Lettre du printemps 1819 (entre mai et juillet)

De Une correspondance familiale


Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à ses parents François Jean Charles Duméril et Rosalie Duval (Amiens)

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n° 251

Mes chers parents, j’ai eu le regret de laisser partir ma cousine Duval[1] sans la charger de nos remerciements bien sincères pour le portrait de ma mère qui nous a fait grand plaisir et que nous contemplons tous les jours avec une grande émotion. il nous laisse cependant à désirer quoique la ressemblance nous frappe, mais il est loin d’être flatté. il y a dans le visage de ma mère quelque chose de plus fin, de plus gai et de plus bienveillant. mais il est si difficile de donner à une physionomie tout ce qu’elle a de bon ! nous aurions aussi désiré que ce portrait fût à peu près dans les mêmes proportions que celui de mon père[2] pour qu’il en devienne le pendant. j’ai le dessein de le faire lithographier. mais le dessinateur est actuellement excessivement occupé et quand il pourra le faire je crains qu’en le diminuant il ne l’altère comme il a fait du mien qu’il eût bien mieux fait de copier.

Vous avez eu de nos nouvelles détaillées par Madame Duval. elle vous aura dit combien je suis occupé. je fais dans ce moment deux cours. l’un au jardin des plantes qui est très avancé. l’autre à la faculté qui durera jusqu’à la fin d’août. Ce dernier m’absorbe beaucoup de temps parce que c’est pour moi un travail neuf qui exige des recherches et un travail d’autant plus difficile que j’ai à soutenir une sorte de réputation et de vogue qui attire plus de monde, ayant habituellement près de 500 auditeurs aux leçons.

notre petit Gustave prospère. il est gai, grand et très bon enfant. peu d’enfants donnent moins de mal à élever. nous continuons d’être très contents de sa nourrice. j’envoie à mon père d’après son désir une copie de son acte de naissance pour qu’il en tienne note.

j’ai su par les parents de la femme du fils testu[3] tout le tort envers cette famille. j’en suis honteux et désespéré. je n’avais pas été consulté pour ce mariage et je n’ai aucun reproche à recevoir. Madame Hardy en a éprouvé bien du chagrin elle m’en a écrit aussi.

Je compte aller vous voir pour quelques jours pendant ces vacances. mais j’irai entièrement pour vous et je ne me chargerai pas du jury[4]. je ne prévois pas pouvoir être absent plus de trois jours, tant je suis absorbé par ma pratique à laquelle je ne suffis pas à cause de mes autres occupations.

j’ai su par ma cousine combien ma mère est incommodée. monsieur Barbier m’en a aussi parlé. il est bien cruel de voir cette sorte d’impuissance d’agir des membres inférieurs s’aggraver. mon père doit bien prendre garde aussi de rester trop sédentaire. il devrait se faire une loi de faire tous les jours un peu d’exercice quoiqu’il lui en coûte.

je vous embrasse bien tendrement. ainsi que Reine[5] et Désarbret[6]. ma femme[7] se joint à moi.

Votre fils affectionné.

C. Duméril

La santé de ma femme n’est pas entièrement remise elle est beaucoup mieux cependant qu’au départ de Mme Duval.


Notes

  1. Flore Maressal, épouse d’Augustin Duval.
  2. Portrait peint par Boilly, gravé par Jacob.
  3. La sœur aînée d’André Marie Constant Duméril, Rosalie, a épousé en 1795 Augustin Testu, officier de santé à Escarbotin (Somme). Il s’agit ici d’une des rares allusions à cette branche de la famille dans cette correspondance.
  4. Jury de médecine pour les officiers de santé.
  5. Reine Duméril, sœur d’André Marie Constant.
  6. Joseph Marie Fidèle Duméril, dit Désarbret, frère d’André Marie Constant.
  7. Alphonsine Delaroche.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 3ème volume, p. 178-180)

Annexe

A Monsieur
Monsieur le Dr Josse d’Amiens
rue des vieux augustins
Hôtel de Wurtemberg
Pour M. Duméril à Amiens

Pour citer cette page

« Lettre du printemps 1819 (entre mai et juillet). Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à ses parents François Jean Charles Duméril et Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lettre_du_printemps_1819_(entre_mai_et_juillet)&oldid=60553 (accédée le 21 novembre 2024).

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