Lundi 23 et mardi 24 février 1874

De Une correspondance familiale


Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


original de la lettre 1874-02-23 pages 1-4.jpg original de la lettre 1874-02-23 pages 2-3.jpg


Lundi 23 Février 1874.[1]

Mon père chéri,

C’est moi encore qui <vais> te donner aujourd’hui de nos nouvelles qui sont du reste excellentes.

Je viens de prendre ma leçon avec Mlle Bosvy et vais sortir avec tante[2].

Nous avons reçu ce matin une lettre de Cécile[3] ; elle a trouvé sa mère mieux qu’elle ne pensait et espère qu’elle se rétablira. Tante vient de lui écrire pour lui dire de rester autant qu’il serait nécessaire pour bien soigner sa mère car elle voulait déjà revenir Jeudi.

Il fait un temps splendide aussi avons-nous déjà bien joué au croquet avec Marthe[4].

Mardi 24 Février 74.

Mon cher petit papa,

Je t’ai quitté hier car je n’avais absolument rien autre à te dire et comme il n’y avait pas bien longtemps que tu avais reçu de lettre j’ai remis à aujourd’hui.

Il est 4h Jeanne Brongniart et Marthe sont là car nous venons d’aller faire ensemble un tour d’une heure et demie dans le jardin.

Depuis ce matin Jean[5] est un peu souffrant il a un peu de fièvre et a vomi deux fois. M. Dewulf[6] vient de venir et il a dit que ce n’était qu’une indigestion ou une fièvre de croissance et comme nous il paraît qu’il a été déjà été cinquante fois comme cela – aussi n’est-on pas du tout tourmenté. Il est dans notre chambre puisque nous couchons en bas, et tante Cécile[7] est là depuis ce matin ; nous sommes installées dans le petit salon bleu et tante reçoit en bas le monde qui arrive en foule ce qui ne l’amuse pas trop. Cette pauvre tante devait aller ce soir chez Mme Ravaisson[8] à son grand ennui ; mais peut-être l’indisposition de Jean changera-t-elle ses projets. Hier nous avons eu Mlles Poggi et Bosvy[9] et dans l’intervalle nous avons été chez tante Louise[10].

Ce matin Emilie[11] a eu son catéchisme pour la première fois le Mardi ; tante n’a pu l’accompagner vu le malaise de Bébé et c’est Mme Brongniart[12] qui l’y a conduite moi je n’ai jamais dû y aller car cela me prendrait trop de temps. <On leur a lu leurs> notes d’examen, il a eu 7 parfaitement bien et 16 Très bien ; Jeanne et Emilie ont été de ce nombre.

Cette semaine j’ai eu comme sujet de style : Le chant des oiseaux ; je l’ai déjà fait deux fois la seconde restera probablement mais il faut encore l’arranger un peu. Tu vois que je n’ai pas grand talent à gazouiller.

Dimanche, nous avons toute notre journée ici ; le matin après la messe nous avons joué dans le jardin, le reste de la journée s’est passé à jouer et à travailler pour moi.

Adieu, mon père chéri, voilà aujourd’hui 5 semaines que tu nous as quittées aussi espérons-nous bien te revoir bientôt ; en attendant, mon cher petit papa, je t’embrasse bien bien fort.

Ta fille affectionnée

Marie M.

Bien des baisers à bon-papa et bonne-maman Duméril[13]. Dis-leur que nous pensons très souvent à eux et que sitôt que j’aurai le temps j’écrirai.

Il n’y a plus que 99 jours jusqu’à la 1ère communion d’Emilie.

Tante me charge de te bien remercier de ta bonne lettre qui nous a fait grand plaisir, elle t’envoie ainsi qu’oncle[14] ses meilleures amitiés.


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  3. Cécile, bonne des demoiselles Mertzdorff.
  4. Probablement Marthe Pavet de Courteille.
  5. Jean Dumas.
  6. L. J. A. Dewulf, médecin.
  7. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  8. Possiblement Françoise Aglaé de Villermay, épouse de Félix Ravaisson (1813-1900), philosophe et archéologue.
  9. Mlle Poggi et Marguerite Geneviève Bosvy, professeurs de piano et de français.
  10. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  11. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  12. Catherine Simonis, épouse d’Edouard Brongniart.
  13. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
  14. Alphonse Milne-Edwards.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 23 et mardi 24 février 1874. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_23_et_mardi_24_f%C3%A9vrier_1874&oldid=42701 (accédée le 21 novembre 2024).

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