Jeudi 4 novembre 1875 (B)

De Une correspondance familiale


Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)


original de la lettre 1875-11-04B pages 1-4.jpg original de la lettre 1875-11-04B pages 2-3.jpg


Jeudi Soir 10h 30.

Ma chère Marie

Il est si tard & je me décide encore à causer avec toi ? Avant tout merci pour vos souhaits pour ma fête. Vos bons petits souvenirs ont été reçus avec joie car j’étais moi-même déjà très content, par une proposition qu’on venait de me faire & c’est cette nouvelle qui me décide à prendre la plume si tard.

Mardi Barbé est venu me parler au nom de Messieurs les gérants de Haeffely pour savoir si j’étais encore dans les intentions de louer Morschwiller. Sur ma réponse affirmative j’ai eu ce matin la visite de l’un de ces Messieurs, avec un projet presque tout fait & je vois que nous allons être d’accord. Seulement il voulait terminer de suite ; j’ai dû remettre à Samedi, d’abord, pour y réfléchir plus mûrement & surtout pour m’en entretenir avec Léon[1] qui se trouvait justement chez moi. Comme Georges[2] était décidé à aller à Morschwiller il y est allé seul & j’ai conservé Léon avec moi. Nous venons d’étudier l’affaire, faire un projet de bail pour 10 années ce qui a pris du temps & il vient de se coucher.
Demain matin je vais aller à Morschwiller causer avec bon-papa[3]. & Samedi il peut se faire que je sois déchargé pour dix ans au moins de Morschwiller ce qui sera un gros poids en moins à porter. Léon ne fait pas semblant que cette affaire lui fasse de la peine au contraire il m’approuve bien & j’espère que bon-papa le fera aussi.
Car réellement ce serait une des choses heureuses que j’aurai faite. cette usine ne pouvait pas avoir de chance de prospérité dans mes mains tandis que Haeffely en fera une bonne affaire & pour lui & pour moi.
Si la chose se fait, il faudra que nous voyons où loger bonne-maman[4]. je pense le faire dans l’appartement de ma mère[5] en déménageant tout ce qui s’y trouve de moi, bibliothèque, etc. & de rétablir la cuisine soit où elle était soit en bas au laboratoire actuel. C’est à voir.
Tout cela doit se faire au grand galop & voilà l’hiver.

Il peut donc très bien se faire que je ne puisse pas tenir ma parole & aller vous embrasser pour le 10 comme j’en avais toujours le projet. Mais cette visite n’est remise que de quelques jours si elle est remise, ce que je ne puis encore voir.

Demain il est plus que probable que je n’aurai pas le temps de vous écrire ni Samedi non plus, jour où Lalance[6] doit venir terminer l’affaire. J’ai préféré me coucher un peu plus tard ce soir que de vous faire attendre la nouvelle si importante pour nous tous ici.
Plus encore pour les Duméril qui dont cela va changer un peu les habitudes & leur manière de vivre.
Pour moi, moins de tracas & de soucis & plus de liberté pour l’avenir.
C’est donc pour tous une grosse affaire.

Hier soir M. Stoecklin[7] a reçu une dépêche de l’Oncle Georges[8] de Strasbourg, il nous dit que l’opération de la pauvre tante[9] a bien réussi, qu’elle a été très douloureuse, qu’il lui faudra quelques jours de séjour pour se remettre avant de pouvoir songer à rentrer. J’espérais une lettre, mais rien encore.
Dimanche je vous écrirai encore quelques lignes, qui vous tiendront au courant de l’affaire en question.

Mme Auguste[10] restera je crois à Morschwiller jusqu’à Mardi ou Jeudi prochain, après ce temps M. Auguste[11] viendra à Vieux-Thann, mais rassurez-vous ce ne sera pas lui qui m’empêchera d’aller vous trouver.
Du reste en me quittant son fils Georges l’accompagne à Paris & Rambouillet.

Je t’assure que je suis encore tout bourrelé du projet de bail & ai peine à suivre mes idées. J’ai si peur de faire de la peine à bons-papa & maman & ce que cependant je n’espère pas, car autrement je renoncerais. Voilà 11h. il est temps de se coucher vous embrassant tous

ton père qui t’aime
Charles Mff   

Chez Marie Stoecklin j’ai rencontré les Demoiselles Berger[12], toutes 3 faisaient de la tapisserie & m’ont chargé de mille amitiés pour toutes deux.
Pour ma fête visite de M. le Curé[13], sœur Bonaventure [etc.] & magnifique gâteau surmonté d’un plus magnifique bouquet.


Notes

  1. Léon Duméril.
  2. Georges Duméril.
  3. Louis Daniel Constant Duméril.
  4. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
  5. Marie Anne Heuchel (†), veuve de Pierre Mertzdorff.
  6. Probablement Auguste Lalance.
  7. Jean Stoecklin (plutôt que son fils Alfred Stoecklin ?).
  8. Georges Heuchel.
  9. Elisabeth Schirmer, épouse de Georges Heuchel.
  10. Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
  11. Charles Auguste Duméril, frère d’Eugénie et Félicité.
  12. Marie et Hélène Berger.
  13. Louis Oesterlé.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Jeudi 4 novembre 1875 (B). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_4_novembre_1875_(B)&oldid=51655 (accédée le 22 décembre 2024).

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