Lundi 5 juillet 1880
Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 5 Juillet 1880.
Merci mille fois, mon cher Papa, pour la longue et bonne lettre que j’ai reçue hier, je t’assure qu’elle m’a fait bien plaisir car lorsque je t’ai écrit pour la dernière fois, je ne savais pas encore qu’Émilie[1] avait de tes nouvelles et je trouvais cela un peu long ; tu es bien gentil malgré toutes tes occupations d’avoir encore trouvé moyen d’écrire à ta grande ; cependant tu sais si j’approuve que tu écrives davantage à ma petite Émilie.
J’espérais, mon cher Père, que cette lettre commencée à une heure irait te trouver demain matin ; mais tante[2] est arrivée au moment où je terminais ma première page ; nous nous sommes occupées ensemble de différents petits arrangements de robes ; puis ma mère[3] est arrivée avec tous les enfants[4] pour passer dans le jardin[5] toute l’après-midi ; et malgré sa présence j’ai été avec tante au Bon Marché faire des provisions pour les vacances[6] car voilà le moment de notre départ qui approche beaucoup. A 4h j’ai eu une 2e visite de tante cette fois accompagnée d’Émilie qui sortait de chez M. Flandrin[7].
Tu vois que ma journée a été bien agréablement remplie, je regrette seulement de n’avoir pas eu un peu plus de temps pour terminer cette lettre ; j’aurais voulu qu’elle aille le plus vite possible te dire que je pense bien à toi.
Il est 9h nous ou plutôt Marcel[8] vient d’arroser à fond tout le jardin ; les arbres grâce à ces bonnes et fréquentes petites douches deviennent superbes et il n’y en a plus qu’un et demi qui nous donnent des inquiétudes. Le foin malgré les pluies de tous ces jours-ci paraît enfin sec, il a fait aujourd’hui le bonheur des trois enfants.
Nous avons l’intention de partir pour Villers le 17 ou le 18 et avant ce moment-là nous avons quelques velléités d’aller au Houssay passer le 14 Juillet car la grande fête nationale nous tente peu ; nous partirions le Samedi soir et nous reviendrions le Jeudi suivant ; mais c’est là un projet bien en l’air qui n’a encore pris aucune consistance, cela dépendra de ce que Marcel aura à faire ; et au fond je te dirai que je crois que nous resterons très tranquillement dans notre petit trou de la rue Cassette.
J’ai reçu Samedi une lettre de tante Eugénie[9] toujours au sujet de Lucas[10], je lui ai répondu tout de suite et il est probable que nous aurons le bonheur de voir demain matin cet illustre domestique.
Adieu, mon cher Papa, je t’embrasse de toutes mes forces, et je pense avec joie au moment où je te reverrai.
ta fille Marie
J’embrasse bien bon-papa et bonne-maman[11]. Quand oncle Léon[12] ira-t-il décidément à Cauterets ? Tâche que ce soit avant le 15 Août.
Notes
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Sophie Villermé, veuve d’Ernest de Fréville.
- ↑ Louis, Etienne et Maurice Barbier de la Serre.
- ↑ Le jardin du pavillon de la rue Cassette.
- ↑ Vacances à Villers, dans le Cotentin, sur le littoral de la Manche.
- ↑ Le peintre Paul Flandrin, qui donne des leçons.
- ↑ Marcel de Fréville époux de Marie Mertzdorff.
- ↑ Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
- ↑ Lucas, domestique pressenti.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
- ↑ Léon Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Lundi 5 juillet 1880. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_5_juillet_1880&oldid=52113 (accédée le 8 novembre 2024).
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