Dimanche 27 juillet 1873

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Paris) à sa belle-mère Félicité Duméril (Morschwiller)

original de la lettre 1873-07-27 pages 1-4.jpg original de la lettre 1873-07-27 pages 2-3.jpg


Cours d'Emulation de Mmes Charrier Boblet.

Emilie Mertzdorff.

Cours Style du 16 Juillet 1873.[1]


Sujet. Epanchement avec Dieu d'une mère auprès de son Enfant malade


Mon Dieu, seule auprès du lit de mon enfant chéri, je me prosterne à vos pieds & j'ose implorer votre miséricorde ; écoutez les cris d'un enfant innocent, excusez les prières d'une mère qui souffre.

Votre bonté s'étend à tout & à tous ; vous connaissez toutes vos créatures car elle sont l'ouvrage de vos mains ; je le sais, vous les aimez ! Seigneur, ayez pitié de moi : ayez pitié de mon enfant !

Lorsque vous avez vu la douleur de la veuve de Naïm[2], vous avez eu compassion de ses pleurs & vous avez rendu la vie à son fils !

Ma douleur n'égale-t-elle pas la sienne mon Dieu ? Aucun remède ne pourra sauver mon fils, mais je crois en vous & je vous aime de tout mon cœur ; la prière n'est-elle pas le plus grand & le plus efficace de tous les remèdes ? Vous seul, Seigneur, vous pouvez rendre la vie à mon enfant & vous ne resterez pas sourd aux cris d'une mère !

Mon Dieu sauvez mon enfant !

Néanmoins que votre volonté s'accomplisse, mais qu'ayant pitié de moi, vous me laissiez mon enfant !

Non, mon Dieu vous ne retirerez pas à une mère sa seule consolation

Seigneur j'espère en votre bonté !


fait au cours en 20 minutes

1ère sur 2 élèves de la supérieure, toute la première & toute la seconde classe.

Dimanche soir 27 Juillet 73

Ce que vous venez de lire chère Maman est un style de la petite Founichon[3] qui, à la réunion de toutes les classes c'est-à-dire des filles de 17 ans jusqu'a 12 ans, a eu le plaisir d'être première & il va figurer sur le livre d'honneur de Mme Charrier[4].

Si ce succès a fait plaisir à la petite, il en a fait plus à Marie[5] & tante, oncle[6], père[7] en jouissent de même. Pour que vous ne soyez pas privée de ce plaisir j'ai cru bien faire à vous l'envoyer.

Mais je puis vous assurer, que l'on n'en tire pas vanité & Emilie prétend que ce n'est que le hasard seul qui l'a favorisée.

Mercredi prochain est le dernier cours, les enfants ont encore la semaine bien chargée, mais c'est la fin & l'on n'en est pas fâché.

Aujourd'hui Dimanche l'on range & prépare déjà pour le séjour de la mer. C'est Jeudi soir 31 que nous quittons & serons à Portrieux vers 11 h du matin.

Depuis 3 jours je descends, & même me promène un peu au Jardin, mais mon pied est toujours un peu enflé j'ai dû me faire faire des chaussures exprès & ne puis marcher sans boiter un peu. Mais restant tranquille je ne souffre plus. Quant aux Enfants elles vont tout à fait bien.

J'ai eu le plaisir de voir hier M. Félix Soleil qui est pour 8 jours à Paris, il paraît tout à fait content de son séjour à Besançon & m'a donné de bonnes nouvelles de tous. Il a trouvé M. Auguste[8] ici avec bonne mine. Il n'est resté qu'un moment & n'a pas eu le plaisir de voir les Enfants qui étaient sortis avec leur tante.

J'ignore si les Paul sont rentrés à Mulhouse, il n'est pas probable qu'ils aient trouvé ce qu'ils cherchaient.

Alphonse[9] ne peut quitter que le 8 ce qui est contrariant car il est fatigué & a bien besoin de repos. J'oubliais de vous remercier de votre bonne lettre & vous Embrasse de tout cœur.

Toutes mes affections à Père[10] & Léon[11] tout à vous  Charles Mff.

adresse à Portrieux près St Brieuc (Côtes du Nord) maison Veuve Lelong


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. De passage dans la ville de Naïm en Galilée Jésus aurait ressuscité le fils unique d'une veuve éplorée et sans ressource.
  3. Founichon, Emilie Mertzdorff.
  4. Caroline Boblet, veuve d’Edouard Charrier.
  5. Marie Mertzdorff.
  6. Aglaé Desnoyers et son époux Alphonse Milne-Edwards.
  7. Charles Mertzdorff lui-même.
  8. Charles Auguste Duméril, frère de Félicité.
  9. Alphonse Milne-Edwards.
  10. Louis Daniel Constant Duméril.
  11. Léon Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 27 juillet 1873. Lettre de Charles Mertzdorff (Paris) à sa belle-mère Félicité Duméril (Morschwiller) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_27_juillet_1873&oldid=39580 (accédée le 24 avril 2024).

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