Dimanche 22 et mercredi 25 mars 1874

De Une correspondance familiale

Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)

original de la lettre 1874-03-22 pages 1-4.jpg original de la lettre 1874-03-21 pages 2-3.jpg


Morschwiller 22 Mars 1874.[1]

Mille remerciements, ma bien chère Aglaé, pour ta bonne lettre que j’ai lue et relue, et chaque fois avec un nouveau plaisir. Tu es bien la troisième jeune mère de nos chères petites[2], c’est bien ainsi que tu leur apparais à toutes deux. Que de fois elles ont demandé à notre chère Eugénie[3] : que faisais-tu avec maman[4] ? que disiez-vous ? qu’est-ce qui vous amusait le plus ? et à présent, moi de mon côté, je vois en pensée les trois tendres amies dans cette petite chambre de ma chère Caroline, c’est là que pendant plusieurs années étaient réunies les trois jeunes personnes[5] si bien douées qui devaient, d’après les décrets de Dieu, devenir l’une après l’autre la mère des êtres chéris qui se développent sous tes yeux de la manière la plus satisfaisante. Embrasse-les bien pour moi ces chéries pour lesquelles je ne cesse de prier Dieu. J’ai reçu ce mois-ci une lettre de ta bonne mère[6], lettre respirant en tout ces sentiments chrétiens qui éloignent le murmure et font prendre des forces en vue des obligations qu’on a à remplir sur la terre. A ce moment ton bon père[7] allait bien, nous sommes tristes à présent de le savoir atteint par une sciatique, cela n’est pas dangereux mais fait bien souffrir.

En l’absence de Charles[8] nous avons le plaisir de voir arriver ici le Samedi notre bon neveu Georges[9], il passe avec nous la journée du Dimanche et retourne à Vieux-Thann le Lundi matin, peu à peu il se fera à ses nouvelles occupations et j’espère que dans quelques mois il pourra se rendre bien utile. Les nouvelles de Besançon sont bien satisfaisantes, Adèle[10] comme toujours consacre tous ses moments à ses enfants[11] qui vont fort bien, la nourrice de la petite Louise vient de partir, et ma sœur[12] a pu trouver une brave femme de ménage qui vient dans la journée aider les deux bonnes. Dans ces derniers temps ma sœur a écrit bien des lettres adressées aux personnes de sa connaissance afin de procurer des chalands au magasin d’épicerie d’Emilie Sergent aujourd’hui madame Marly. Ce ménage intéressant mérite bien de prospérer, malheureusement les affaires sont difficiles quand on n’a pas un certain appui, ma sœur pleine de dévouement, n’a rien négligé pour être utile à Emilie à laquelle notre bon curé de Saint-Médard qui la connaît d’ancienne date, porte une tendre amitié.

(Du 25) Léon[13] est allé hier à Lutterbach à la rencontre de notre cher Charles qu’il a trouvé et avec lequel il a fait route jusqu’à Vieux-Thann. Tu comprends que dès le retour de Léon ici, mille questions lui ont été adressées. Nous avons appris avec peine que ton bon père souffre toujours de la sciatique et que ta bonne mère est reprise de nouveau par des clous. Embrasse bien pour moi nos chers amis, dis-leur que j’aime à penser que le retour de la belle saison leur sera favorable à tous deux. J’ai été atteinte ces jours-ci d’une douleur de rhumatisme assez forte qui s’est passée quand le temps est devenu meilleur.

Adieu ma chère et bonne Aglaé, adieu mes petites chéries, je vous embrasse bien fort toutes les trois. Souvenirs affectueux à M. Alphonse[14] et à Mesdames Dumas[15] et Pavet[16]

Félicité Duméril

C’est demain que nous faisons une lessive et je crois que le temps nous sera favorable. Inutile de dire combien je m’associe par la pensée à tout ce que vous faites.

Nous avons de fort bonnes nouvelles de ma nièce Clotilde. La mère[17] et la petite fille[18] vont fort bien.


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Marie et Emilie Mertzdorff.
  3. Eugénie Desnoyers (†), sœur d’Aglaé, seconde épouse de Charles Mertzdorff.
  4. Caroline Duméril (†), première épouse de Charles Mertzdorff et mère de Marie et Emilie.
  5. Caroline Duméril (†), Eugénie (†) et Aglaé Desnoyers.
  6. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  7. Jules Desnoyers.
  8. Charles Mertzdorff, en voyage à Paris.
  9. Georges Duméril.
  10. Adèle Duméril, épouse de Félix Soleil.
  11. Marie, Léon, Pierre et Louise Soleil.
  12. Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
  13. Léon Duméril, fils de Félicité.
  14. Alphonse Milne-Edwards.
  15. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  16. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  17. Clotilde Duméril, épouse de Charles Courtin de Torsay.
  18. Caroline Courtin de Torsay.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 22 et mercredi 25 mars 1874. Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_22_et_mercredi_25_mars_1874&oldid=52394 (accédée le 18 décembre 2024).

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