Jeudi 31 décembre 1857

De Une correspondance familiale


Lettre de Caroline Duméril (Paris) à sa cousine Isabelle Latham (Le Havre)


Original de la lettre 1857-12-31-pages1-4.jpg Original de la lettre 1857-12-31-pages2-3.jpg


31 Décembre 57.

Je n'y vois presque plus et je viens d'écrire plusieurs lettres mais toi, ma chère Isabelle tu ne tiens pas au griffonnage aussi je viens causer avec toi un petit instant entre chien et loup. Sais-tu que tu es bien gentille et de m'avoir écrit et d'avoir pensé à m'envoyer ce joli petit souvenir qui m'a je te l'assure beaucoup touchée ; seulement je ne te promets pas de faire ce que tu veux ; tu demandes que je pense quelquefois à I.L. et moi j'y pense très souvent, que faire ? j'aime mieux te dire la chose de suite plutôt que de manquer à ma promesse. Depuis longtemps je me réjouissais à l'idée de t'envoyer ma petite broderie aujourd'hui afin que tu voies bien que Crol pense à toi, mais tu sais comment cela m'a été impossible et je ne m'excuse pas car il n'y a rien à faire contre la maladie.

Tout ce que je t'envoie, ma petite Isabelle, ce sont donc simplement mes vœux de bonne année, phrase bien banale quand elle est dite en société, mais qui exprime maintes choses et maintes choses sincères quand elle est prononcée entre amies et cousines, je dis toujours amie avant cousine car je trouve qu'on peut être cousines sans s'aimer et à mes yeux l'amitié est au-dessus de toute autre chose.

Ta lettre m'a fait grand plaisir et m'a bien intéressée. J'espère que votre jour de l'an se passera aussi bien que votre Noël et que le beau temps vous aura amené Edmond[1] c'est si bon de commencer l'année le plus en famille possible. J'ai déjà reçu des étrennes : de Mme de Tarlé[2], un joli tapis pour mettre devant mon lit ; de l'argent de ma tante d'Alençon[3] ; Mme Rainbeaux[4] va me donner un burnous ce dont je suis très contente ; le reste je n'en suis pas sûre mais je te l'écrirai. Je donne à Adèle[5] de jolis mouchoirs à vignettes auxquels je broderai le chiffre, à Léon[6] une cravate et de jolis gants, à Julien[7] une vraie boîte de couleurs, à ma filleule Caroline Devers une robe et une poupée etc.

J'oubliais de te dire que je suis sortie Dimanche vu le beau temps extraordinaire. J'avais bien de la peine à marcher et me suis fait traîner par Léon ; il m'a fallu m'asseoir deux fois d'ici chez bon-papa[8] ; avant-hier je suis allée chez mes amies[9] et j'ai marché beaucoup mieux ; demain j'irai tout à fait bien je l'espère ; me voilà hors de l'hôpital, quoique je sois encore de temps en temps assez mal en train. Je suis affreusement pressée, j'ai un tas de choses à finir et il faut que mes lettres partent par le courrier. Je te dirai comment s'est passé notre new year's day dans ma prochaine missive. Encore merci pour tout ce que tu me dis d'affectueux et que je te rends bien et sois sûre que je commencerai l'année comme je finis celle-ci en pensant à toi et en me disant toujours ton amie

Crol


Notes

  1. Richard Edmond Latham, frère d’Isabelle.
  2. Suzanne de Carondelet, épouse d’Antoine de Tarlé.
  3. Alexandrine Brémontier, épouse de Charles Auguste Duméril.
  4. Cécilia Sévelle, épouse d’Emile Rainbeaux.
  5. Adèle Duméril, cousine germaine de Caroline.
  6. Léon Duméril, frère de Caroline.
  7. Julien Desnoyers, âgé de 10 ans.
  8. André Marie Constant Duméril ; voir les adresses des Duméril à Paris.
  9. Aglaé et Eugénie Desnoyers.

Notice bibliographique

D’après l’original

Annexe

Mademoiselle Isabelle

Pour citer cette page

« Jeudi 31 décembre 1857. Lettre de Caroline Duméril (Paris) à sa cousine Isabelle Latham (Le Havre) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_31_d%C3%A9cembre_1857&oldid=40093 (accédée le 21 novembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.