Lundi 19 et mardi 20 juin 1876

De Une correspondance familiale


Lettre de Charles Mertzdorff (Wattwiller puis Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)


original de la lettre 1876-06-19 pages 1-4.jpg original de la lettre 1876-06-19 pages 2-3.jpg


Wattwiller. Lundi Soir 10 h.

Ma chère Marie.

Me voici ici depuis 3 jours & je n’ai fait que vous dire que nous sommes bien arrivés. Il est temps que je vous écrive une lettre & je voulais profiter de mon 1er séjour au bain pour passer ma 1ere soirée avec vous. Je n’ai pas compté que je resterais beaucoup trop longtemps chez les Henriet[1] pour cela, car en somme, je suis ici pour me coucher de bonne heure & me dorloter sous toutes les formes, absolument comme si j’étais malade. J’ai ma superstition & je crois qu’en buvant beaucoup d’Eau de Wattwiller & même m’y baignant ; je vais éloigner de ma petite personne toutes les douleurs, & toutes les maladies passés & futures.
Pour cela je m’imagine que je dois prendre une vingtaine de bains & une centaine de litres d’Eau. Je m’exécute.

Comme je vous le dis bonne-maman[2] a fait si bon voyage qu’elle était ce matin à la maison avec une mine réellement superbe pour elle. Ils ont passé tout leur après-midi au Moulin qui se trouve terminé & même nettoyé de fond. prêt à mettre les planchers en couleur. Ce sera la semaine prochaine que l’on compte s’installer dans la villa. Les voila impatients de se rapprocher de nous tous, se trouvant trop seul à Morschwiller.
J’espère qu’ils s’y trouveront bien.

Le matin j’avais la visite de M. Müller Koch[3] qui m’avait pas mal pris de temps pour un service à lui rendre.

Dimanche j’étais avec Oncle Georges[4] faire visite à AlphonseZurcher à la ferme où j’ai trouvé Mme Brincard[5] & sa fille[6] & son frère[7].
En rentrant j’ai trouvé lettre de faire-part du mariage de Mlle Brincard & je tenais à aller faire ma visite de félicitation.
Au mariage de la sœur aînée[8], la cadette s’est fiancée à un artiste peintre de talent du nom de ------[9] impossible de m’en souvenir. Mariage pour le Mois de 7bre.

Puisque je parle mariage, je vous ai déjà dit que malgré promesse, corbeille etc... le mariage projeté de MlleBuisson avec Jules André n’existe plus.
Je n’ai pas voulu demander M. Berger[10] le pourquoi, il a seulement dit que l’on n’avait pas pu s’entendre. Du reste Gabrielle Henriet me dit que la petite Buisson qui a 21 ans aime beaucoup les plaisirs de la ville & a une petite tête pas toujours très commode. Mme de [Grielen de Roseneck] est à Gisors en ce moment auprès de son frère, très probablement pour cet objet manqué.
Si vos amies[11] ne vous en parlaient pas, il ne faut pas que vous fassiez des questions. Cela doit être excessivement désagréable pour toute la famille qu’il vaut mieux ne pas en parler.

Dimanche déjà nous sommes, Oncle & moi après notre visite à la ferme venus à Wattwiller, il y avait pas mal de monde & j’étais enchanté d’y rencontrer Rich de Cernay qui m’a longuement parlé Canal, prise d’Eau etc.... J’étais content d’entre dire que l’Ingénieur allemand qui est venu pour cet objet était entièrement de mon avis ; & l’on donnera suite à mes idées je l’espère.

Par contre en fait de baigneurs, il y bien peu de monde & le pauvre Lehmann[12] n’est pas content de son début de saison. Il est vrai qu’il a fait bien mauvais tout ce dernier mois. Mme Marie Zurcher[13] était ici avec ses enfants[14] occupant le chalet qui est très humide, ses enfants ayant la coqueluche, elle ne s’en est pas bien trouvé & en toute hâte est rentrée à Cernay.

Gabrielle est sur une chaise longue avec un pied foulé & Mme Henriet depuis qu’elle est ici ne va pas bien du tout.

bon soir à demain à Vieux-Thann.

Me voici rentré, je viens de faire un petit tour & avant midi je tiens à terminer mon épître.

Tante Zaepffel[15] m’a écrit, ils vont bien & ne savent pas du tout ce qu’ils feront cet été, naturellement Zaepffel doit être sobre en congés pour le moment & toute seule sa femme ne viendra pas en Alsace.
son concierge de Colmar lui a écrit que le Rhin débordait de tous côtés, que le moulin Rhinevald est sous l’eau & elle me demande si nous sommes de même avec la Thur. qui très heureusement n’y ressemble en rien, les eaux sont au contraire petites.
La grêle n’a pas fait tous les dégâts que l’on me disait, elle a laissé un peu de raisins & quelques fruits. Le canton grêlé n’est pas considérable, très heureusement.

Ta lettre m’arrive à l’instant, ce retard d’un jour ne m’a nullement inquiété, pensant bien que vous vous trouviez empêchées. Si bonne-maman Desnoyers[16] est à Montmorency c’est qu’elle ne va pas trop mal & se sent mieux, il est fâcheux qu’ils ne puissent pas rester plus longtemps à Launay.

L’heure me dit de terminer.
Je t’embrasse mille fois pour que tu puisses distribuer aux alentours.
ton père qui t’aime
Chs Mff
Vieux-Thann le 20 juin 76.


Notes

  1. Louis Alexandre Henriet et ses proches.
  2. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
  3. Thiébaud Müller, époux de Marie Anne Koch.
  4. Georges Heuchel.
  5. Fanny Anna Judith Zurcher, veuve d’Eugène Philibert Antoine Brincard.
  6. Julie Brincard (« Mlle Brincard », « la cadette »).
  7. Alphonse Zurcher ?
  8. Fanny Brincard, épouse de Théophile Sève.
  9. Charles Edouard Delort.
  10. Louis Berger.
  11. Marie et Hélène Berger.
  12. Charles Xavier Lehmann.
  13. Marie Henriet, épouse de Léopold Zurcher.
  14. Marie, Marie Alexandre Charles, Joseph, Jeanne et Jules Zurcher.
  15. Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.
  16. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 19 et mardi 20 juin 1876. Lettre de Charles Mertzdorff (Wattwiller puis Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_19_et_mardi_20_juin_1876&oldid=43028 (accédée le 21 novembre 2024).

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