3.jpg


Le 17 7embre 1918

Mon cher Louis,

Nous avons ta lettre du 12 où je lis : « il est à peu près certain maintenant que j’irai en permission au début d’octobre »

D’autre part une lettre de Pierre[1] nous dit qu’il te prévient qu’il compte prendre sa permission vers le 10 octobre.

Comme tu vas avoir 14 jours, je crois, grâce à tes citations, et que tu parais devoir arriver en permission avant Pierre, est-ce que ça ne te dirait rien de venir passer quelques jours ici, faire quelques tours de chasse, revoir Brunehautpré et la région : Nous partirions ensemble pour recevoir Pierre et probablement Elise[2] qui pense revenir à Paris et de là gagner, après un petit séjour, Le Bourdieu, à moins que ce ne soit Campagne, si, à cette date, nous avions assez récupéré de notre maison pour les recevoir ici et que les événements restreignent davantage encore les [chances] de visite de bombes. Les Journaux d’hier nous apprennent que Paris, tranquille depuis un mois, a eu de nouveau leur visite[3] : Ils veulent donner signe de vie mais ils n’ont pas assez de vitalité pour que cela se renouvelle souvent.

Quant à Michel[4], il dit n’être pas occupé en ce moment si ce n’est peut-être à faire visite au socle de la statue de Royer-Collard à Sompuis[5]. Mais il dit : « chez nous les Permissions sont très en retard : Je ne prévois même pas la date de la mienne encore : puisse-t-on finir la Guerre avant. »

Sauf imprévu, il ne faut pas compter qu’il pourra se rencontrer avec Pierre et toi à Paris.

Tu vas donc être en passe de porter la Fourragère la 1ère fois que le 50e se distinguera : en attendant tu es assez tranquille. Je pense que tu as reçu tous mes tuyaux, pour le cas où tu irais à Vieux-Thann[6].

J’ai chassé quelques heures Dimanche à Brunehautpré et ai rapporté un lièvre, 2 perdreaux et 2 cailles après avoir tiré 18 coups de fusil.

Hier matin je suis allé chercher (avec H. Parenty) [ ] à Montreuil, pour ce dernier nous avons un peu chassé (sans aucun succès) vers le [Valyvau et Bois de Beau]

Je n’ai pas pu faire avec Paul[7] de chasse même en famille. Legentil[8], seul sans doute, prendra à Bamières son fusil, le fusil de Jean[9] que la vaillante Marguerite[10] a fait raccommoder (Jean l’avait [cassé] à son dernier voyage [à nos] chasses à Bamières) et veut que Jules Legentil utilise ce fusil.

Il fait un temps assez favorable tant à la chasse qu’aux récoltes. La maison est à peu près finie sauf le [2e grenier].
Demain chasse annuelle au Ménage.

Bonne nouvelle de [tous]
Mille amitiés

D. Froissart


Notes

  1. Pierre Froissart, frère de Louis.
  2. Elise Vandame, épouse de Jacques Froissart, mère de 3 enfants.
  3. Bombes lâchées par des Zeppelins le 15 septembre 1918.
  4. Michel Froissart, frère de Louis.
  5. Pierre Paul Royer-Collard (1763-1845), homme politique et philosophe, est né à Sompuis (dans la Marne).
  6. Voir la lettre du 11 septembre 1918.
  7. Paul Froissart.
  8. Jules Legentil.
  9. Jean Froissart (†).
  10. Marguerite Dambricourt, veuve de Jean Froissart.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 17 septembre 1918. Lettre de Damas Froissart (Campagne-lès-Hesdin) à son fils Louis Froissart (mobilisé) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_17_septembre_1918&oldid=58277 (accédée le 15 novembre 2024).

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