Lundi 15 août 1870
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Paris)
Lundi 15 Août[1]
Ma chère Nie
Absolument rien d'ici.
Hier l'enterrementKestner s'est bien passé, enterrement libre-penseur. Quelques discours très probablement mais je n'étais pas curieux & ai quitté avant. beaucoup de monde.
Ce matin j'étais à l’Église. Grand messe sans autre cérémonie que celle pour la Ste Vierge, pas de pompiers, de maire etc.
Le nouveau Vicaire[2], tout tout jeune 23 ans, dit-on, a prêché, il a perdu le fil plusieurs fois, beaucoup de belles phrases très fleuries & orientales. le fond est à venir.
En rentrant Melcher[3] nous annonce grande victoire sur la Moselle. J'envoie chercher la dépêche, la fais afficher[4]. L'excitation est si grande que je fais sortir le drapeau ; mais aujourd'hui il me faut plus pour croire. Sarrebruck nous est une cruelle [ ]
En effet ce jour de malheureuse mémoire tout le monde a sorti ses [drapeaux] & 2 h après bruits vagues & sauve-qui-peut peut général. C'est le 15. l'on est payé pour ne pas avoir confiance !
Jaeglé est à Bâle pour de l'argent. Si tout se paie nous aurons de quoi attendre un mois & plus.
Tout naturellement l'un des blanchiments ne travaille plus, l'autre encore un peu. Sur 12 jours, travaillant 4 ou 8 jours pour quinzaine, je paie 8 jours pour qu'ils aient de quoi vivre. Cette quinzaine l'on n'a travaillé que 8 jours, j'en ai payé 9, c.-à-d. tous les jours autres que les Lundis qu'on ne travaille pas je paie ½ journée. A Wesserling l'on ne travaille que 3 jours de la semaine.
Embrasse tous pour celui qui t'aime
Charles Mertzdorff
Je viens de recevoir ta lettre merci.
Notes
- ↑ Papier à en-tête imprimé : CHARLES MERTZDORFF AU VIEUX-THANN, Haut-Rhin.
- ↑ Le successeur de Théodore Abt.
- ↑ Melchior Neeff, concierge chez les Mertzdorff.
- ↑ Voir le fac-similé du message du sous-préfet au maire de Thann, Louis Alexandre Henriet.
Notice bibliographique
D’après l’original
Annexe
Madame Mertzdorff
36 rue Geoffroy St Hilaire
à Paris
Pour citer cette page
« Lundi 15 août 1870. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_15_ao%C3%BBt_1870&oldid=40269 (accédée le 14 novembre 2024).
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