Jeudi 13 et vendredi 14 août 1868 (C)
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Paris)
CHARLES MERTZDORFF
AU VIEUX THANN
Haut-Rhin[1]
Ma chère Amie lorsque je ne t’écris pas dans ma soirée, impossible de trouver un moment pour le faire. Je ne sais pas trop ce que je te disais des écoles.
Voit-on inconvénient à laisser les 2 sexes réunis pour ma petite école ? âge 5 à 7 ans.
Pour apprendre à lire à ces enfants les réunit-on en cercle avec moniteurs ? Alors comment les asseoir ? gradins ou bancs ? Ne pouvant retenir des enfants de cet âge 2 heures ; ne ferait-on pas bien de les faire faire un tour de préau.
Est-il bon & pratique de mettre aux petits enfants, un grand tablier blanc, comme à Dornach[2]. Pense-t-on les habituer à la propreté ? Dans le cas affirmatif doit-on leur laisser en sortant de classe ? ou on laisse les tabliers à l’école.
Quels sont les exercices les plus pratiques pour la salle d’asile ? N’est-il pas bon de les faire bouger le plus possible ? Pour 120 petits enfants de 4 à 6 ans ; combien de lits ? où mettre les lits, dans préau ou salle ?
Ne serait-il pas bon de chauffer préau & salle ensemble en mettant le poêle dans la cloison ? Vaut-il mieux chauffer à la houille ou au bois ?
Pour les fenêtres de toutes les salles haut & bas. Comme elles descendent à 1 mètre du sol & ont 2 m de haut, faut-il les faire faire ouvrir entièrement ? ou seulement comme je crois, la ½ haut de la fenêtre ? les fenêtres ainsi ouvertes, les enfants ne sont pas autant dans les courants d’air.
Pour les écoles c’est le couvent qui fournit les livres, quels sont les meilleurs livres pour les écoles primaires filles ? acheter la collection ou nous les ferons venir. < > les livres d’ici insignifiants & peu faits pour < > trouveras encore beaucoup de questions à ajouter à celles que je fais en ce moment. Suivant, comme tu seras reçue, ne peux-tu pas demander la permission de lui écrire, si nous sommes encore embarrassés.
J’ai eu la visite de M. Berger qui en me portant un devis se montant à 30 mille F pour Morschwiller m’a invité à aller chez lui Dimanche prochain 16. Jour de régalade des pompiers. Ces Messieurs ont aussi reçu de nouveaux fusils, < > fusils qui ont été remplacés par les chassepots. Rudolph[3] a été à Belfort pour cet objet & il nous a apporté que tout y respire la guerre. l’on arme les forts etc. ce qui ne s’était jamais fait.
J’ai pas mal travaillé au laboratoire. Je tiens une idée, est-elle bonne ? Je vais la mettre à exécution demain. Nous saurons un peu quelque chose à ton retour. Il serait grand temps.
En fait d’idée, Mercredi à Mulhouse un ami m’a dit que les D. M. C.[4] ont déjà installé une pompe comme pour la lessive comme la mienne, venant d’ici cette fois, j’ai été vendu par Scheurer Oscar auquel j’en avais parlé. Le mal n’est pas grand.
Il paraît que l’on en est enchanté !
& moi je ne marche pas encore ! qu’avec mon essai ici !
Léon[5] me dit Mercredi que M. Duméril professeur[6] doit venir à Morschwiller Vendredi prochain pour y rester environ 15 jours. Son éditeur Roret[7] prend prend femme & lui profite de cette lune de miel pour prendre la clef des champs. Il me dit que ses parents[8] vont bien.
Je n’ai toujours pas bougé & ici mon oncle[9] que je n’ai pas vu voir m’écrit que Conraux qu’il a consulté lui conseille les bains de Hambourg. Il quittera probablement. Dimanche prochain il viendra peut-être un peu dans la journée, mais ne saurait faire la paie. M. Jaeglé la fera seul ou je l’aiderai ;
Vendredi 1 h. Pendant que M. Jaeglé fait la paie je tiens à finir ma lettre. Ce matin, j’étais chez l’oncle que j’ai trouvé levé avec le docteur Conraux. Il n’a pas bonne mine, il ne peut encore être question de s’en aller aux Eaux, depuis Lundi il n’a pas mangé & se trouve sans appétit, < > ce qui n’est pas ordinaire chez lui.
Je n’ai pas vu sa femme[10].
J’allais oublier de remercier ma petite founichon[11] chérie pour sa bonne & grande lettre. J’ai de même reçu ton petit mot qui me dit que vous êtes heureusement installées au Jardin ; comme Julien[12] est avec vous, je n’irai pas vous chercher à Paris.
Par contre pour profiter de ma liberté de demain 15 je me propose d’aller à Morschwiller[13] dès le matin 6 h & ne prendre mon bain que le soir. J’aurai double profit je laisse mes fonctions de maire ; je fais & vois ce que de besoin & je serai libre la semaine de votre arrivée. Mais tant que l’oncle sera absent je saurai difficilement m’absenter. Les petites Amies Berger[14] viennent de me faire demander votre adresse.
Nous avons eu hier un peu de pluie, mais surtout un vent d’une violence extrême. aussi a-t-on ramassé quelques grands paniers de fruits, surtout dans le potager.
Si cela t’intéresse M. & Mme Mairel[15] sont en Suisse pour 15 jours. Conraux partira la semaine prochaine.
Je t’embrasse de tout cœur ton ami
CM
Tu ne m’oublieras pas auprès de tes chers parents[16] & ton Julien.
Notes
- ↑ En-tête imprimé.
- ↑ Dornach, près de Mulhouse.
- ↑ Jean Simon Rudolph, lieutenant des pompiers de Vieux-Thann.
- ↑ D.M.C., filatures mulhousiennes.
- ↑ Léon Duméril.
- ↑ Auguste Duméril.
- ↑ Edme Roret, fils de Nicolas Edme.
- ↑ Les parents de Léon : Félicité et Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Georges Heuchel.
- ↑ Elisabeth Schirmer, épouse de Georges Heuchel.
- ↑ Emilie Mertzdorff.
- ↑ Julien Desnoyers.
- ↑ Voir les Duméril.
- ↑ Marie et Hélène Berger.
- ↑ Alphonse Eugène Mairel et son épouse Joséphine Müller.
- ↑ Jules Desnoyers et son épouse Jeanne Target.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 13 et vendredi 14 août 1868 (C). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_13_et_vendredi_14_ao%C3%BBt_1868_(C)&oldid=51787 (accédée le 15 novembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.