Mardi 23 décembre 1794, 3 nivôse an III

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)

lettre du 23 décembre 1794, recopiée livre 1 page 165.jpg lettre du 23 décembre 1794, recopiée livre 1 page 166.jpg lettre du 23 décembre 1794, recopiée livre 1 page 167.jpg


n°79

Rouen, le 3 Nivôse l'an troisième

Maman,

J'ai très grande envie de profiter d'un petit moment de loisir pour répondre à votre dernière. Malheureusement, je l'ai laissée à l'hospice, n'importe... étourdi, que je suis. Vous savez dans quelles circonstances je me trouve, j'attends la réponse de papa[1], je présume qu'il sera du même avis que moi. Je joins un autre motif à ceux que je lui ai détaillés. Le citoyen Laumonier pourra fort bien être nommé l'un des professeurs. Vous sentez de quelle utilité il me serait dans ce pays-là.

Si j'étais nommé j'irais vous voir à Amiens avant mon départ pour Paris, ou plutôt j'irais par Amiens, cela ne tarderait pas : ce serait dans le courant de ce mois. Je continue mes leçons, je n'en ai plus que deux de Névrologie. Je regretterai de ne pas avoir fait toute l'anatomie, il s'en faudra de neuf ou dix leçons qui prêtent beaucoup à l'éloquence ou plutôt à l'imagination, ce sont celles des <...> J'ignore quels seront ici les officiers de santé qui éliront. L'un des élèves de l'hôpital militaire a désespéré d'être nommé à Rouen et vient de partir pour Lisieux, je ne crois pas avoir ici de concurrents tant pis !

J'ai été on ne peut plus flatté de l'honnête procédé de la citoyenne Thillaye, je ne lui ai pas fait connaître que j'en étais instruit. Mais n'était-il pas dans l'ordre que vous lui répondiez ? avez-vous eu la complaisance de le faire, je vous l'avoue, voilà pourquoi je me suis tu. Vous me demandez si j'aurai de quoi satisfaire. Oui et non, il me reste environ 50 écus[2] de mon dernier payement vu les dépenses utiles que j'ai été obligé de faire. Le District me doit 300ll du 1er Nivôse, je ne veux les demander qu'autant qu'il y aura quelque chose de décidé parce qu'alors je demanderais quatre mois. Je serai payé, il est vrai, comme canonnier de 1e classe, mais j'ignore sur quel pied.

Mandez-moi ce que vous voulez que je fasse ; mais surtout écrivez à la citoyenne Thillaye, vous lui devez cet acte d'honnêteté.

Je suis en correspondance suivie avec le citoyen Biston fils et j'écris quelquefois à Auguste[3], qui m'a rendu là-bas quelques services.

Je vous embrasse bien tendrement et vous prie de m'écrire le plus tôt possible.

Votre fils Soumis

Constant Duméril


Notes

  1. François Jean Charles Duméril.
  2. L’écu vaut 3 livres (dans son acception ordinaire).
  3. Auguste Duméril (l’aîné), frère d’André Marie Constant.

Notice bibliographique

D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 165-167

Pour citer cette page

« Mardi 23 décembre 1794, 3 nivôse an III. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_23_d%C3%A9cembre_1794,_3_niv%C3%B4se_an_III&oldid=40867 (accédée le 27 avril 2024).

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