Jeudi 14 et samedi 16 avril 1881
Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Jeudi Saint 14 Avril 81
Mon Père chéri,
Je n’ai que quelques minutes pour t’écrire, mais j’en profite n’étant pas sûre de les retrouver demain. Je reviens de chez Marie[1], nous y étions allées, tante[2] et moi, pour l’aider à ranger un peu ses affaires d’hiver, car dans deux jours elle va se trouver toute seule et comme on ne lui permet pas de se fatiguer elle ne pourrait pas faire elle-même tous ses rangements ; il serait peut-être un peu tard pour les fourrures d’attendre encore dix jours, c’est pourquoi tante voulait les mettre en sûreté avant son départ, mais Mme Arnould[3] et Mathilde[4] étant arrivées presque en même temps que nous, nous n’avons rien fait. Cécile[5] est venue me chercher à 3h1/2 pour me ramener à la maison où je devais avoir ma leçon d’allemand ; Mlle Jacobsen n’est pas encore arrivée, mais je viens d’entendre sonner et je pense…..
Samedi. C’était en effet Mlle Jacobsen, et comme je le pensais, mon père chéri je n’ai pas eu le temps de terminer cette lettre hier. Nous allons partir dans quelques minutes, mais je tiens à terminer avant ce griffonnage pour que tu ne restes pas longtemps sans nouvelles. Hier nous avons été horriblement occupées à faire des rangements d’objets d’hiver qui auraient pu se [manger] pendant notre absence, et nous avons recommencé la même cérémonie rue Cassette. Marie va toujours très bien, elle nous a reçues debout et assise comme le commun des mortels. Sa fille[6] n’est pas reconnaissable, elle change chaque jour ; elle devient énorme et elle dort maintenant de 9h du soir à 4h du matin sans bouger. C’est un beau succès.
Je te remercie beaucoup de la bonne lettre que j’ai reçue hier ; quel bonheur que bon-papa et bonne-maman[7] viennent à Paris ; je suis tout heureuse de penser que dans une quinzaine de jours nous serons avec eux.
Il fait assez beau ce matin, c’est-à-dire qu’il ne pleut pas ! espérons que cela continuera, car ce que nous désirons surtout c’est l’absence de pluie.
Le cheval de l’omnibus du départ[8] fait entendre de grands hennissements, cela doit annoncer que l’heure avance, je n’ai donc que le temps de t’embrasser de tout mon cœur ; je t’écrirai demain avec plus de calme.
Émilie
J’ai reçu une jolie broche de MarieBerger, si tu la vois dis-lui que cela m’a fait grand plaisir, mais du reste je lui ai écrit de suite.
Quel malheur de ne pas pouvoir t’emmener avec nous. C’est la seule chose qui m’empêche d’être absolument électrisée de joie. Tu sais que Marthe[9] vient ; mais que M Buffet[10] ne le peut pas.
Notes
- ↑ Marie Mertzdorff-de Fréville, sœur d’Émilie.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Paule Baltard, épouse d’Edmond Arnould.
- ↑ Mathilde Arnould.
- ↑ Cécile Besançon, bonne d’Emilie Mertzdorff.
- ↑ Jeanne de Fréville.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
- ↑ Émilie Mertzdorff et les Desnoyers-Milne-Edwards vont séjourner à Launay.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Probablement Marthe Buffet.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 14 et samedi 16 avril 1881. Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_14_et_samedi_16_avril_1881&oldid=42785 (accédée le 15 novembre 2024).
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