Jeudi 23 octobre 1817
Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Laon)
243 E
Maladie d’Auguste[1]
Jeudi 23 Octobre 1817
J’espère mon cher ami que tu auras reçu mes lettres de mardi et mercredi, car tu avais bien besoin d’avoir tous les jours de nos nouvelles. La fièvre de notre cher petit Auguste continue toujours, il s’y joint un peu de toux grasse, et un peu de faiblesse qui tient aussi à la diète ; La fièvre a des redoublements deux fois dans les 24 heures, et le redoublement de cette nuit (qui les autres jours avait eu lieu le soir) a été plus fort qu’il ne l’avait encore été, cela m’a déterminé à rester levée, jusques à 4 heures et demie, à cette heure-là, maman[2], qui savait que sa fièvre était plus forte, est venue auprès de lui, et nous étant laissées toutes deux aller à peu d’inquiétude par l’abattement que nous lui avons vu, nous nous sommes décidées à faire prier M. Guersant de venir avant l’hospice, en effet il est venu à sept heures, il nous a rassurées et n’a rien trouvé d’inquiétant dans son état ; mais ayant trouvé la langue plus chargée et la toux grasse, il a ordonné un vomitif d’un demi-grain d’émétique, que nous lui avons donné à 8 heures, au bout de 20 minutes l’effet a commencé et a été ce qu’on pouvait désirer, il a vomi un peu de bile quelques glaires et un peu de cette même matière dont il avait craché avant ton départ ; et M. G. a ordonné la diète complète. Ce cher petit a eu un sommeil assez long et fort calme à la suite du vomissement. Cette nuit pendant ce fort accès il a encore eu les joues extrêmement rouges. Nous avons aussi remarqué avec M. Guersant, hier et aujourd’hui quelques taches rouges et assez grandes autour des bras, il regarda cela comme une éruption qui peut être pour quelque chose dans la maladie.
Ton cher enfant continue à paraître se trouver bien de l’effet du vomitif mais il est un peu changé et a les yeux très cernés. Tu comprends que j’ai le cœur un peu serré de voir que vraiment ce qu’il éprouve est vraiment une maladie. Nous sommes bien heureux d’avoir un médecin en qui nous avons toute confiance, et pourtant je ne puis m’empêcher de gémir de ce que tu n’es point là ; Nous languissons bien d’être à dimanche ; j’espère que tu arriveras au moins pour dîner. L’heure de la poste me force de te quitter bien vite, je t’embrasse avec la plus vive tendresse. tu as des amitiés de chacun.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Madame Duméril Delaroche à son mari, p. 7-8)
Annexe
A Monsieur Duméril
Président des Jurys de Médecine
Chez Monsieur lejeune, Médecin à Laon
Département de l’Aisne
Pour citer cette page
« Jeudi 23 octobre 1817. Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son mari André Marie Constant Duméril (Laon) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_23_octobre_1817&oldid=39988 (accédée le 18 décembre 2024).
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