Mercredi 22 juillet 1903 (B)
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne)
Douai, 22 Juillet
Ma chère Marie,
J’ai été très paresseuse à ton égard depuis quelques jours, mais cela ne m’a pas empêchée de penser beaucoup à toi et de te suivre dans tous tes mouvements. Je t’ai vue partir Samedi, t’installer à Livet ; tu trouves sans doute la campagne bien jolie mais Livet un peu vide sans tes deux grands[1]. Je me demande même si Charles[2] est parti avec toi, je ne me rappelle plus qu’il devait tout de suite faire son voyage à Saint-Gervais, ou seulement en Août. Tu as dû être contente de retrouver ta petite Françoise[3].
J’ai respiré l’air de la campagne en même temps que toi Dimanche, car j’ai été faire une petite visite à ma belle-mère[4]. Je l’ai trouvée un peu fatiguée, marchant, il me semble, un peu plus difficilement encore, ayant moins d’entrain qu’à la Pentecôte ; peut-être n’était-ce qu’une petite fatigue passagère due à la chaleur.
Hier nous avons eu pendant 3 heures la visite de Mme Festugière[5] qui se rendait à Bruxelles pour la première communion du petit Buffet[6]. Elle m’a beaucoup parlé de toi, du rôle si heureux que tu as joué dans le mariage Gosset-Saint-Marc Girardin[7] dont elle est ravie.
Nous avions l’intention d’aller aujourd’hui à Paris, mais Damas[8] ne peut s’absenter et ne le pourra pas maintenant avant le 1er Août ; je pense qu’il trouvera encore les professeurs de Jacques[9] à cette date reculée. Je ne sais si je pourrai l’accompagner car je pense partir le 3 ou 4 pour Brunehautpré et Françoise[10] partira le 1er pour aller passer tout le mois d’Août en Savoie.
Notre pauvre petit Moscou est très malade d’une pneumonie, il est à l’infirmerie du régiment ; hier on le considérait comme perdu ce matin le vétérinaire reprend un peu d’espoir. Ce serait une très grosse perte pour les jeunes cavaliers, et l’amazone pour lesquels il était une monture idéale particulièrement douce et sûre. Nous allons probablement chercher à louer un cheval pour Jacques, j’aimerais lui voir prendre beaucoup d’exercice pendant ses vacances, je l’ai trouvé un peu voûté et pas grandi du tout.
Adieu ma chérie, je t’embrasse bien tendrement ainsi que tes chères filles[11]. Quelles nouvelles as-tu de la grande[12] ? la verras-tu bientôt ? je me faisais une fête d’aller lui faire une visite chez elle demain !
Nous avons eu hier à déjeuner le Commandant de Touchet[13] du 21e Dragons de Saint-Omer qui venait à Douai pour son service et que nous ne connaissions nullement, mais personne ne l’invitait et Damas a trouvé que c’était de mauvaise camaraderie de le laisser tout seul, alors il l’a amené à déjeuner ici, peut-être le reverrons-nous à Brunehautpré car il vient manœuvrer à Campagne au commencement d’Août. Encore une fois adieu ma chérie.
Émilie
La lettre de M Th.[14] arrive, merci au nom de mes filles[15].
Notes
- ↑ Jeanne de Fréville mariée le 14 mai à René du Cauzé de Nazelle et Robert de Fréville, conscrit.
- ↑ Charles de Fréville.
- ↑ Françoise de Fréville.
- ↑ Aurélie Parenty, veuve de Joseph Damas Froissart.
- ↑ Cécile Target, veuve de Georges Jean Festugière.
- ↑ Louis Buffet.
- ↑ André Gosset épouse Amélie Saint-Marc Girardin en novembre 1903.
- ↑ Damas Froissart.
- ↑ Jacques Froissart.
- ↑ Françoise Maurise Giroud, veuve de Jean Marie Cottard.
- ↑ Marie Thérèse et Françoise de Fréville.
- ↑ Jeanne de Fréville-du Cauzé de Nazelle.
- ↑ Le commandant Gabriel de Touchet.
- ↑ Marie Thérèse de Fréville.
- ↑ Lucie et Madeleine Froissart.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Mercredi 22 juillet 1903 (B). Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_22_juillet_1903_(B)&oldid=56411 (accédée le 18 décembre 2024).
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