Jeudi 11 et vendredi 12 février 1875
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris le 11 Février 1875
Mon Père chéri,
Nous voilà donc ramenés au régime des lettres[1]. Comment vas-tu mon bon petit papa ? Je te dirai que j’attendais un peu une lettre de toi ce matin pour nous dire si tu toussais encore, j’espère bien que c’est bon signe. Nous[2], nous allons parfaitement tante[3] a fini un rhume quant à nous nous continuons comme nous étions lors de ton départ. Bonne-maman[4] ne va pas mal cependant hier elle était un peu fatiguée.
Tu dois savoir par Emilie[5] quel a été l’emploi de nos jours gras il me reste à te faire connaître ce que nous avons fait pendant nos jours maigres comme dit Marie Des Cloizeaux et cela n’a pas été bien remarquable.
Hier c’était le cours[6] comme tu le sais. J’ai bien su mes leçons mais je n’ai été que troisième en Grammaire parce que grâce à mon étourderie habituelle j’avais oublié la règle que je savais très bien pour ne mettre que les remarques !! Le grand succès a été < > j’ai l’honnêteté mon bon père de t’annoncer que tu as dans ta famille deux petites feuilles roses attestation de 2 dictées sans faute l’une appartenant à Emilie l’autre à Marie c’est gentil n’est-ce pas ? Mais il faut croire que ce n’était pas bien difficile car dans ma classe il y en a eu 10 et 7 chez Emilie.
<Outre> ce grand événement qui m’arrivait pour la première fois il n’y a rien eu d’extraordinaire et tout s’est bien passé.
Ce matin nous avons un peu travaillé puis j’ai eu Mlles Poggi[7] et Bosvy et maintenant nous attendons nos amies qui vont venir toutes pour la 1ère fois de l’année, cependant cette pauvre Marie Flandrin n’était pas bien sûre de pouvoir accompagner Paule[8]. Nous allons bien nous amuser comme tu le penses.
Mardi soir nous avons eu la famille plus Jeanne Brongniart et après le dîner sa mère[9] et Charles sont venus aussi. Nous avons alors joué des charades et cela nous a bien diverties. M. Camille nous a aidées et nous nous sommes un peu costumées. Ce soir nous dînerons chez Mme Pavet[10] au grandissime bonheur de Marthe[11], voilà deux jours que le petit André[12] est tout souffrant.
Tante a reçu ce matin une longue et < > lettre d’oncle[13] (c’est déjà la 3eme). Ces MM. ne reviendront que Dimanche parce qu’ils sont invités chez je ne sais plus quel prince. Oncle a l’air très content de son voyage et nous raconte avec détail toutes les cérémonies le roi et la reine[14] leur ont fait un accueil charmant et seulement oncle soupire après de l’eau et du pain car il paraît qu’à ces nombreux dîners les deux <choses> manquent totalement.
Tu dois savoir que nous avons été Lundi soir chez Mme Lafisse[15] et que nous nous y sommes énormément amusées...
Vendredi 12. Bonjour mon cher petit père, je t’ai abandonné subitement hier par l’arrivée de Marie Des Cloizeaux et il m’a été impossible d’achever cette lettre dans la soirée je te demande bien pardon et j’espère que tu ne t’inquièteras pas de ce retard dans la correspondance. Nous avons eu toutes nos amies mais malheureusement Marie Flandrin n’a pu se trouver avec Henriette[16] qui est partie de très bonne heure. C’était cependant bien gentil de la voir. Jeanne Brongniart a passé toute la journée avec nous et nous avons été ensemble reconduire Paule et Marie en passant par chez la femme Lelong ce qui est toujours bien amusant. Nous n’avons eu que le temps en rentrant de prendre notre ouvrage et de filer chez Mme Pavet où nous avons dîné avec Mme Dumas[17].
Ce matin il fait froid et depuis une heure il neige de sorte que le jardin commence à être tout blanc ; nous sommes dans ta chambre car on fait le ménage chez nous, que ce serait bon de t’avoir là auprès de nous mon cher petit papa il me semble qu’il y a un siècle que tu es parti et il y aura seulement demain huit jours. Je viens de faire mes devoirs d’allemand je sais complètement la pièce de vers que je devais te réciter pour ton nouvel an. Au revoir mon bien-aimé petit père écris-nous beaucoup je t’en supplie. Je pense t’ajouter encore un petit bonjour avant de faire partir cette lettre ; en attendant je t’embrasse bien bien fort.
Ta fille
Marie
J’embrasse mille fois bon-papa et bonne-maman[18].
Notes
- ↑ Charles Mertzdorff vient de rentrer à Vieux-Thann après un séjour de 6 semaines à Paris.
- ↑ Marie Mertzdorff et sa sœur Emilie.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Voir la lettre du 9 février d’Emilie Mertzdorff.
- ↑ Le cours des dames Charrier-Boblet.
- ↑ Mlle Poggi, professeur de piano.
- ↑ Paule Arnould.
- ↑ Catherine Simonis, épouse d’Edouard Brongniart et mère de Jeanne et Charles Brongniart.
- ↑ Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ André Pavet de Courteille, 5 ans.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards, en voyage scientifique aux Pays-Bas.
- ↑ Probablement Guillaume III roi des Pays-Bas (1817-1890) et son épouse Sophie de Wurtemberg (1818-1877).
- ↑ Constance Prévost, épouse Claude Louis Lafisse.
- ↑ Henriette Baudrillart.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse de Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Jeudi 11 et vendredi 12 février 1875. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_11_et_vendredi_12_f%C3%A9vrier_1875&oldid=42458 (accédée le 15 novembre 2024).
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