Dimanche 26 juillet 1903
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne)
Douai, 26 Juillet.
Ma chère Marie,
Nous avons vu hier dans le journal une nomination d’avocat général à la Cour des Comptes qui n’est pas celle que nous attendions[1]. Faut-il vous envoyer des condoléances ou des félicitations ? les unes et les autres, je pense. Si nous étions, d’une part, très flattés, dans notre amour-propre fraternel de voir ton mari[2] être l’objet d’un choix qui ne s’adressait bien certainement qu’à sa valeur personnelle, nous pensons, d’autre part, que bien des ennuis lui seront épargnés en ne recevant pas cette charge et c’est alors notre affection qui s’en réjouit. Je suppose que votre état d’âme est voisin du nôtre et que c’est bien vos sentiments intimes que nous partageons.
Nos dernières lettres se sont croisées. Il me semble lire entre les lignes de la tienne que tes rangements et préparatifs de départ t'ont paru plus fatigants et ennuyeux encore que d’habitude, peut-être l’absence de la grande fille[3] qui mettait tant d’entrain dans le départ pour Livet y entre-t-elle pour une part plus grande que la chaleur et ta fatigue personnelle. Je comprends que ces préparatifs pour t’en aller loin d’elle t’aient semblé peu réjouissants et j’ai bien pensé à toi tout ce temps ma bonne chérie. Tu vas avoir tant de peine à réunir tout ton monde maintenant ! je profite de cet exemple pour jouir encore plus d’avoir tous mes enfants[4] pendant les vacances, mon tour viendra aussi, plus tôt que je ne voudrais de les voir dispersés !
Je crains bien, d’après ce que tu me dis, de ne pas trouver Jeanne si je vais à Paris Samedi avec Damas[5] ; j lui écrirai pour m’en assurer. Nous ne partirons pour Brunehautpré que le 4 et Jacques nous y rejoindra le 5. Damas n’y viendra pas avant le 15. Je crois qu’André[6] a le projet d’aller d’abord en Suisse puis à Rimbert[7] et chez nous ensuite.
Tu es bien gentille de penser à notre voyage à Livet, il n’est pas encore fait ! ce serait pourtant bien tentant !
Françoise[8] ira passer tout le mois d’Août dans son pays. J’aurai en revanche deux institutrices car Mlle Krieger viendra nous faire une visite le mois prochain et Mlle Körösi nous arrive ici dès Mercredi.
Adieu ma petite Mie chérie, je t’embrasse de tout mon cœur et t’envoie toutes les amitiés du ménage à partager avec ton mari.
Émilie
Notes
- ↑ Marie Ludovic Franck Perrin (1844-1918), conseiller référendaire de 1re classe à la Cour des comptes est nommé avocat général près la même cour.
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Jeanne de Fréville, fille aînée de Marie Mertzdorff-de Fréville, vient d'épouser René du Cauzé de Nazelle.
- ↑ Jacques, Lucie, Madeleine, Michel, Pierre et Louis Froissart.
- ↑ Damas Froissart.
- ↑ André Duméril.
- ↑ Rimbert, commune d'Auchel (Pas de Calais), où vit la sœur d'André, Hélène Duméril, épouse de Guy de Place.
- ↑ Françoise Maurise Giroud, veuve de Jean Marie Cottard, est née à Cruet en Savoie..
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Dimanche 26 juillet 1903. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_26_juillet_1903&oldid=56656 (accédée le 11 novembre 2024).
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