Mercredi 8 juillet 1874

De Une correspondance familiale


Lettre d’Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


original de la lettre 1874-07-08 pages 1-4.jpg original de la lettre 1874-07-08 pages 2-3.jpg


Mon cher Charles[1],

Nous avons été bien contents de recevoir votre lettre ce matin mais tristes de voir que vous n’êtes pas tout à fait bien portant, j’espère que ce petit mal de gorge va disparaître rapidement et que vous allez pouvoir profiter de vos bains. Ici tout va bien, notre petite Émilie[2] ne se souvient plus de son angine, elle recommence à travailler sans fatigue : elle n’a encore repris que la moitié de ses leçons de piano[3] mais elle revient aujourd’hui pour la seconde fois au cours et n’a laissé que peu des devoirs sans les faire cependant nous avons eu comme vous le savez une semaine assez agitée ; Samedi Dimanche et la matinée de Lundi ont été consacré à Montmorency, puis en rentrant à Paris nous avons eu la leçon de piano, puis la douche et à la fin de la journée le bain froid ; Marie[4] et Émilie ont vraiment très bien nagé, Mme Brongniart[5] les a surveillées tout le temps mais n’a pas eu à leur offrir son secours elles s’en sont très bien tirées seules ; je vous assure qu’on a eu beaucoup de plaisir. Hier à 8h leçon de dessin[6] pour Marie, à midi Mlle Bosvy[7], à 3h nous partons pour Bellevue où Alphonse[8] doit venir nous retrouver à l’heure du dîner chez Mme Vaillant[9], les enfants jouent avec Charlotte qui fait de suite d’Émilie son amie intime ; le petit garçon jette son [verre] de [ ] sur son pied, chante le roi Dagobert enfin nous montre tous ses talents. A 9h3/4 nous étions à la maison.

Ce matin leçon de piano, puis le cours où nous sommes en ce moment, je vous demande bien pardon de la manière dont je vous écris car le livre qui me fait une table sur les genoux est trop petit ; mais je sais que vous n’êtes pas difficile et vous contentez de bien peu.
Émilie répond en ce moment à des questions de géographie et s’en tire très bien.

Comme vous avez eu raison de considérer le prix d’excellence comme égal au prix d’honneur car notre petite Émilie a travaillé admirablement pour son catéchisme, du reste elle nous a montré une fois de plus dans cette distribution des prix toutes ses bonnes qualités, elle n’a eu aucun ennui de voir son amie avant elle au contraire s’en réjouissait, aussi avons-nous eu un grand plaisir Marie et moi en voyant la récompense que vous lui donniez.

Émilie fait un concours écrit il lui faut sa plume et son encre je vous pris donc de vous contenter du crayon. Je n’ai que de bien bonnes choses à vous dire de vos deux chéries qui font tout ce qu’elles peuvent pour bien faire et je puis dire qu’elles y arrivent car elles sont aussi sages que possible. [ ] Marie est [ ] si heureuse de voir sa petite sœur bien portante qu’elle l’embrasse sans cesse et jouit de tout ce qu’elle fait comme une maman avec sa fille. Hier la grande avait à faire en style la mort de Saint-Louis après l’avoir fait et me l’avoir montré, elle a été prendre celui qu’Émilie avait fait sur le même sujet cet hiver et me l’a lu ; Elle était ravie parce qu’elle le trouvait mieux que le sien et elle me disait avec une si bonne figure « Cette bonne petite Chérie, comme elle travaille bien, cette composition est bien mieux que la mienne, [quel] plaisir de la voir réussir ». alors Émilie reprenait : « En effet, pendant quelques semaines cet hiver, j’ai eu des [ ], c’est fini maintenant [je suis] tout à fait bête ». Je ne saurais dire mon cher Charles combien cette conversation m’a rendue heureuse car elle montre tout ce que ces deux chers cœurs renferment de bonnes qualités et de tendresses l’une pour l’autre. Je pense que vous serez de mon avis et [ ] en lisant ces quelques lignes. On voit que Marie jouit bien plus de ce qu’on fait d’aimable pour sa petite sœur que de [ ]
l’assurance de notre bien sincère amitié
AME

Marie et Émilie vous embrassent tendrement
[Petit] Jean[10] a mal à la gorge et va passer la journée dans son lit.


Notes

  1. Lettre déclassée, peu lisible, partiellement réécrite ultérieurement.
  2. Emilie Mertzdorff.
  3. Leçons de piano avec Mlle Poggi.
  4. Marie Mertzdorff, sœur d’Emilie.
  5. Catherine Simonis épouse d’Edouard Brongniart.
  6. Leçon de dessin avec Marie Louise Duponchel.
  7. Marguerite Geneviève Bosvy.
  8. Alphonse Milne-Edwards.
  9. Henriette Jeanne Hovius, épouse de Léon Vaillant, et mère de Charlotte et Albéric Vaillant.
  10. Jean Dumas.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mercredi 8 juillet 1874. Lettre d’Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_8_juillet_1874&oldid=53950 (accédée le 21 décembre 2024).

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