Mardi 17 janvier 1882
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)
Mardi 17 janvier 82.
Ma chère Marie,
Vous devez, mes chers enfants, me trouver bien négligeant pour rester si longtemps sans vous donner de mes nouvelles. Ces nouvelles sont cependant fort bonnes & sans une grosse dose de paresse qui le matin me retient dans mon lit jusqu’à 8 h parfois je ne serais pas trop mécontent de ma santé.
Mais le matin lorsqu’il s’agit de quitter ce lit bien bon, il se produit dans mes esprits un marchandage qui peut durer longtemps, je cherche mille mauvaises raisons pour prolonger ces bons moments avant de me plonger dans ce brouillard froid & humide que je ne vois même pas. C’est une habitude contractée à Paris & j’ai beau vouloir réagir les mêmes bonnes raisons me font trouver la chose si bonne & logique que mes matinées sont beaucoup trop courtes. C’est que j’aurais trouvé pas mal d’arriéré auquel je suis un peu trop indifférent ;
Je reçois d’Émilie[1] de tristes bulletins sur la santé de votre chère bonne-maman Desnoyers[2]. lorsque je l’ai quittée j’avais le cœur bien serré, elle était déjà tellement faible que tout était à craindre. j’attends avec impatience le courrier de ce matin.
Depuis que je suis rentré je n’ai fait qu’une petite visite aux Georges Heuchel[3] & ne suis pas autrement sorti de sorte que je n’ai pas encore fait ma visite aux Berger[4] ; je sais que l’on est très heureux & de l’avis de tous le jeune fiancé est fort bien.
Notre petite Hélène[5] n’irait pas trop mal, si seulement elle pouvait dormir la nuit & tant que cet état dure je continue à être un peu inquiet car il n’est pas naturel qu’un enfant de cet âge ne dorme que 2 à 3 heures dans ses 24 h. Cette nuit elle a dormi jusqu’à 11 h du soir puis encore de 6 à 7 le matin & Léon[6] trouve un grand progrès. Elle a une manie la nuit c’est de se faire lever de 12 à 15 fois pour faire pipis, le plus souvent elle ne fait pas & ce n’est que pour s’amuser qu’elles dérange les personnes qui la soignent ; aussi tout le monde grand-maman[7] comme toutes les bonnes sont sur les dents & qu’il faut encore des sœurs pour veiller une petite qui n’est plus autrement malade. Hier elle est sortie pour la 1ère fois en voiture une ½ h, j’espère que le brouillard permettra une autre sortie un peu plus longue.
Émilie vient de me donner de meilleures nouvelles de bonne-maman[8], elle m’écrit rue cassette ; que je suis donc content de ces bonnes nouvelles, j’étais très inquiet.
Marie Léon[9] ne va pas mal, il lui faut toujours de grands soins & naturellement & [elle] ne peut pas beaucoup s’occuper de sa petite fille. Elle est dans son 6ème mois, c’est le mois prochain qui sera le plus difficile à passer pour elle.
Il n’y a rien de bien intéressant d’ici ; la fabrique n’est pas très occupée, les affaires ne sont pas brillantes ! cependant le travail est relativement facile car nous n’avons pas de grands froids cependant tous les matins depuis quelques jours, il gèle un peu & l’on voit un peu de glace ce qui très heureusement arrête la végétation. Jamais je n’ai vu le baromètre aussi haut malgré le brouillard qui nous vient du Rhin.
Je viens d’avoir la visite du Docteur[10] qui est venu me parler malades & hôpital il était rayonnant car l’on demande à faire imprimer dans un journal Médical son travail fait pour passer son examen ! : Médecine légale [ ]
Il est midi, je t’embrasse de tout cœur te priant de ne pas m’oublier auprès de Marcel[11] & d’embrasser ta petite Jeanne[12] pour son grand-papa
tout à toi
ChsMff
Notes
- ↑ Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers (Voir les lettres précédentes).
- ↑ Georges Heuchel et son épouse Élisabeth Schirmer.
- ↑ La famille de Louis Berger : Hélène Berger va épouser Émile Poinsot.
- ↑ Hélène Duméril.
- ↑ Léon Duméril, père d’Hélène.
- ↑ Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
- ↑ Jeanne Target-Desnoyers.
- ↑ Marie Stackler, épouse de Léon Duméril, qui accouchera en juin d’André Duméril.
- ↑ Le docteur Louis Disqué.
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Jeanne de Fréville.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Mardi 17 janvier 1882. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_17_janvier_1882&oldid=41348 (accédée le 18 décembre 2024).
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