Jeudi 25 janvier 1872 (B)

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie et Emilie Mertzdorff (Paris) à leur grand-mère Félicité Duméril (Morschwiller)


Paris 25 Janvier 1872

Ma chère bonne-maman,

Je suis sûre que tu me trouves bien paresseuse de ne pas t'avoir déjà écrit mais vois-tu ces huit jours à Paris se sont écoulés si rapidement ! Hier nous avons été au cours de Mme Charrier[1]. Figure-toi, chère bonne-maman, que nous allons suivre ce cours quoiqu'éloignées on nous enverra tous les devoirs à faire ; maman[2] les renverra et nous serons classées avec les autres. Je suis en seconde et Emilie[3] en troisième il n'y a que des petites filles de nos âges. Nous avons été mises chacune dans notre salle et tante[4] et maman sont restées tantôt avec l'une tantôt avec l'autre. Mlle Boblet m'a fait mettre à la table à côté d'elle et j'ai fait la dictée avec les autres. Je me réjouis de savoir combien de fautes j'aurai.

Demain nous allons avoir Hortense[5] je dis demain, c'est plutôt ce soir, car nous allons dîner chez Mme Lafisse[6] où se trouvera Hortense que tante emmènera pour quelques jours ? Je me réjouis beaucoup de la revoir.

Je te demande bien pardon, chère bonne-maman, d'une pareille lettre, on vient de nous emmener du cabinet pour nous faire aller au salon car papa[7] avait aussi à écrire. Nous avons une table qui tremble c'est affreux. Tante Aglaé nous a aussi fait voir Jeanne Brongniart qui est on ne peut plus gentille.

Oncle Léon[8] est déjà venu nous voir plusieurs fois et a déjeuné ici, on l'a eu aussi à dîner. Mais décidément j'écris de la façon la plus horrible je n'ose vraiment pas t'envoyer cette saleté !

A notre passage à Chaumont nous avons vu tante Eugénie[9] qui avait reçu ta lettre et qui était déjà venue la veille à la gare dans l'espérance de nous y voir.

Notre temps est si partagé que nous ne voyons pas beaucoup bonne-maman[10] et tante. Nous allons aller tout à l'heure chez Mme Fröhlich[11] et je crois chez Mlle Pauline[12].

Décidément les idées s'obstinent à ne pas venir j'ai beau bailler et m'étirer les vilaines entêtées ne se mettent pas en frais.

Le lièvre est arrivé à très bon port et se pavane dans une cabane au Jardin. Emilie a retrouvé avec bonheur son ami Jean[13] et ils font ensemble de bien bonnes parties. Il est en train de prendre sa leçon et va venir à 1heure avec tante.

Adieu chère bonne maman, je t'embrasse comme je t'aime ainsi que ce cher bon-papa[14] qui j'espère est complètement guéri.

Ta petite fille qui t'aime

Marie Mertzdorff

Cécile[15] te fait dire bien des choses.

Ma chère bonne-maman,   

Je profite de ce que Marie laisse ce petit bout de papier pour venir t'embrasser. Je pense souvent à toi. J'espère que tu n'as plus de petits malaises ma bonne-maman chérie.   

Hier nous avons été au cours, c'était très amusant, mais je crois que Marie te l'a raconté. Adieu chère bonne-maman je t'embrasse ainsi que bon-papa.  

Ta petite Emilie qui t'aime


Notes

  1. Caroline Boblet, épouse d’Edouard Charrier.
  2. Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff.
  3. Emilie Mertzdorff, petite sœur de Marie.
  4. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  5. Hortense Duval.
  6. Constance Prévost, épouse de Claude Louis Lafisse.
  7. Charles Mertzdorff.
  8. Léon Duméril.
  9. Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
  10. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  11. Eléonore Vasseur, veuve d’André Fröhlich.
  12. Possiblement Pauline Vasseur.
  13. Le petit Jean Dumas.
  14. Louis Daniel Constant Duméril.
  15. Cécile, bonne des petites Mertzdorff.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Jeudi 25 janvier 1872 (B). Lettre de Marie et Emilie Mertzdorff (Paris) à leur grand-mère Félicité Duméril (Morschwiller) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_25_janvier_1872_(B)&oldid=42465 (accédée le 6 octobre 2024).

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