Lundi 27 juillet 1868
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Villers-sur-mer)
CHARLES MERTZDORFF
AU VIEUX THANN
Haut-Rhin[1]
Je viens de recevoir ta lettre de Dimanche matin aujourd’hui Lundi 10 h. Si je pouvais aussi facilement me mettre dans la boîte j’y serais souvent. Mon bonheur est de te lire & savoir que vous allez tous bien, que les plaisirs ne vous manquent pas. Vous savoir tous réunis, contents, bien portant est, pour moi, une bien douce compensation. Par le fait je ne suis pas à plaindre ; toute ma journée se passe si vite que je n’arrive comme toujours pas à faire une petite partie du < >.
Je suis lent dans mon travail & lourd dans mes petites conceptions, mais enfin il faut bien se prendre comme le bon Dieu vous a fait ; J’ai heureusement une bonne dose de philosophie & ne me le reproche même plus. Ce qui n’est pas fait, je le reprends le lendemain & puis les mois se passent.
Hier Dimanche j’ai fait grasse matinée & ne me suis levé qu’à 8 h. En faisant ma toilette j’ai vu mon adjoint dans la cour à m’attendre, j’étais un peu attrapé. Je n’étais que médiocrement content de moi & cependant vexé de n’avoir pas même un petit moment à moi. J’ai eu le tort de finir ma toilette comme si de rien n’était, j’ai déjeuné & lorsque j’étais pour retrouver Nagelin, il s’était impatienté & avait disparu. Je n’en étais pas fâché pour moi, car il y a une question d’<alignement> qui me donnera de l’ennui & que je ne suis pas fâché de retarder, attendant un peu de calme pour moi. J’ai donc ouvert le courrier du Matin.
J’étais en voiture chez M. Berger. Il est de retour depuis 2 jours a laissé ses dames à Dieppe dans un petit hôtel au milieu de la plage Ville sans vue sur la plage. A l’hôtel sur la plage une chambre avec vue se donne à raison de 15 à 25 F par jour au 3eme. L’on ne voulait pas se donner ce luxe. Ces dames n’ont trouvé personne de connaissance, mais elles en ont fait. Mme André avec fils & Gendres[2] & tous les enfants attendaient dans leurs magnifiques breaks pour aller à <Lowe> ; elle s’est bien informée de tous & m’a chargé d’une foule de bonnes amitiés.
De là je me suis fait conduire à Wattwiller. Là nous avons décidé pour un nouveau gérant cuisinier hôtelier Suisse allemande. Espérons que nous réussirons mieux que nous l’avons fait jusqu’à ce jour. M. Lehmann aurait bien désiré rentrer mais l’on n’a pas pu s’y décider.
Il y a maintenant à l’hôtel une 20ne de personnes, depuis hier il y a quelques personnes de Mulhouse qui se sont installées dans le nouveau chalet qui n’avait encore vu personne. Généralement l’on est très content du service, pension, & des soins que met la dame qui dirige l’hôtel & qui commence à bien s’y entendre.
L’on n’a pas encore donné beaucoup de bains (2 600). Il n’y avait pas trop de monde, les tables n’étaient que ½ garnies (environ 80 Personnes) le dîner bon & service de même. L’on a dîné dans la grande salle du haut.
Je ne comprends réellement pas tant de critiques. Il a été décidé que l’on ne danserait plus & l’on n’attire plus le monde des Dimanches à son de pompiers & chorale. Cette cohue des dimanches a empêché bien du monde à aller aux bains.
J’ai rapporté une 20ne d’exemplaires des Observations médicales sur Wattwiller avec intention d’en envoyer à Alphonse[3] pour qu’il en fasse la distribution.
Veut-il s’en charger. pour qu’il le juge je t’adresse un exemplaire que tu laisseras à ton docteur si tu veux.
J’ai vu les Henriet qui comptent rester tout l’été à Wattwiller, je crois que M. le maire[4] n’est pas fâché de se trouver quelque temps en villégiature loin de ses administrés.
L’on a parlé Orphelinat, je me suis un peu fâché & puis tout est rentré dans l’ordre. Marie[5] est toujours à Geis : son mari est avec elle, car il paraît que le petit lait ne lui réussit pas trop bien. Il est Elle a même interrompu sa cure pour ne la recommencer que depuis quelques jours. Mme Henriet[6] devait s’y trouver mais il n’en sera rien, la petite femme je crois partira & reviendra sous peu. Tu entends fort bien Célestine me faisant toutes les recommandations < > pour t’adresser toutes ses multitudes d’affections < > toutes les catégories. Mme Charles Zurcher & son Mari[7] désirent bien ne pas être oubliés auprès de Mme <Mertzdorff>.
Il était 7 h lorsque je suis rentré & n’étais pas peu surpris d’apprendre que bon-papa Duméril & Léon[8] sont arrivés à 10 h, ne trouvant personne, croyant mon < > à un dîner dans la vallée, Thérèse[9] leur a fait comme < > un dîner & ces pauvres amis sont rentré par < > 1 h par cette excessive chaleur ; car ici aussi il fait chaud, bien chaud.
J’ai écrit cependant à Morschwiller Jeudi pour leur dire que je serai absent. Comment cela s’est fait, je n’y comprends rien & saurai l’énigme lorsque je les verrai. Il est probable que j’irai à Morschwiller demain matin.
Thérèse m’a dit que bonne-Maman[10] n’est pas venu avec ces Messieurs parce qu’elle souffrait d’un <dérangement>. L’oncle[11] avait hier ses enfants auprès de lui, mais il était couché dans son lit pour une demie douzaine d’abricots qu’il a mangés la veille avant de se coucher. Par le même motif il a déjà été très souffrant il y a une 15 jours. Probablement que bonne-Maman qui par ces chaleurs ne mange plus du tout se sera laissé aller à quelques imprudence de ce genre ou bu par trop d’Eau. Beaucoup de personnes & surtout d’Enfants sont malades par les fruits etc. La maladie prend trop souvent une grande gravité & fait mourir bon nombre de ces petits imprudents.
Après mon souper je devais revoir mon adjoint mais j’étais si bien installé à mon bureau que je n’en ai pas bougé jusqu’à 10 h. Si tu veux savoir ce que je faisais quelques comptes & beaucoup de politique avec le Temps etc. J’ai de plus beaucoup, beaucoup, pensé a vous tous ; J’ai mal dormi, il fait trop chaud ; mais je vais tout à fait bien, ne me sentant depuis longtemps aussi dispos que depuis ma saison à la Mer. Avec mes arrière-pensées d’aller vous retrouver je n’ai pas commencé mes bains de Wattwiller. Mais je ne vois pas encore une petite, toute petite percée pour laquelle je puisse m’<échapper>.
Mais voilà 2 h. mon volume d’autographe est suffisant ; je m’en vais à mon travail. Embrasse bien bien fort mes chéries[12] & dis à Mimi que je suis impatient de lire sa lettre. Tu as très bien fait de voir le Docteur nous savons à quoi nous en tenir pour les bains des Enfants. Ne vas-tu pas toi-même prendre quelques bains ?
Je t’embrasse < > pas trop ?
tout à toi
Charles Mertzdorff
autour de toi mes meilleurs amitiés.
N’est-il pas question que Julien[13] rentre avec vous à Vieux-Thann ? Pour Alphonse & Aglaé[14] je compte sur ton influence pour les avoir le plus longtemps avec vous. m’engages-tu à < >
J’ai vu Schlumberger de Guebwiller (le Maire)[15] il y était à notre dernière visite avec toi, il souffre de < > est parfaitement content du résultat des Eaux de Wattwiller. Refera une 2e saison. Voilà plusieurs < > prétend se trouver bien pour ces mêmes affections.
Notes
- ↑ En-tête imprimé.
- ↑ Marie Barbe Bontemps, veuve de Jacques André, avec son fils Jules, et Louis et Léonce Berger, ses gendres.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Louis Alexandre Henriet, maire de Thann.
- ↑ Marie Henriet, épouse de Léopold Zurcher.
- ↑ Célestine Billig, épouse de Louis Alexandre Henriet.
- ↑ Charles Zurcher et son épouse Marie Baudry (les parents de Léopold).
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son fils Léon.
- ↑ Thérèse Gross, cuisinière chez les Mertzdorff.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Georges Heuchel.
- ↑ Marie (Mimi) et Émilie Mertzdorff.
- ↑ Julien Desnoyers, jeune frère d’Eugénie.
- ↑ Aglaé Desnoyers, sœur d’Eugénie, et son époux Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Henry Dieudonné Schlumberger, maire de Guebwiller de 1859 à 1870.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Lundi 27 juillet 1868. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Villers-sur-mer) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_27_juillet_1868&oldid=60084 (accédée le 22 décembre 2024).
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