Lundi 27 mars 1882 (A)

De Une correspondance familiale

Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


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27 Mars 82[1]

Mon Père chéri,

Voilà bien longtemps que je ne t’ai écrit, j’en suis vraiment toute confuse, car, en calculant bien, je vois que ma dernière lettre remonte à Jeudi ! et nous sommes aujourd’hui Lundi. Il est vrai que la présence de Jean[2] et sa compagnie oisive me sollicitaient à la flânerie, et puis cela prend beaucoup de temps de se taquiner.

Enfin le voilà parti ; je ne pourrai plus hélas ! l’accuser de me faire perdre mon temps et j’avoue que je m’étais si bien accoutumée à sa présence pendant ces 8 jours que je trouve maintenant la maison très vide. Tante Cécile[3] a pu être prête à partir hier soir et ils ont dû arriver ce matin à Montreux. Jean était ravi de partir, et j’en aurais fait tout autant à sa place. Je me réjouis de recevoir une lettre de lui pour connaître son impression sur notre cher pays, j’avais cherché à lui communiquer un peu de mon enthousiasme, j’espère qu’il le conservera.

Je vais aujourd’hui recommencer mes leçons de chant et j’espère que je ne serai plus interrompue comme toutes les fois où je les ai reprises ; c’était comme une fatalité cette année, aussi depuis le mois de Décembre je n’ai vu Mme Roger[4] que 2 fois.

Ce soir bon-papa et bonne-maman Duméril[5] viendront dîner ici avec Marcel et Marie[6], on a été forcé de remettre le dîner de famille à aujourd’hui parce qu’on ne pouvait pas trouver un autre jour convenant à tout le monde : encore tante Louise et Marthe[7] ne seront-elles pas des nôtres, mais elles viendront Mardi.

Tu ne nous parles pas du tout de ton arrivée, mon bon père ; quand donc comptes-tu venir ? il y a si longtemps que nous ne t’avons vu, tu es parti le 9 Février et nous voilà au 27 Mars, sais-tu que c’est terriblement long ?

J’ai eu ce matin une leçon d’allemand[8] des plus gaies, je me suis tordue de rire, et pourtant c’était à mes dépens. Maintenant nous allons bien vite chez M. Flandrin[9].

Adieu mon cher papa, je t’embrasse de tout mon cœur.

Émilie

Je n’ai pas encore vu H. Berger[10] nous irons probablement chez elle Mercredi ou Jeudi et je ne manquerai pas de faire ta commission.


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Jean Dumas.
  3. Cécile Milne-Edwards, épouse d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  4. Pauline Roger, veuve de Louis Roger.
  5. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
  6. Marie Mertzdorff, sœur d’Émilie, et son époux Marcel de Fréville.
  7. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille et mère de Marthe Pavet de Courteille.
  8. Leçon d'allemand avec Mlle Jacobsen.
  9. Paul Flandrin, professeur de dessin.
  10. Hélène Berger, qui vient d'épouser Émile Poinsot.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Lundi 27 mars 1882 (A). Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_27_mars_1882_(A)&oldid=40479 (accédée le 15 novembre 2024).

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