Dimanche 2 février 1806

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à ses parents François Jean Charles Duméril et Rosalie Duval (Amiens)

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N°162

Mes chers parents,

Je suis enfin décidé à me marier et je crois avoir trouvé la femme qui me convient[1] ainsi qu'à vous. malheureusement elle n'a point de fortune, elle n'a que de légères espérances. Sa famille est Honnête et alliée à celle des Delessert. M. Debray Chamont[2] d'Amiens est un des cousins. Reine[3] connaît un peu cette Dame qui est une jeune veuve dont le mari est mort en Egypte[4]. Je l'ai vue beaucoup chez Madame De candolle[5] dont elle est l'amie intime. Je ne parle pas de ses qualités : comme j'en suis épris vous croiriez que je les exagère. J'espère lorsque vous la connaîtrez que vous ne blâmerez pas mon choix. je désire cependant avoir votre consentement avant d'aller plus loin. j'espère que vous consentirez à cette union qui est autant un mariage de raison que d'amour. Le père (M. Delaroche[6]) qui est Genevois était avant la Révolution médecin du Régiment Suisse. il a émigré avec toute sa famille en Angleterre. Depuis dix ans qu'il est de retour à Paris, il y exerce la médecine avec la plus grande Distinction. Il est médecin en chef de l'hôpital Saint-Martin et l'un des premiers auteurs de l'encyclopédie de Panckoucke. Son fils aîné[7] est associé de la maison Delessert et chef de deux maisons de commerce à Nantes et au Havre. Il a épousé une Demoiselle Delessert de Genève[8], cousine germaine des banquiers associés de Paris dont M. Delaroche est l'ami très intime.

La dame que je recherche avait épousé M. Horace Say, Capitaine de génie qui est mort après avoir demeuré seulement quinze jours avec sa femme. Un frère plus jeune et le dernier vient d'être reçu Docteur ces jours derniers à notre école et il est très distingué[9]. Il n'y a pas du tout de fortune pour le moment dans cette maison. mais il y a de belles espérances à cause de deux oncles[10] sans enfants qui demeurent à Genève et dont on est seuls héritiers. Voilà tout ce que je puis vous dire, je ne vous parle pas de mon amitié pour Madame Say, si je disais tout ce que j'en pense, vous croiriez que j'exagère. Je vous embrasse bien tendrement.

Votre fils C. Duméril

2 février 1806.


Notes

  1. Il s’agit d’Alphonsine Delaroche.
  2. André Marie Constant Duméril désigne la famille de Joseph François de Bray (1749-1792), négociant à Amiens, député à la Législative, qui a épousé, en 1777, Jeanne Chamont, décédée en 1782 à l’âge de 26 ans. Ils ont deux enfants : François Eugène de Bray (1779-1853) et Antoine François (né en 1782). Les de Bray et Alphonsine Delaroche sont cousins éloignés par un ancêtre commun Abraham Rat (1622-1702).
  3. Reine Duméril, sœur d’André Marie Constant.
  4. Jean Honoré dit Horace Say (1771-1799).
  5. Anne Françoise Torras épouse d’Augustin Pyramus de Candolle.
  6. Daniel Delaroche.
  7. Michel Delaroche, négociant, est associé à Auguste et Armand Delessert, fils de Paul Benjamin.
  8. Cécile Delessert est cousine germaine des frères Delessert, banquiers, fils d’Etienne Adolphe.
  9. Etienne François Delaroche.
  10. L’un des deux oncles est probablement Alphonse, frère de Daniel Delaroche, qui est négociant en drap.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 136-137)

Annexe

A Monsieur

Monsieur Duméril père

petite rue Saint Rémy n°4

à Amiens

Pour citer cette page

« Dimanche 2 février 1806. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à ses parents François Jean Charles Duméril et Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_2_f%C3%A9vrier_1806&oldid=39459 (accédée le 7 décembre 2024).

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