Mardi 11 juillet 1871 (A)
Lettre de Marie Mertzdorff (Montmorency) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Montmorency Juillet 1870
Mardi
Mon cher papa,
D'après la lettre de toi reçue hier tu nous apprends que tu as reçu ma lettre. Je suis bien contente. Ce matin nous avons travaillé. Après avoir très bien appris mon catéchisme, j'ai fait un bon problème, puis une dictée, avec une seule faute, enfin j'ai lu mon histoire romaine.
Nous venons de déjeuner, il fait un temps affreux : il n'a presque pas cessé de pleuvoir ce matin. Cela cesse en ce moment, mais il fait un vent très fort. Samedi soir oncles et tante[1] sont venus pour dîner. Dimanche matin après être rentrées de la messe nous avons cueilli des fleurs avec oncle Alphonse et nous sommes amusés à les examiner, puis avons été auprès de bon-papa[2] qui plantait ses fougères. Puis oncle m'a raconté comment il est venu avec oncle Alfred la première fois. Une voiture les a conduits jusqu'à la porte de Paris, là, munis d'un laissez-passer (car c'étaient les Prussiens qui occupaient cet endroit) ils se sont mis à la queue de gens qui comme eux voulaient passer. Mais comme de faire attendre le monde, cela amusait beaucoup les Prussiens, après deux heures d'attente ils avaient avancé de dix pas et que la file de voitures passait beaucoup plus vite moyennant 4 F on les laissa monter sur une diligence seulement pour traverser et ils sont venus jusqu'ici où ils ont trouvé les maisons dans l'état que tu sais.
Après qu'oncle m'eut raconté ce voyage on a déjeuné puis il est monté avec tante corriger des épreuves que M. Edwards[3] devait venir chercher le soir. Pendant ce temps je commençais à m'habiller lorsque nous voyons la tante Mertzdorff[4] et quelque temps après comme j'étais montée chez l'oncle et tante nous voyons arriver parrain Z.[5] que nous conduisons au salon, il est parti avec la tante à 5 h nous les reconduisons et rencontrons au chemin de fer M. Edwards. On a dîné et pendant qu'oncle et tante le reconduisait nous avons couché Jean[6], enfin tout à fait le soir oncle tante et mère[7] étaient dans notre chambre et nous commençons à nous coucher lorsque Cécile[8] entre avec un panier qui contenait un hérisson, oncle nous l'a fait examiner et comme il le retournait avec précaution une armée de puces nous envahissent et on reporte M. Hérisson (pas M. d'Hérisson) dans le jardin. Hier matin en nous éveillant fort tard nous apprîmes que Jean avait été souffrant et avait vomit, il fut fatigué toute la matinée de Lundi et un peu dérangé, enfin l'après-midi il allais mieux, mais comme tante craignait que le trajet jusqu'à la gare ne le fatiguât on le mit dans le chariot de Charles de Groslay[9], tu juges de la joie ; mais voilà qu'au moment de partir tante s'aperçoit qu'elle a oublié de dire adieu à Amélie[10] qui part demain pour son pays, de sorte que nous avons suivi seules avec maman. Tante nous a rejoints à la gare où elle nous dit que comme elle quittait Mme Paul Target[11] est arrivée. Nous avons embarqué tante et sommes rentrées et avons effectivement trouvé la visite annoncée. Elle a dîné avec nous et est partie par la pluie battante à <3>h avec bon-papa.
Mais adieu cher père cet saleté de griffonnage m'a entraînée et j'ai rempli mes 4 pages <sans savoir comment> mais pour un papa que l'on aime ce n'est pas bien difficile de bavarder avec lui et de lui répéter qu'on pense à lui.
bonne-maman[12], maman, Emilie[13] t'embrassent. Quand à moi j'en fais autant
Ta petite fille qui t'aime
Marie Mertzdorff
Maman profite de ce que je t'écris pour écrire à bonne-maman Duméril[14] et à tante Z.[15] nos trois lettres vont partir en même temps.
Notes
- ↑ Alfred Desnoyers, Aglaé Desnoyers et son époux Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Jules Desnoyers.
- ↑ Henri Milne-Edwards.
- ↑ Caroline Gasser, épouse de Frédéric Mertzdorff.
- ↑ Edgar Zaepffel.
- ↑ Le petit Jean Dumas.
- ↑ Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff.
- ↑ Cécile, bonne des petites Mertzdorff.
- ↑ Groslay, commune limitrophe de Montmorency ; Charles non identifié.
- ↑ Amélie, domestique chez Alfred Desnoyers, épouse de Jean, rentre à Montluçon pour accoucher.
- ↑ Victorine Duvergier de Hauranne épouse de Paul Louis Target.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ La petite Emilie Mertzdorff.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mardi 11 juillet 1871 (A). Lettre de Marie Mertzdorff (Montmorency) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_11_juillet_1871_(A)&oldid=40664 (accédée le 21 novembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.