Jeudi 16 août 1821
Lettre d’Alphonsine Delaroche (Sceaux) à sa belle-mère Rosalie Duval (Amiens)
n° 255 A
Sceaux 16 Août 1821
Mon mari[1] avait annoncé une lettre de moi à ma sœur Reine[2], et j’avais en effet l’intention et le désir de lui écrire, mais il y a si longtemps que je n’ai causé avec vous ma très chère maman, que ma sœur ne m’en voudra pas j’espère si ce n’est point à elle que je m’adresse cette fois, d’ailleurs les détails que je contiennent mes griffonnages sont également pour elle, et elle n’a pas besoin j’espère de recevoir de mon écriture pour bien savoir combien je pense à elle. J’espère qu’elle est passablement contente de sa santé, et que cette saison quoique bien peu belle, lui aura été favorable. Vous aurez vu par la lettre de votre fils qu’elle n’a pas été non plus tout à fait pour moi ce que j’aurais voulu cependant le séjour de la campagne me plait extrêmement, et j’y goûte un calme auquel je mets le plus grand prix. Nous n’y avons que quelques relations, ce qui restreint infiniment (à mon grand contentement) nos devoirs de société, et ce peu de personnes que nous voyons beaucoup sont de bons amis. Ce qui me fait encore une véritable jouissance, c’est de pouvoir m’occuper bien plus qu’à paris ; Je me fais entre autre un grand amusement du dessin, et je vous assure que les journées me paraissent bien courtes. Je me promène aussi beaucoup, mais tout cela ne m’a pas encore rendu les forces qui me donneraient un véritable bien-être. J’espère dans la température de l’automne. Quant à Auguste[3] il est aussi bien que nous puissions le souhaiter, et quoiqu’il n’ait pas ici de camarade de son âge, il est très heureux, il travaille passablement ; et je lui ai donné un assez bon maître d’écriture qu’il y a ici. Les jours où vient notre excellent Constant[4], sont pour lui des jours de bonheur. Son papa nous l’amène tous les samedis jusque au lundi matin. Mais je vous assure que le bonheur n’est pas pour nos enfants seulement, et que mon mari et moi nous en avons bien notre part. Constant se développe d’une manière si satisfaisante que nous éprouvons une vraie satisfaction lorsque nous l’avons auprès de nous. Il parait à peu près décidé que lui, son maître, et ses camarades iront passer une quinzaine de jours au Havre chez M. Armand Delessert dont le fils[5] est depuis un an chez M. Monod ; et que de là ils iront à Auchy ; Cette absence de six semaines me chagrine déjà.
Je pense que mon beau-frère Auguste et son fils[6] auront passé quelques semaines avec vous ; le papa est si bon, si attentif pour les siens, le petit est si charmant par son caractère et ses moyens, que vous devez éprouver tous un grand contentement lorsqu’ils sont là près de vous. Je pense que la dernière petite[7] réussit aussi bien que peuvent le désirer ses parents.
J’espère qu’Octavie Duval sait avoir des attentions pour vous et pour notre cher Papa[8], auquel je vous prie de dire mille choses tendres de notre part ; ses forces ne sont pas grandes non plus à ce qu’on nous dit, mais j’espère qu’il se sent bien pour la santé, et qu’il pense souvent à nous. C’est nous rendre ce que nous faisons pour lui et pour vous ma chère Maman, et je vous assure que nous regrettons bien de ne savoir découvrir un moyen de franchir trente lieues en quelques moments, parce qu’alors nous irions vous voir bien souvent et ce serait pour nous, grands et petits, une grande joie. Je pense que vous continuez à pouvoir parcourir votre chambre tous les jours et que vous conservez cet appétit qui tient à un si bon fonds de santé. Si je peux faire avec mon mari le petit voyage à Amiens, j’en aurai bien de la satisfaction.
Mes enfants présentent leurs tendres respects à leur bon papa et à leur bonne maman. M. Duméril et moi nous faisons de même, et les prions de recevoir l’expression de notre affectueux et entier dévouement.
A. Duméril
Nous vous prions de faire toutes nos amitiés à notre frère Désarbret[9] et de dire beaucoup de choses aimables de notre part à la famille Duval.
Je remercie beaucoup ma sœur de l’aimable lettre que j’ai reçue d’elle il au commencement de Juin. Nous prenons bien part avec elle et vous, au chagrin de notre cousine Mme Defrance[10], qui a en perspective pour son fils une opération douleur douloureuse ; c’est une situation qui doit être bien cruelle.
Notre bonne amie Mlle de Carondelet me charge de vous présenter, ma très chère maman, son respectueux souvenir, et de vous prier de vouloir bien lui conserver l’amitié que vous lui avez témoignée, et qui lui est bien précieuse.
Notes
- ↑ André Marie Constant Duméril, fils de Rosalie Duval.
- ↑ Reine Duméril, belle-sœur d’Alphonsine.
- ↑ Auguste Duméril, fils d’Alphonsine.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril, fils d’Alphonsine.
- ↑ Arthur Delessert.
- ↑ Auguste (l’aîné) et Charles Auguste Duméril.
- ↑ Eugénie Duméril.
- ↑ François Jean Charles Duméril.
- ↑ Joseph Marie Fidèle dit Désarbret, frère d’André Marie Constant Duméril.
- ↑ Basilice Leguay, épouse de Louis Defrance.
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 3ème volume, p. 186-189)
Annexe
A Madame
Madame Duméril
À Amiens
Pour citer cette page
« Jeudi 16 août 1821. Lettre d’Alphonsine Delaroche (Sceaux) à sa belle-mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_16_ao%C3%BBt_1821&oldid=39863 (accédée le 6 octobre 2024).
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