Lundi 21 septembre 1812

De Une correspondance familiale

Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Amiens)

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N° 215 E

Paris 21 Septembre 1812

Mon bien bon ami, comme ma lettre d’hier peut t’avoir donné quelque léger souci sur cette femme au gros ventre, quoique je te dise bien que je souffrais très peu ce jour-là, j’aime mieux te récrire tout de suite aujourd’hui, afin que tu saches bien que je ne suis pas une personne fort malade, puisque je m’occupai presque toute la journée quoique dans mon lit, et que je mangeai de bon appétit, que cette nuit j’ai bien dormi et que je n’ai presque point éprouvé de mal aux reins depuis avant-hier ; mal qui au reste est très peu douloureux et ne nous donne quelque inquiétude que par l’idée que s’il durait il pourrait amener l’accouchement un peu plus tôt qu’il n’est attendu.

J’ai eu bien du plaisir hier à recevoir de tes nouvelles, j’ai bien lu et tenu ta lettre, mais j’ai fort regretté que des importuns fussent venus me priver d’une plus longue conversation qui m’eut été bien agréable. Je me flatte peu que tu aies trouvé le temps de m’écrire hier, mais si je vois arriver de ton écriture je serai bien joyeuse. Je te remercie cher ami des détails que tu me donnes sur notre famille d’Amiens et je suis très contente de savoir tout le monde ainsi en bonne santé, dis je te prie quelque chose de bien respectueux et de bien tendre de ma part à tes Parents[1]. Je suis bien aise qu’ils aient été contents de la petite mine ronde de notre fils[2], mais tu as pu leur dire que sa physionomie prend beaucoup d’expression en parlant. Ce voyage dans ta ville natale me donne une preuve de plus combien que tes compatriotes t’aiment et t’estiment comme tu le mérites. Je vois que les invitations à dîner ne vous manquent pas, je souhaite bien que ta santé n’en soit pas fatiguée. Je te prie de me rappeler d’une manière particulière au souvenir de M. Bertera[3]. J’ai beaucoup de regrets que ce soit par cause de souffrances que la petite de ton frère[4] n’ait pu être amenée à Amiens, et que cela vous prive du plaisir de voir sa maman. Je viens d’écrire à Mme Née pour la charpie et Henry va y aller en portant cette lettre à la poste.

J’ai déjà eu un billet de maman[5] pour savoir des nouvelles de ma nuit et j’espère la visite de Papa dans la matinée ; On voudrait je puisse aller demain rue favart et je me sens assez bien pour espérer que ce transport pourra se faire demain en effet. J’ai gardé le lit hier jusqu’à après dîner, et aujourd’hui je le garderai encore quelques heures.

Constant a été promener ces jours-ci avec Mlle Jenny et je compte bien qu’il ira encore aujourd’hui ; combien cette continuation du beau temps est agréable.

François[6] compte partir demain pour l’Epine où il passera trois ou quatre jours, il emporte son fusil d’après l’invitation que lui en a faite M. Biot.

Adieu mon bien cher Constant, je pense avec beaucoup de joie au moment où tu nous feras ta petite visite. Quel plaisir j’aurai à t’embrasser.

A. Duméril.


Notes

  1. François Jean Charles Duméril et Rosalie Duval.
  2. Louis Daniel Constant Duméril.
  3. Pierre Bertera.
  4. Il est probablement question d’Auguste Duméril (l’aîné), de sa femme Alexandrine Cumont et de leur fille Félicité, née en 1810.
  5. Marie Castanet et son mari Daniel Delaroche habitent rue Favart. Voir les adresses de la famille Duméril.
  6. Etienne François Delaroche, frère d’Alphonsine.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril à sa femme, p. 89-91)

Annexe

 A Monsieur
Monsieur C. Duméril
Petite rue St Remy
à Amiens

Pour citer cette page

« Lundi 21 septembre 1812. Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_21_septembre_1812&oldid=61615 (accédée le 10 octobre 2024).

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