Jeudi 1er janvier 1795, 12 nivôse an III

De Une correspondance familiale


Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)



n°80

Rouen le 12 Nivôse an 3 de la république

Maman,

J'ai reçu votre lettre hier soir, et j'y réponds de suite. Madame Thillaye ne peut laisser aller ses enfants, que le séquestre mis sur leur bien ne soit levé, ainsi ce ne peut être pour ce moment-ci. Vous ne devez guère que 120 à 130ll à la citoyenne Thillaye. Faites-moi toujours inscrire à Amiens, cela ne peut faire de mal, il n'est que d'avoir plusieurs cordes à son arc, cependant je vous avouerai que j'ai peine à douter que le projet conçu ne réussisse pas[1]. Je sais, par Parine, que le citoyen Laumonier et le médecin de l'hôpital militaire[2] sont les électeurs, ils sont tous deux pour moi. Ce que je ne conçois pas, c'est que leur nomination ne leur soit pas encore parvenue. Tandis que dans tous les districts environnants, tout est prêt à faire, ou est terminé. Je me propose d'écrire à ma tante Basilice[3].

Je pense, comme vous, qu'il est inutile de faire le double voyage de Rouen à Amiens, et d'Amiens à Rouen et que je serais beaucoup mieux, en faisant passer directement mes effets à Paris. Vous croyez mon linge en bon état, cependant, j'ai deux ou trois chemises, de tempérament trop délicat, et qui auront besoin de revoir leur pays natal. Dans le cas où le tout irait selon mon désir je me rendrai à Amiens, dans le courant de la troisième décade de ce mois.

J'ai gagné au laboratoire un rhume de cerveau qui fait de mon nez un alambic, qui distille depuis trois ou quatre jours, ce papier vous en fournira la preuve.

Je me trouverai là-bas en pays de connaissance, j'ai délivré depuis avant-hier six certificats qui doivent servir à faire nommer des élèves dans leurs districts respectifs.

Il se fait tard pour la poste. L'éloignement ne changera rien à mon amitié pour vous.

Constant Duméril


Notes

  1. André Marie Constant Duméril espère être désigné par le district d’Amiens pour aller étudier à l’Ecole de santé de Paris.
  2. Jean Auguste Besnard.
  3. Basilice Duval.

Notice bibliographique

D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 170-171

Pour citer cette page

« Jeudi 1er janvier 1795, 12 nivôse an III. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_1er_janvier_1795,_12_niv%C3%B4se_an_III&oldid=43036 (accédée le 9 octobre 2024).

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