Jeudi 21 février 1878
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 21 Février 78.
C’est encore du cours que je t’écris, mon cher Papa, je viens de terminer mon devoir de littérature ce dont je ne suis pas fâchée j’y ai travaillé à force toute la matinée et j’ai été si vite que j’ai peur qu’il ne soit pas très bien. Il subit la censure de tante[1] en ce moment mais celle-là ne m’effraye pas. J’ai bien des excuses à te faire de ne pas t’avoir écrit hier, je comptais sur ma soirée avant le dîner mais Mme Lima[2] est enfin revenue et il a bien fallu que je prenne ma leçon ; cette pauvre femme a été horriblement malade c’est à peine si maintenant on l’entend parler, je trouve qu’elle sort beaucoup trop tôt. Voilà 5 semaines qu’elle est prise, je ne m’en doutais pas il me semblait qu’il y avait à peine 15 jours. Nous faisons tant de choses en ce moment que je ne sais plus ce que nous t’avons dit ou non. Emilie[3] t’a je crois écrit Lundi ; ce que tu ne sais pas c’est que le dîner s’est très bien passé ainsi que la soirée et que nous ne nous sommes vraiment pas ennuyées.
M. Hément[4] a été charmant avec Emilie ce qui l’a beaucoup amusée. Il lui a même offert de lui faire passer des examens préparatoires mais tu comprends qu’elle s’en soucie fort peu du reste il n’a pas insisté. Mardi Emilie est venue ici où il y avait un examen Pitolet[5], on leur a fait beaucoup de compliments ; mais j’oubliais le plus important : la fameuse lettre qu’on guettait tous les jours est enfin arrivée et Mlle Mertzdorff[6] est invitée à se présenter le 4 Mars à 81/2 précises devant la commission des examens Salle D. Ce sera le Lundi gras, c’est plus tard que nous ne pensions mais ce sera cependant bien vite arrivé ; tu sais que je m’en réjouis beaucoup parce qu’au moins nous allons te voir et au fond je suis à peu près sûre du succès d’Emilie.
Je crois que ce sera un joyeux Lundi gras. Quand arriveras-tu ?
Mardi nous avons eu la visite de Mme Berger[7] qui est restée assez longtemps, elle nous enviait bien je crois d’être ainsi au milieu d’un jardin, d’entendre les petits oiseaux et de suivre tous les progrès du printemps. Son mari a été très grippé.
Hier nous avons été à l’exposition d’ethnographie pour assister à la conférence qu’oncle[8] y faisait sur les plumes, il y avait beaucoup de monde et nous avons été fort intéressées. Malheureusement l’exposition des animaux gras[9] commençait en dessous et les mal pauvres captifs accompagnaient le professeur de leurs chants ce qui était peu agréable.
Le soir nous avons dîné chez Mme Vaillant[10].
Adieu, mon Père chéri, Mlle Mag.[11] doit être en bas on m’attend
à demain une plus longue lettre je t’embrasse à la hâte en te demandant bien pardon je ne sais plus ce que je te dis.
Ta fille,
Marie
Notes
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Mme Lima, professeure d’allemand.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Félix Hément.
- ↑ Amédée Pitolet.
- ↑ Emilie Mertzdorff.
- ↑ Julie André, épouse de Léonce Berger.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Animaux pour le cortège du Bœuf Gras.
- ↑ Henriette Jeanne Hovius, épouse de Léon Vaillant.
- ↑ Probablement Mlle Magdelaine qui donne des leçons de beaux-arts.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 21 février 1878. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_21_f%C3%A9vrier_1878&oldid=39954 (accédée le 15 novembre 2024).
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